Jugé pour l'assassinat de son ex-patron : "J'ai l'impression d'être un monstre", l'enfance chaotique de l'accusé exposée devant les assises d'Annecy

Jusqu’au 11 octobre, Maxime G., 22 ans, comparaît devant les assises d’Annecy pour avoir assassiné son employeur et père de son ex-petite amie, un agriculteur de 64 ans. Au deuxième jour du procès, l’étude de personnalité de l’accusé a présenté un individu "intolérant à la frustration", dont l’enfance a été marquée par plusieurs traumatismes.

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Qu’est-ce qui pousse un jeune homme de 18 ans à abattre le père de son ex-petite amie de deux coups de fusil ? C’est la question qui a animé les débats ce mardi 8 octobre. A la cour d'assises d'Annecy, ce deuxième jour du procès était consacré à l’étude de personnalité de l’accusé.

Un parcours émaillé de traumatismes

Dans son box, Maxime G., 22 ans, parle d’une voix hésitante et peu assurée qui jure avec sa silhouette trapue. Vêtu d’un simple tee-shirt blanc, il est amené à expliquer son crime, commis à Pringy (Haute-Savoie) en janvier 2021. "C'est chaotique, j'ai l'impression d'être un monstre. Ce que j'ai fait, c'est abominable", souffle-t-il.

Face à la cour, la famille de l’accusé défile pour donner des éléments de contexte sur son enfance. Un parcours ponctué de drames, puisque son père a assassiné son beau-père lorsqu’il avait 8 ans. "Pour un enfant, c’est totalement incompréhensible, d’autant qu’à la suite de cela, le papa va partir en prison. Puis la justice va décider de placer cet enfant auprès des grands-parents paternels. Il y a une ambiance exécrable car on va vivre dans les conflits de loyauté entre les deux familles. Cet enfant est ensuite privé de sa mère et de ses sœurs. Pour lui, les choses deviennent difficiles à vivre, car il ne comprend pas pourquoi il est mis à l’écart de sa famille", détaille son avocat, Maître Rimondi. 

Un meurtre qui résonne étrangement avec le crime dont est accusé le jeune homme aujourd’hui. Ouvrier agricole en apprentissage, employé par André Chiariglione, il entretenait une relation amoureuse avec Maïté, sa fille. Après avoir été éconduit par la jeune femme, qui décrit des relations sexuelles non consenties et une relation toxique, ce dernier s’était rendu à la ferme familiale un soir de janvier 2021 et avait abattu l’agriculteur de deux coups de fusil en blessant Maïté et sa mère, Mireille.

"L’omniprésence des armes"

Appelée à la barre, la mère de l’accusé ne peut retenir ses larmes. En pleurs, elle s'adresse à trois reprises à la femme et à la fille d’André Chiariglione, qui avait 64 ans au moment de sa mort. "Maïté, Mireille, je vous demande pardon pour ce que mon fils a fait. Je sais la douleur que l'on peut éprouver et me met à [votre] place". 

Par ses proches, Maxime G. est décrit comme gentil, serviable mais aussi impulsif. Dans son village rural, il grandit dans une famille taiseuse qui communique peu sur ce qu'elle a vécu et où les conflits se règlent souvent par la violence. Lorsqu'il est chez ses grands-parents paternels, il est élevé comme un enfant roi, sans être obligé d'aller à l'école. 

Cette absence de cadre et de repères, plusieurs fois évoqués pendant les débats, expliquerait son manque de sociabilité et son décrochage scolaire. "La chose marquante dans son existence, c’est l’omniprésence des armes, explique l’avocat de l’accusé. On se rend compte que dans ce milieu, il y a toujours eu des armes et qu’elles sont toujours venues vers lui. A 12 ans, un voisin lui confie une arme pour aller chasser, ensuite ce sont des adultes qui lui donnent des armes. Ce gosse aura toujours eu accès à des armes alors qu’il n’a jamais cherché à en avoir ni à s’en servir, même si on sait comment les choses se sont terminées."

Une enfance chaotique

Au cours de l’audience, les témoignages des proches du jeune homme dessinent peu à peu les contours d'une enfance chaotique : des troubles comportementaux, des actes de violence, une déscolarisation, un internement en clinique pédopsychiatrique, une grave blessure par arme à feu lors d’un accident en 2014.

L'une des enquêtrices de personnalité de l'affaire, qui fait ce métier depuis 10 ans, reconnaît que le parcours de Maxime G. l’a particulièrement marquée. Une succession d’épreuves, qui auraient mené le jeune homme à développer "une intolérance à la frustration", selon ses propres mots.

"Et l'assassinat d’André Chiarglione, c’est justement cette intolérance, celle d’avoir été éconduit par son amie et de ne plus se retrouver chef de l’exploitation, ce qu’il briguait", rebondit Me Jullien, l’avocat des parties civiles.  

Tout ce que je fais, ça dure un temps et je finis par le détruire. J'ai envie que ça change.

Maxime G.

Avant le drame, les tensions se seraient exacerbées avec la victime. Maxime G. explique qu’il travaillait jour et nuit sans être payé. Face à la cour, il décrit son employeur agriculteur comme un homme bourru et autoritaire, et explique avoir agi par soupçons de violences intrafamiliales.

"C’est entièrement faux. André Chiarglione adorait sa fille unique, dément l’avocat de la famille. Ce que Maxime raconte est dénué de sens, comme quand il dit qu’au bout de 6 mois, ça n’allait plus sur l’exploitation alors qu’il n'y a travaillé que 2 mois et demi. En réalité, il a fait tout un montage psychologique fabriqué de lui-même pour essayer de justifier l’injustifiable".

Depuis les faits, l’accusé a fait trois tentatives de suicide. Dans son box, il garde un visage neutre et impassible tout au long des débats. "Tout ce que je fais, ça dure un temps et je finis par le détruire. J'ai envie que ça change. Je voudrais faire un trait sur tout ça. Je dois payer pour ce que j'ai fait. Je reconnais que je n'ai pas su prendre l'aide que l'on m'a proposée et je me dis, quel gâchis".

Jugé pour assassinat, Maxime G. encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Lors du troisième jour du procès, ce mercredi 9 octobre, Maïté et Mireille Chiarglione s'exprimeront pour la première fois devant la cour.

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