Elus locaux, députés ou simples habitants, les Annéciens dénoncent un acte "effroyable" et "inconcevable" survenu dans "le jardin historique" de la ville. S'attaquer à des enfants relève de la "barbarie" et d'une immense "lâcheté", disent à l'unisson les Haut-Savoyards.
Ils sont rester cois, hébétés, tétanisés par l'annonce de l'attaque au couteau de très jeunes enfants ce jeudi matin à Annecy dans une aire de jeux du Pâquier.
"Je suis bouleversée parce que c'est ma ville natale, une ville tellement paisible, tellement agréable, les gens se promènent. C'est tellement central, le Pâquier. Tout le monde se promène là avec les enfants, en rollers, en vélo, fait son footing et d'arriver à cela, c'est inconcevable", estime une jeune mère de famille.
"Moi, je viens tous les matins me promener sur le Pâquier, je suis venue un peu plus tard aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi. J'aurais pu être là quand cela s'est passé, c'est d'autant plus émouvant et je pense aux enfants et à leurs parents. C'est bien triste", déclare une autre femme.
Une touriste, à proximité, est-elle aussi très marquée. "Je suis très choquée parce que moi j'étais venue pour visiter le pont des amours et aujourd'hui cela devient le pont de l'horreur", dit-elle.
"Il ne faut pas être humain pour faire des choses comme ça et s'attaquer à des enfants", ajoute une autre habitante de la ville.
"Barbarie" et "lâcheté"
La classe politique locale n'a pas caché son émotion. Le maire, François Astorg (EELV), a qualifié l'attaque de "barbarie", d'une immense "lâcheté". "Ce 8 juin restera de triste mémoire dans l'esprit des Annéciens". "C'est une immense tristesse. Ce qu'il s'est passé ce matin est inacceptable, c'est effroyable", a ajouté François Astorg.
L'édile a chaleureusement remercié "les forces de l'ordre, les pompiers, la police municipale qui s'est mobilisée, et qui a été d'une réactivité exemplaire pour répondre à ce qu'il s'est passé". Il a "salué le courage" de "deux agents de la ville qui ont tenté d'arrêter l'assaillant au moment où il commettait ses crimes".
Le maire d'Annecy a assuré ce jeudi soir sur France 3 Alpes que "la menace (était) totalement écartée". "Il n'y a pas de danger, tout est sous contrôle, la situation est maîtrisée", a-t-il affirmé.
La colère, au-delà de l'émotion
Au-delà de l'émotion, François Astorg a manifesté "de la colère". "Ce qu'il s'est passé est inacceptable", a-t-il ajouté. "Ce n'est jamais arrivé sur Annecy et je peux vous dire qu'avec le préfet, l'Etat, la police, la police municipale et la gendarmerie, nous mettons tout en oeuvre pour que la sécurité continue à être effective sur Annecy".
Depuis l'Assemblée nationale où une minute de silence a été observée moins d'une heure après les faits, Antoine Armand, député de la Haute-Savoie, a dit, au nom de ses collègues, son "effroi" en tant "qu'Annécien, comme Haut-Savoyard, comme Français, devant cette attaque abominable qui touche de jeunes enfants de moins de deux ans au coeur d'Annecy dans le jardin historique du Pâquier. C'est une attaque contre l'Humanité qui a eu lieu ce matin, une attaque contre notre âme", a déclaré le député Renaissance, ceint par l'émotion.
Notre petit coin de paradis, tu nous l'enlèveras pas.
Pierre-Antoine Damecourhumoriste et animateur de télévision
Ce jeudi soir, l'aire de jeux où se sont produits les faits, a rouvert au public. Quelques enfants l'ont investie, faisant à nouveau résonner l'endroit de leurs rires et de leurs cris de joie.
Le père de l'un des bambins veut croire au retour à la vie, après l'horreur. Son fils est à la crèche à côté, il est resté toute la journée à l'intérieur.
"Il veut jouer tout simplement. Il a besoin de se dépenser", dit-il. "Après, c'est sûr que c'est dramatique et c'était dur à vivre mais il faut continuer à jouer et continuer à prendre ces aires de jeux comme elles sont. Il faut être vigilant, partout, et tout le temps. C'est valable à Annecy mais aussi dans d'autres endroits. Donc on fait en sorte de vivre et de s'amuser avec les enfants".
Un peu plus tôt dans la matinée, en écho à ce père de famille, l'Annécien Pierre-Antoine Damecour, humoriste et animateur de télévision, avait écrit ces lignes sur les réseaux sociaux : "Notre petit coin de paradis, juste en face de l'école (...) où on allait jouer jusqu'à plus de force une fois notre goûter englouti juste après la sonnerie...Ce parc rempli de nos histoires et de nos souvenirs d'enfants, ce matin, un monstre l'a transformé en enfer... Mais dans ce parc on reviendra avec tous nos enfants pour jouer, sauter, danser, crier encore plus fort car ce parc, c'est notre petit coin de paradis et tu nous l'enlèveras pas".