Le procès de l'ex-directeur adjoint du principal établissement privé catholique d'Annecy s'est ouvert ce mardi. Devant le tribunal correctionnel, Jean-Marie Boasso a reconnu "être malade" mais a nié les agressions sexuelles. Trois ans de prison ont été requis à son encontre.
Plus de trois ans après les faits présumés, les familles de l'établissement catholique Saint-Michel d'Annecy veulent savoir et comprendre. L’ancien directeur adjoint de l’établissement privé comparaît ce mardi 23 novembre devant le tribunal correctionnel d’Annecy. Il doit répondre de deux agressions sexuelles sur mineur, détention et consultation d’images pédopornographiques.
Jean-Marie Boasso, 53 ans, est arrivé libre à l'audience, mais toujours sous contrôle judiciaire, et interdit d'exercer son métier ou une quelconque activité dans un milieu en lien avec des enfants. Deux mesures prononcées par le juge lors de sa mise en examen. Il vit à présent dans le Gers, dans les Pyrénées, selon son avocat Maître Philippe Métral, qui n'a pas souhaité s'exprimer devant la presse "réservant ses arguments et sa plaidoirie au tribunal".
Du côté des parties civiles, six familles "qui espèrent que justice soit faite, que le masque tombe, et qu'on l'on prenne en compte la souffrance des enfants qui n'ont pas été entendus, c'est du rôle de la justice de leur donner de la visibilité", déclare Me Aurélie Zakar, avocate de la partie civile.
A la barre, la voix timide et souvent hésitante, l'ancien directeur adjoint répond aux questions du président. Il reconnaît avoir "un penchant pour les enfants, les garçons, avoir accumulé des images pédopornographiques, dont certaines ont été prises en secret, dans les douches, lors d'un camp de vacances avec ses élèves".
"Oui je suis malade et je me fais soigner actuellement par des spécialistes", reconnaît-il. En revanche, il nie formellement les deux agressions sexuelles sur mineur parmi ses élèves. "Je n'ai jamais franchi la ligne rouge", assure-t-il "même si, en effet, j'ai des pulsions".
Trois ans de prison requis
Les faits remontent au mois de mai 2018. Au retour d'un camp de vacances, l'un des élèves l'accuse d'agression sexuelle. Une enquête est ouverte. Les témoignages se multiplient. Lors des perquisitions à son bureau et à son domicile, plus de 900 photos à caractère pédopornographique sont découvertes. Il est mis en examen.
A l'issue de ce jour d'audience, trois ans de prison ont été requis, assortis d'un suivi et d'une obligation de soins pendant sept ans.
Un établissement déjà secoué par une affaire de mœurs
En octobre 2017, c'est Jean-Louis Mivel, maire de Cluses et conseiller départemental en Haute-Savoie, qui avait été mis en examen pour des affaires de mœurs impliquant des mineurs, alors qu'il était lui aussi directeur-adjoint de l'établissement. Il décédera avant d'avoir été entendu par la justice, victime de deux malaises cardiaques alors qu'il patientait dans les couloirs du palais. Jean-Louis Nivel faisait l’objet de deux plaintes pour agressions sexuelles. L'une avait été déposée par un ancien élève du lycée catholique Saint-Michel. L'affaire s'est éteinte avec son décès.
A la question du président du tribunal qui lui demande ce mardi s'il avait eu "l'occasion d'évoquer avec M. Mivel (ses) penchants", Jean-Marie Boasso a répondu "non, pas du tout". Le jugement est attendu d'ici mercredi.