5 000 hectares de vignes vont être sacrifiées dans l'Aude. L'arrachage vient de commencer. Un moment difficile à vivre pour beaucoup de vignerons qui ont dû se résoudre à cet ultime recours face notamment à la sécheresse.
C'est une scène triste à observer, à laquelle aucun vigneron ne souhaiterait assister : l'arrachage des premières vignes vient de commencer dans l'Aude. Les parcelles du littoral et celles dans le secteur de Corbières font partie des terres les plus fragiles du département et donc les plus impactées par la sécheresse.
5 000 hectares arrachés dans l'Aude
La parcelle de Nicolas Castan, plantée en grenache était exploitée depuis presque un demi-siècle à Roquefort-des-Corbières. Aujourd'hui le viticulteur regarde ses vignes disparaître peu à peu.
Pour moi c'est une catastrophe, je suis au plus bas. Arracher les hectares comme ça après avoir repris l'entreprise familiale, ça me fait mal, ça me fait très très mal.
Nicolas Castan - Viticulteur
Au total, plus de 7 % du vignoble sera arraché dans l'Aude, soit environ 5 000 hectares, en raison notamment de la sécheresse. À l'échelle nationale, c'est 30 000 hectares de parcelles qui seront sacrifiées.
Sécheresse en cause
La sécheresse a assoiffé la vigne. Dans la coopérative de Leucate, les cuves sont dimensionnées pour accueillir jusqu'à 50 000 hectolitres mais beaucoup d'entre elles sont vides : seulement 20 000 hectolitres seront produits cette année.
"Il y a 10 ans on n'imaginait pas subir autant de sécheresse, personnellement, voilà 43 ans que je suis à la vigne, je n'ai jamais connu des déficits hydriques aussi importants qui arrivent à faire mourir un végétal", déplore Alain Gleyzes, membre du conseil d'administration de la cave coopérative de Leucate.
Au total, 200 hectares de vignes seront arrachés sur sa coopérative, rassemblant 120 viticulteurs.
Pour survivre, les vignerons de l'Aude percevront 4 000 euros pour chaque hectare arraché. Un montant pas très élevé lorsqu'on sait "qu'un arrachage coûte entre 1 500 et 2 000 euros", constate Fréderic Rouanet, le président du syndicat des vignerons de l'Aude.
Ultime solution
"Malheureusement l'arrachage c'est le point final d'une succession de crises", explique Frédéric Rouanet.
C'est la seule solution qu'on a trouvé pour faire partir des gens dignement du métier et pour renforcer des exploitations qui ont trop de vignes et qui ne pouvaient plus supporter la sécheresse.
Fréderic Rouane - président du syndicat des vignerons de l'Aude
Maintenant que les parcelles se retrouvent nues, difficile de savoir à quoi les employer.
On cherche des solutions mais aujourd'hui aucune autre plante ne résiste plus à la sécheresse que la vigne dans nos régions.
Alain Gleyzes - membre du conseil d'administration de la cave coopérative de Leucate
"Aujourd'hui ça a l'air à peu près joli avec un tas bien fait et des terres à peu près propres mais demain j'ai bien peur que ça ressemble à des garrigues pleines d'oliviers sauvages et de sangliers qui continueront à accentuer les dégâts sur les vignes restantes", s'inquiète le membre du conseil d'administration de la cave coopérative de Leucate.
Dernier coup dur : la récente chute du gouvernement a remis en cause les aménagements pour soulager la filière.
On voyait des premières pistes d'avenir et là on vient de tout perdre.
Fréderic Rouanet - président du syndicat des vignerons de l'Aude
"Je voudrais dire à nos députés que le pouvoir de chacun c'est bien, mais il faut penser qu'il y a des hommes qui souffrent en ce moment et je pense que là ils ne les ont pas respectés, ils n'ont pensé qu'à leur pouvoir", conclut amèrement Fréderic Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude.