Le tribunal administratif de Grenoble a suspendu, ce mardi 25 octobre, l'exécution de l'arrêté du préfet de la Haute-Savoie accordant une autorisation environnementale à la commune de La Clusaz pour la réalisation d'une retenue collinaire.
C'est un tournant majeur dans le feuilleton de la retenue collinaire de La Clusaz. Ce mardi 25 octobre, le tribunal administratif de Grenoble a rendu sa décision suite à un référé déposé, en septembre, par cinq associations pour demander la suspension en urgence de l’autorisation accordée au chantier. Le juge des référés a suspendu l'exécution de l'arrêté du préfet de la Haute-Savoie donnant le feu vert aux travaux.
Le 19 septembre dernier, via un arrêté, le préfet de la Haute-Savoie, avait déclaré "d’utilité publique" le projet d’aménagement de la retenue collinaire de la Colombière, sur le plateau de Beauregard. Sa décision autorisait ainsi les travaux de défrichement à démarrer à tout moment dans la station de ski.
Par ailleurs, l’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel.
Juge des référés du tribunal administratif de Grenoble.
Dans sa décision, le juge des référés a, lui, estimé qu'il "existe un doute sérieux sur l'existence d'une raison impérative d'intérêt public majeur permettant de déroger à l'interdiction de destruction des espèces protégées".
"Par ailleurs, l’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite, avec des conséquences qui ne seraient pas réversibles, au moins à moyen terme. Dans ces conditions, la condition d’urgence est remplie", explique également le juge des référés dans son ordonnance.
Les travaux de lancement sont donc reportés et ne pourront pas commencer avant le jugement du recours sur le fond.
Une ZAD depuis fin septembre
Ce projet de 148 000 mètres cubes d'eau, implantée à 1500 mètres d'altitude, est aussi controversé que médiatisé. Il doit permettre d'alimenter les habitants de la commune en eau potable, d'irriguer les activités agricoles, mais aussi, et surtout, de produire de la neige de culture.
En octobre 2021, une commission d'enquête publique avait rendu un avis favorable au projet, le déclarant "d'intérêt public pour la population de la vallée des Aravis qui vit du tourisme sous la forme actuelle". Mais le document pointait toutefois quelques limites, notamment un rendement énergétique "discutable", la "destruction d'habitats et de spécimens d'espèces protégées" et un "impact négatif sur la biodiversité", surtout en phase de travaux.
Depuis fin septembre, des dizaines d'activistes, notamment du mouvement Extinction Rebellion, occupent les bois du col de la Colombière. L'objectif de cette ZAD (Zone à défendre, ndlr) est d'empêcher que les travaux de la retenue collinaire ne débutent.
Ce lundi 24 octobre, près de 300 acteurs économiques, sportifs et habitants de la montagne ont signé une tribune parue dans Le Monde, appelant à une prise de conscience autour des aménagements dans les domaines skiables : "Nous sommes cependant convaincus que le modèle d’aménagement d’hier ne peut plus être la réponse aux questions d’aujourd’hui et aux enjeux de demain."
La veille, dimanche 23 octobre, la députée EELV Sandrine Rousseau s'était rendue sur place, en soutien aux zadistes : "L’eau est bien commun qui doit être partagé car il devient rare. Et là, on s’accapare l’eau à des fins de profit et ce n’est plus possible aujourd’hui : l’heure est à l’écologie", avait-elle notamment déclaré.