VIDEO. Haute-Savoie : Théo Curin, nageur amputé des 4 membres, prépare la traversée du lac Titicaca au lac d'Annecy

Ils sont trois à se lancer dans l'aventure. Théo Curin et Malia Metella, deux champions de natation, suivis de Matthieu Witvoet un éco-aventurier. Ils se préparent pour une traversée du célèbre lac Titicaca au Pérou. Un défi prévu en novembre 2021. En attendant, ils s'entraînent à Annecy.

Jeudi 15 avril 2021, il est presque midi. Courte pause déjeuner entre deux entraînements. Je profite de ce moment de repos pour joindre les trois comparses au téléphone.

Théo Curin me répond le premier. Il aura 21 ans dans quelques jours et c’est lui, nageur handisport multi-médaillé, qui est à l’initiative du défi Titicaca.

Pour l’accompagner selon ses souhaits, une femme Malia Metella, vice-championne olympique de natation croisée jadis aux bords des bassins et un homme. Le hasard mettra Matthieu Witvoet sur son chemin. Cet éco-aventurier rencontré en 2019 à l’occasion d’un TEDx -mini conférence de 10 minutes en ligne- consacré à l’environnement.

 

Pourquoi ce défi ?

Théo Curin, nageur paralympique amputé des quatre membres, en avait assez des inégalités de classification lors des compétitions. « Je nageais contre des mecs qui avaient leurs deux bras donc ils étaient avantagés par rapport à moi. Je me suis dit, je vais faire une petite pause et me lancer mon propre défi. Ça a commencé comme ça. C’était au début du premier confinement en avril dernier »;

Le lac Titicaca au Pérou, il y pensait depuis longtemps. Il voulait faire quelque chose de différent. Du jamais vu. 

Une traversée de 122 km à la nage dans un lac perché à 3800 m, c’est une grande première.

 

L’arrivée de Malia et Matthieu dans le projet

Malia Metella, 39 ans, s’est retirée des bassins en 2009 après quinze ans de natation à haut niveau. Elle était spécialiste des épreuves de sprint en nage libre et papillon. Elle a contribué à l’essor de la natation tricolore. 

La championne est aujourd’hui salariée dans la filière Sport d’un grand groupe d’assurances et il n’a pas fallu longtemps pour la convaincre de s’associer au projet. « Théo et Anne Bayard –son agente et cheffe de projet- m’ont appelé pour savoir si j’étais encore en forme physiquement… Oui mais je ne nage plus, ai-je répondu. Ils m’ont demandé si ça me disait de nager longtemps. J’ai dit 1h, 2h ?... Non, 122km. J’ai d’abord rigolé mais après explications, j’ai dit banco dans l’heure qui a suivi ! » se souvient Malia.

Malia n’a eu qu’une seule exigence. Embarquer dans ce challenge son ancien coach Stéphane Lecat. On peut dire qu'elle n'a pas vraiment laissé le choix à ce spécialiste de nage en eau vive.

Pour Matthieu Witvoet 27 ans, la rencontre a été un pur hasard. Après des études de commerce en Angleterre, il part pour un tour du monde à vélo de 18 000 km avec pout thème les déchets plastiques. II collabore avec le ministère de la transition écologique, fait du conseil auprès de grands groupes et multiplie les défis écolos personnels.  

Après avoir invité Théo dans une conférence sur l’écologie, il lui fait part de son prochain projet de natation - descendre la Seine à la nage pour retracer le parcours d’un mégot-. « Théo me dit, mais tu as cette fibre écolo ancrée et tu es nageur. Voudrais-tu rejoindre le projet Titicaca ? C’était l’été dernier et voilà », explique Matthieu. 

 

Entrainement dans les Pyrénées et les Alpes

Théo, Malia et Matthieu s’entraînent depuis six mois. Ils ont chacun leur vie quotidienne à gérer mais ils ont planifié de se retrouver tous les quinze jours sur le terrain. 

Ils sont allés à Font-Romeu-Odeillo-Via (Pyrénées-Orientales) pour travailler en chambre hypoxique. Là, il était question de gérer l’oxygène en altitude.

Pour le froid, ils ont misé sur les Alpes. D’abord Tignes, en Savoie, et maintenant la Haute-Savoie avec Annecy. « On est à la recherche de conditions les plus similaires à celles qu’on aura au Pérou. Du froid, de l’eau froide et de grands espaces. La région et le lac d’Annecy regroupent tous ces facteurs. L’eau est à 8°, c’est même plus froid que ce que l’on aura au lac Titicaca », précise Théo. 

 

L’embarcation

A travers le téléphone, je devine une certaine agitation. L’équipe m’explique qu’elle est en train d’amarrer l’embarcation au ponton du club d’aviron d’Annecy. 

La coque en question sert de test grandeur nature au type de radeau qu’ils auront lors de leur grande aventure péruvienne. Ils nageront en autonomie et devront tracter leur « maison » pour se nourrir ou se reposer.

Le trio sera équipé d’une ceinture de tractage ainsi que de palmes pour Malia et Matthieu et de plaquettes de nage pour Théo. Une véritable performance physique au cours de laquelle ils devront faire preuve de maîtrise et de cohésion.

 

La solidarité annécienne

Pour les trois sportifs, ce projet est d'ores et déjà une belle aventure humaine. A Annecy ils sont particulièrement touchés par l’engagement des locaux.

C’est tout naturellement que la base nautique leur a proposé le prêt de bateaux pour assurer leur sécurité.

La trésorière du club d’aviron a passé près d’une journée à recoudre leur tente endommagée et l’hôtel Beauregard met au chaud le staff gracieusement. « Ces gens, on ne les connaît pas et pourtant ils sont hyper investis sur le projet, c’est vraiment génial », souligne Théo.

 

Le message au-delà du défi sportif

Les 3 nageurs souhaitent également faire de cette expédition une éco aventure responsable et engagée.

Matthieu, le spécialiste s'explique : « On est en train de réaliser un bilan carbone de toute l’aventure afin d’optimiser nos choix. Le radeau sera éco-conçu avec des matériaux de récup’. On va étudier nos transports. Ce que l’on ne pourra pas réduire, on va le compenser. Idem pour la partie déchets. On fait des essais avec un chef cuisinier et une nutritionniste sur la nourriture lyophilisée en vrac et on va aussi filtrer notre eau. C’est important que ce soit un projet global qui se structure autour de la charte éco-responsable du ministère de la transition écologique».

La réalité aujourd'hui, c'est que le lac Titicaca est très pollué. Il existe pourtant des solutions sur place et leur idée c'est aussi de soutenir les initiatives locales par des expertises et des financements. Pour arriver à boucler ce projet et relayer le message, ils ont ouvert une cagnotte en ligne.    

 

L’élan au Pérou

Là-bas, la population les attend avec impatience. « En Bolivie, au Pérou ils ont vraiment hâte de nous accueillir et de nous suivre. Il n’y a pas que nous qui sommes en préparation ici », conclue Malia.

 

Novembre 2021

Tous espèrent que les choses seront rentrées dans l’ordre d’ici le grand jour et que la crise sanitaire sera derrière nous.

Si tout va bien, l’équipe se rendra au Pérou en novembre prochain. Malia,Théo, Matthieu et leur staff seront sur place une semaine avant d’entamer leur grande traversée.

Ce sera la dernière ligne droite pour s'acclimater. Ils seront fin prêts et gonflés à bloc.

 

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