À la sortie de l’hiver, les cours d’eau haut-savoyards devraient avoir un niveau optimal. Mais en ce début de mois de mars, de nombreuses rivières sont asséchées. De quoi inquiéter les pêcheurs, qui demandent à la Préfecture de prendre des mesures d’économie d’eau.
Au cœur du massif des Bauges, la rivière Chéran ne compte que 10 petits centimètres d’eau, contre 50 habituellement à cette période de l’année.
Ces dernières semaines sans pluie ont eu raison du niveau d’eau. Même les pêcheurs des environs reconnaissent "n’avoir jamais connu" un débit aussi faible. "Le Chéran, à cette époque-là, devrait être sur une moyenne d’environ 10 /11 m3 par seconde. Aujourd’hui, il est à 1,7 donc c’est un niveau très bas. On ne devrait pas pouvoir traverser la rivière", regrette Pascal Grillet, président de l'AAPPMA du Haut-Chéran.
Pour l’ouverture de la pêche, la messe est dite sur ce secteur d'Allèves, habituellement riche en truites sauvages. Sur les galets, la présence d’algues est même un mauvais signe.
"On voit que la rivière a du mal à absorber tous les nutriments apportés par les rejets de stations d’épuration. Du coup, on a un développement d’algues complètement anormal et sur le long terme, ça peut asphyxier la rivière", poursuit le pêcheur.
Un peu plus loin, à Giez, l’Eau morte n’a jamais aussi bien porté son nom. "Apparemment, il n’y a plus aucune trace de vie piscicole", constate Yann Magnani, président de la fédération de pêche de Haute-Savoie, en se penchant au-dessus d’une flaque verdâtre. C'est tout ce qu’il reste de la rivière.
Principal affluent du lac d’Annecy, l’Eau morte est pourtant un lieu de reproduction pour les truites lacustres. La rivière est généralement en eau jusqu’à la fin du mois de mai. "Le problème de cet assèchement précoce, c’est qu’il intervient pendant l’incubation des œufs de truite. Donc les œufs ne peuvent pas bouger, et sur toute cette longueur, ils sont perdus".
Face à cette sécheresse exceptionnelle, la fédération de pêche de Haute-Savoie incite la Préfecture à prendre des mesures d’économies d’eau sans plus attendre. Car la pluie annoncée cette semaine ne suffira pas à remplir les nappes phréatiques.