Âgée de 10 ans, Alexis, petite-fille de la célèbre artiste Arlette Gruss, rêve d'une grande carrière de circassienne. En attendant, ses journées sont rythmées par l'école, les entraînements et, déjà, les représentations. Rencontre lors d'une halte du cirque à Annecy, en Haute-Savoie.
Quand le cirque arrive en ville, c'est, pendant quelques jours, une parenthèse de rêve et de magie qui s'ouvre. Annecy, qui a accueilli le chapiteau des Gruss pendant en octobre, ne fait pas exception. Chaque soir, des dizaines d'artistes foulent la piste aux étoiles. A 10 ans, Alexis Gruss, la petite-fille de la fondatrice, Arlette Gruss, rêve de marcher dans leurs traces.
Avec son frère Eros, 15 ans, Alexis s'entraîne chaque jour de représentation. C'est la troisième année qu'elle participe au spectacle. Alors que les deux enfants s'élancent à vélo, l'un soutenant l'autre, à l'assaut de la piste, leur entraîneur et également artiste de cirque, Darien Fraga, les encourage et les aiguille. "Attention à tes paumes des mains, Alexis. Avance ta tête et les bras", lance-t-il à la jeune fille.
"Pour ce numéro, on répète depuis presque un an, explique Alexis Gruss. Ça fait un peu peur, mais quand t'es dessus, tu ne réfléchis pas. Depuis que je suis toute petite, j'aime bien faire des acrobaties, ça avance comme ça..." Ils se débrouillent très bien. C'est devenu des pros ! Ils écoutent bien, ils travaillent, ils sont sérieux. Ça fait plaisir de travailler avec eux", se réjouit leur coach.
Le quotidien d'Alexis est ainsi rythmé entre le cirque – une passion qui se transmet de génération en génération – et la scolarité. L'école de la jeune fille est itinérante, avec une institutrice qui accompagne la troupe dans toute sa tournée. De la petite section de maternelle au collège, douze élèves composent cette classe unique. Alexis est la seule en CM2. "Il faut savoir travailler toute seule, mais ça, on a l'habitude après", explique l'écolière.
Artistes couteaux suisses
"On leur apprend que l'école, c'est important, même si on veut travailler au cirque. C'est une base dans la vie : il faut savoir lire, écrire, compter", précise Laurence Loeffler, l'institutrice. A la récréation, Alexis et son camarade Kim devisent dans la cour improvisée. "J'aime pas trop l'école...", lance le garçon. "C'est sûr, c'est pas meilleur que le spectacle mais faut quand même y aller..." se résigne Alexis.Après l'école, la journée de la fillette n'est pas encore terminée. Une heure avant le début du spectacle, à 18h30, Alexis donne un coup de main à la buvette alors que le public commence à s'installer. Ici, tous les artistes sont de vrais couteaux suisses.
Sous le chapiteau, Alexis a beau être dans son élément, cela n'empêche pas le trac de monter quand le lever de rideau approche. "Je me sens un peu stressée, il y a beaucoup de monde ce soir, déclare-t-elle tout en s'échauffant. Bon, on va y aller. Quand on rentre en piste, on y pense pas."
Lorsqu'à 19h30, le spectacle débute, la jeune fille n'hésite pas à s'élancer devant les 1 000 spectateurs venus applaudir la troupe. Après avoir rêvé devant les générations d'acrobates qui l'ont précédée, pendant quelques minutes, c'est au tour d'Alexis de mettre des étoiles dans les yeux du public. La dernière génération de la famille Gruss est bien décidée à assurer la relève.