Depuis deux ans, l'association Annecy-Solidarité-Ukraine finance et assemble des kits médicaux d'urgence pour les soldats ukrainiens. Le cap des 5000 trousses de secours a été franchi cette semaine grâce à l'aide de dizaines de bénévoles, notamment des étudiants de l'Institut d'administration des entreprises (IAE).
Ils ont une vingtaine d'années, étudiants en communication, économie ou gestion à l'Institut d'administration des entreprises à Annecy-le-Vieux. Ce lundi après-midi, assis derrière leur bureau, ces futurs managers ont délaissé leurs apprentissages théoriques pour devenir les petites mains d'une grande chaîne de solidarité. La chorégraphie est bien rodée, les tâches réparties, chacun connaît sa partie. L'un ouvre les sacoches, les autres ajoutent du matériel médical.
"On a des compresses, on a une couverture de survie, des patchs à mettre sur le torse en cas d'impact de balle pour arrêter l'hémorragie, des ciseaux et une fiche de suivi à remplir pour détailler ses blessures et la prise en charge en hôpital", détaille Anthony.
Ils assemblent des kits de survie pour les soldats sur le front en Ukraine. "Ça marque parce qu'on se dit que ça va être utilisé bientôt, des personnes vont souffrir et cela fait un peu un choc donc ça touche. Ce n'est pas anodin", continue l'étudiant en troisième année de marketing et communication à l'université Savoie-Mont-Blanc.
Le cap symbolique des 5 000 kits atteint
"Si on peut les soutenir en faisant un petit geste, c'est important. Savoir qu'on peut se rendre utile et essayer au moins de les aider comme on peut", ajoute Hugo.
Quelque 2 600 kits ont ainsi été assemblés en trois jours sous la tutelle de l'association Annecy-Solidarité-Ukraine pour un total de 5 000 kits réalisés depuis le début de la guerre. Chaque trousse au camouflage militaire comporte un garrot tourniquet pour stopper les hémorragies. Ils arrivent d'Ukraine, où ils sont fabriqués, pour être placés dans les kits.
Russlan, soldat-dessinateur des tranchées, expliquait l'été dernier la nécessité d'avoir sur soi ces trousses d'extrême urgence. "Tous les kits sauvent des vies et chaque kit est en fait une vie. Les tourniquets garrots sont une vraie révolution, nous en avons besoin de plus d'un par soldat", témoignait-il dans une vidéo réalisée sur le front.
Trouver des partenaires et des mécènes
"On a le témoignage direct d'une unité d'artillerie, visée par un drone. Il y a eu trois morts et cinq blessés graves, et trois des cinq blessés graves ont été sauvés grâce à l'utilisation de nos kits", indique Emmanuel Mieusset du collectif Annecy-Solidarité-Ukraine.
Ces kits ont été mis au point en partenariat avec l'association KPI, Kit Premier Intervenant, qui distribue des kits de premiers secours pour des étudiants infirmiers qui viennent d'être diplômés à Annecy et avec Pharmaciens sans frontières en Savoie. Elle a également comme relais en Ukraine Moto-Help à Lviv, une ONG qui forme les secouristes à leur utilisation sur place.
Grâce à ces collaborations, la recherche et la négociation avec les fournisseurs, le coût du kit est réduit. "On est ultra performants parce que le kit, si vous cherchez à l'acheter sur le marché, il coûte 150 euros. Nous, on le paye 50 euros. Ça nécessite des bénévoles pour les assembler mais ça permet de ramener le coût à 50 euros l'unité", explique Emmanuel Mieusset.
"50 euros, ça reste cher pour payer sa survie"
"Savoir qu'un objet comme ça, ça peut leur sauver la vie, ça fait réfléchir sur pas mal de choses. Mais même 50 euros, ça reste cher pour payer sa survie", estime Lisa Vieux, une autre étudiante.
"Ça fait deux ans, ça dure et ça risque de durer mais on va continuer à faire des kits. Le tout, c'est que l'on trouve des financements", ajoute Marc Chiron, bénévole de la première heure au sein du collectif Annecy-Solidarité-Ukraine.
Les Ukrainiens nous disent : 'On a besoin de sentir qu'on n'est pas seuls, que notre combat, on ne le mène pas uniquement pour nous mais aussi pour la liberté.'
Emmanuel Mieussetcollectif Annecy-Solidarité-Ukraine
Emmanuel Mieusset s'est rendu à Karkhiv, dans l'est de l'Ukraine à la frontière russe, à 20 km de Belgorod, voir dans le Donbass de ses yeux "comment se passaient les choses" avec une association de Strasbourg.
"J'ai été bénévole pendant un mois là-bas et ce qui m'a marqué, c'est la bouffée d'oxygène qu'on pouvait apporter à la population juste par notre présence. J'ai rencontré des bénévoles qui venaient du monde entier, il y avait des Argentins, des Anglais, des Danois... et à chaque fois qu'on rencontrait des Ukrainiens, ils nous disaient : 'merci, merci. On a besoin de sentir qu'on n'est pas seuls, que notre combat, on ne le mène pas uniquement pour nous mais aussi pour la liberté'", relate-t-il.
Mont-Blanc Maïdan, un projet étudiant à travers l'Europe
Pour manifester leur soutien aux Ukrainiens, les étudiants de l'IAE d'Annecy ont décidé de lancer un défi photo à tous leurs homologues européens. Ils demandent à tous de se prendre en photo devant leur école ou leur université. Tous les clichés seront imprimés sur une grande banderole qui sera présentée sur la place Maïdan, la place de l’Indépendance à Kiev, au mois de mars.
Le projet, baptisé "Mont-Blanc Maïdan", débutera sur le toit de l'Europe avec la photo du drapeau étoilé de l'Union européenne. Le cliché sera réalisé le 24 février prochain, jour anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.