La préfecture de la Haute-Savoie et l’ARS déconseillent de consommer les poissons pêchés dans le secteur de Rumilly, en Haute-Savoie, indiquent-elles dans un communiqué ce mercredi 19 avril. Les analyses réalisées démontrent la présence de polluants type PFAS dans la chair des poissons prélevés. Les élus écologistes demandent "plus de transparence et de coopération sur le sujet".
La préfecture de la Haute-Savoie et l’Agence régionale de santé (ARS) déconseillent de consommer les poissons pêchés dans le secteur de Rumilly, en Haute-Savoie, à cause de la présence de polluants type PFAS, indiquent-elles dans un communiqué ce mercredi 19 avril.
Les prélèvements réalisés en février 2023 par la préfecture et la Fédération de pêche de la Haute-Savoie avaient pour objectif "de mesurer la présence de PFAS dans la chair des poissons, notamment sur le secteur de Rumilly" expliquent les services de l’Etat.
Qu’est-ce que les PFAS ?
Sur son site internet, l’ARS définit les PFAS comme "une famille de composés chimiques, caractérisés par une chaîne carbonée portant des atomes de fluor". Il y en aurait plus de 4 000 différents, d’origine humaine, utilisés dans des textiles, emballages, cosmétiques, poêles, pour certaines de leurs propriétés telles que la résistance à la chaleur.
Qualifiées de "polluants éternels", ces substances peuvent représenter des risques pour la santé, des risques chroniques, c’est-à-dire liés à une exposition répétée et à long terme. Ces polluants se retrouvent dans l’environnement par le biais de rejets domestiques (installations de traitement de déchets ou stations d’épuration), de rejets industriels ou de mousses anti-feux.
Une centaine de poissons analysés dans plusieurs cours d'eau
Afin d'être analysés, une centaine de poissons de différentes espèces ont été prélevés dans les principaux cours d’eau du secteur : le Dadon, le Nant Boré et le Néphaz ainsi que sur le ruisseau des Trois Fontaines à Annecy.
"Les teneurs en PFAS se sont révélées légèrement supérieures au seuil maximal (…) s’agissant des prélèvements effectués sur le Dadon" peut-on lire dans le communiqué où l’on apprend également que "les prélèvements réalisés sur les cours d’eau de Nant Boré, Néphaz, Chéran et du ruisseau des Trois Fontaines (…) ont révélés la présence de PFOS (sulfonate de perfluorooctane, ndlr) mais à des taux inférieurs aux seuils réglementaires".
L’ARS (…) recommande de ne pas consommer les poissons pêchés dans le Dadon et le Chéran sur le territoire de Rumilly jusqu’à sa confluence avec le Fier.
Préfecture de la Haute-Savoievia un communiqué.
Les élus écologistes réagissent et lancent un sondage
Sur les réseaux sociaux, Fabienne Grébert, élue et co-présidente du groupe Les écologistes à la Région Auvergne-Rhône-Alpes réagit : "Alors comme ça M. le Préfet, la faune est contaminée par les PFAS ! Ça vaut peut-être le coup de lancer une étude sur les humains, non ?"
Contactée par France 3 Alpes, l’élue écologiste affirme avoir écrit au préfet de la Haute-Savoie : "Ce que l’on souhaite, c’est avoir plus de transparence et de coopération sur le sujet",
Les sujets de santé publique ne doivent pas être balayés d’un revers de la main.
Fabienne Grébert, élue et co-présidente du groupe Les écologistes à la région Auvergne-Rhône-Alpesà France 3 Alpes.
Fabienne Grébert espère également la mise en place d’études plus poussées : "Il serait pertinent d’engager des programmes de recherches" que ce soit du côté des industries, mais aussi des habitants.
D'ailleurs, les élus écologistes des Pays de Savoie ont décidé de lancer un sondage à destination des habitants de l'Albanais et de ceux qui y ont vécu "au cours des 70 dernières années" et qui pensent "avoir été exposés aux pollutions aux PFAS". Les volontaires pourraient participer à une "étude épidémiologique de bio-imprégnation aux composés fluorés".
Le secteur de Rumilly sous surveillance
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes affirme que le secteur de Rumilly "fait l’objet d’une vigilance des services de l’Etat depuis l’automne 2022 en raison de la teneur en PFAS dans les eaux" dont l’origine est "multiple et en partie historique" avec le site industriel Tefal, l’ex-usine de fabrication de skis Salomon (arrêtée depuis 2009), l’ancienne tannerie Fortier-Beaulieu (arrêtée depuis 2015, en reconversion), et deux anciennes décharges (dans les secteurs de Broise et Rizière).
Les services de l’Etat ajoutent que "tous les captages d’eau potable dans lesquels les teneurs en PFAS étaient supérieurs à la valeur réglementaire ont été déconnectés" : il s’agit des captages publics (puits de Madrid et de Broise) et privés (entreprise CPF, filiale du groupe Nestlé qui produit des céréales). La préfecture affirme que a solution actuellement mise en place est une "interconnexion avec le territoire du Grand Annecy" et que "des mesures de plus long terme sont à l'étude".
Les analyses de novembre 2022 confirment que l’eau desservie sur Rumilly répond aux exigences sanitaires.
Services de l'Etat en Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans un communiqué du 19 avril, les élus écologistes affirment : "Alors que les seules décisions prises à ce jour ne concernent que la distribution d’eau potable, qui est certes importante, aucune action n’a été lancée pour connaître l’ampleur des conséquences de cette pollution, son étendue, son impact sur la santé de la population et les solutions à mettre en œuvre."
Dans quelques années, "quelles seront les conséquences de ces pollutions sur la santé publique ?" s’inquiète Fabienne Grébert. "L’idée n’est pas de pointer du doigt tel ou tel coupable mais de prendre ce sujet à bras-le-corps", ajoute l'élue écologiste.
Le 17 janvier 2023, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a publié un plan d’action ministériel sur les PFAS, dont l’objectif est de "renforcer la protection des populations et de l’environnement contre les risques liés à ces composés" tout en travaillant "au niveau européen à une restriction plus générale de la famille des PFAS".