"Il y a une souffrance au quotidien" : le ras-le-bol des habitants de la vieille ville d'Annecy face au "surtourisme"

Des habitants de la vieille ville d'Annecy se sont regroupés au sein d'un collectif afin d'alerter la municipalité sur les nuisances liées au tourisme. Certains craignent de voir l'âme de leur quartier disparaître face à ce phénomène croissant.

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"Là, c'est un Airbnb. Ici aussi." En descendant sa rue, Marie-Thérèse Reiss égrène les noms de ses anciens voisins dont l'appartement a été mis en vente. Autant de logements désormais dédiés à la location saisonnière, au cœur de la vieille ville d'Annecy. "Je suis entourée de Airbnb", résume-t-elle.

Saison après saison, le phénomène prend de l'ampleur dans la Venise des Alpes, prisée par les vacanciers pour son image de carte postale. Les annonces de meublés de tourisme présentes sur les plateformes ont augmenté de près de 30 % en deux ans.

"Il y a une souffrance au quotidien", assure Virginie Parat, membre comme Marie-Thérèse de l'Association des résidents de la vieille ville d'Annecy. Un collectif qui s'est formé pour interpeller la municipalité sur les nuisances liées au tourisme.

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Meublés de tourisme : le ras-le-bol des habitants de la vieille ville d'Annecy ©France Télévisions

Nuisances et tensions

"Je parle de mal-être, de souffrance ajoutée aux contraintes de mauvais sommeil, de bruit. Il y a le sentiment de ne pas être reconnu par les touristes, par les meublés touristiques, sur le fait qu'on existe. On est là et il faut faire attention à notre quotidien", insiste Virginie, épuisée, qui qualifie le phénomène de "surtourisme".

Au beau milieu de l'été, les rues étroites de la vieille ville ne désemplissent pas. Le bruit des valises roulant sur les pavés se fait entendre jusqu'en pleine nuit. Les boites à clefs se multiplient dans les boîtes aux lettres, sur les murs des immeubles. Et les commerces se transforment. "Ici, c'était une petite épicerie russe qui est devenue une consigne à bagages", désigne Marie-Thérèse Reiss.

Cette surchauffe devient source de tensions. Les slogans désagréables fleurissent dans les impasses et les ruelles. "Des logements pour les infirmières pas pour les touristes", "Go home [Rentrez chez vous, NDLR]", lit-on sur des affiches placardées çà et là.

Quotas suspendus par la justice

L'agglomération du Grand Annecy a tenté d'encadrer les locations de courte durée en votant l'instauration de quotas afin de "retrouver un équilibre" entre les visiteurs et les personnes qui vivent et travaillent à Annecy. Mais un jugement du tribunal administratif de Grenoble a suspendu ce règlement dans l'attente d'une décision sur le fond, qui n'interviendra pas avant 6 mois.

"Je demanderai au Grand Annecy (...) de travailler sur de nouvelles mesures pour enrayer la disneylandisation de la ville d’Annecy", a déclaré le maire écologiste d'Annecy, François Astorg, dans un communiqué.

Il y a péril sur la ville.

Marie-Thérèse Reiss, habitante de la vieille ville d'Annecy

à France 3 Alpes

Virginie et Marie-Thérèse, elles, craignent de voir l'âme de leur quartier disparaître. "Je demande aux touristes de penser à la vie des habitants. C'est indispensable, plaide Virginie. Sinon, la vieille ville va se vider et on ne veut pas de ça. On veut garder cette âme propre à la vieille ville d'Annecy qui est en train de se perdre".

Ces deux amoureuses du patrimoine s'engagent au sein de leur collectif dans l'espoir d'instaurer un équilibre entre habitants et vacanciers, rêvant d'un tourisme raisonné. "J'habite dans la vieille ville. J'y suis et j'y resterai coûte que coûte, conclut Virginie. La lutte continue pour faire entendre notre voix."

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