Près de quatre ans après l'assassinat d'un agriculteur près d'Annecy, un jeune homme de 22 ans est renvoyé devant la cour d'assises de la Haute-Savoie à partir de ce lundi. Ancien apprenti agricole sur l'exploitation de la victime, il est aussi l'ex-petit ami de sa fille.
Maïté est en train de s'occuper des bêtes de l'exploitation familiale, ce 23 janvier 2021, lorsqu'elle entend deux détonations. Il est près de 22 heures. Elle se précipite dans le garage où elle découvre son père, André Chiariglione, étendu au sol après avoir reçu deux balles.
À côté du corps, elle distingue la silhouette de son ex-petit ami dont elle venait de se séparer, Maxime G., qui s'empare d'une hache et tente de s'en prendre une nouvelle fois à la victime. Maïté s'interpose et reçoit plusieurs coups.
La jeune femme s'échappe alors en direction de la maison, poursuivie par l'agresseur, et retrouve sa mère à l'étage, blessée à la tête. Maxime G. détruit leur téléphone avant de retourner en direction du garage. Maïté parvient malgré tout à alerter les gendarmes qui arrivent sur place au milieu de la nuit.
Rapidement interpellé, Maxime G. explique aux militaires qu'il s'est rendu dans cette ferme du hameau de Ferrières, sur les hauteurs d'Annecy, pour "sauver les filles". Il a tout juste 18 ans. Le jeune homme est renvoyé à partir de ce lundi 7 octobre devant la cour d'assises de la Haute-Savoie pour l'assassinat de l'agriculteur et des faits de violences volontaires avec arme sur son ex-petite amie Maïté et la mère de cette dernière, Mireille.
Descente aux enfers
En cette fin d'année 2020, un mois avant les faits, Maxime G. avait rompu son contrat d'apprentissage dans la ferme des Chiariglione à la suite de tensions avec le père qui l'estimait peu impliqué. Dans le même temps, Maïté avait mis fin à leur relation, jugée toxique. Auprès des enquêteurs, elle évoque des relations sexuelles non consenties.
"Maïté a une peur absolue qu'il revienne sur l'exploitation, elle a peur que le père (de l'accusé) revienne sur l'exploitation", décrit l'avocat de la jeune femme, Me Jean-François Jullien, estimant que Maxime G. blâmait le père pour sa rupture avec sa petite amie. Le début d'une brutale descente aux enfers.
Il envoie un message à Maïté en menaçant de tuer son père. C'est ce qu'il fait quelques jours plus tard.
Me Jean-François Jullien, avocat de Maïté Chiariglione
"Deux jours avant les faits, il revient sur l'exploitation et il y a une altercation avec André Chiariglione. Ils en sont venus aux mains et c'est Maïté qui les sépare. À la suite de cela, il envoie un message à Maïté en menaçant de tuer son père. C'est ce qu'il fait quelques jours plus tard", retrace Me Jullien.
Ce message envoyé par Maxime G. est l'une des pièces à charge de l'instruction permettant de retenir la préméditation. "Je m'apprête à faire une grosse conneries (sic) avec la haine de lui alors si vraiment tu tien a nous deux et tu veux éviter sa vien me raisonner répond moi après je reviens armée et je le descend", écrivait le jeune homme.
Passé troublant
Cette double rupture sentimentale et professionnelle a-t-elle déclenché le passage à l'acte ? Maxime G. s'en est trouvé très perturbé dans les jours précédant les faits, selon son entourage, se sentant trahi par le père et bafoué par la fille. Le soir des faits, il est arrivé sur l'exploitation avec l'une de ses armes.
"Ce n'est pas un drame exclusivement lié à une déception amoureuse", déclare l'avocat de Maxime G., Me Georges Rimondi. "Il était aussi ouvrier agricole stagiaire au sein de cette exploitation et les choses se passaient mal. Il n'arrivait pas à obtenir d'être payé, déclaré. Il travaillait énormément et en contrepartie, il était extrêmement mal traité, traité de fainéant, de bon à rien."
L'audience qui va s'ouvrir devant la cour d'assises de la Haute-Savoie fera une large place au passé troublant du jeune homme, témoin à seulement 8 ans du meurtre de son grand-père maternel par son père, dans des circonstances similaires. Un drame qui a pu jouer un rôle dans son passage à l'acte, selon son conseil. Le jeune homme s'est dit convaincu que l'agriculteur violentait sa femme et sa fille, ce que celles-ci contestent.
"Sa vie a été extrêmement perturbée. Il avait le sentiment qu'il allait peut-être commencer à voir le bout du tunnel. Cette histoire a été une descente aux enfers parce qu'il y a eu la mauvaise compréhension de la relation sur le plan amoureux et sur le plan professionnel", complète Me Rimondi.
À ce jour, Maïté a repris la ferme familiale. L'accusé, âgé de 22 ans, espère lui "pouvoir être entendu" au cours de cette audience, près de quatre ans après les faits. Il assure avoir tiré sur André Chiariglione alors que ce dernier le menaçait. Jugé pour assassinat, Maxime G. encourt la réclusion criminelle à perpétuité.