La création d'une Scop par les salariés de la Compagnie alpine d'aluminium en juin 2015 n'a pas seulement sauvé les emplois menacés. Depuis, l'entreprise vieille de 250 ans a sorti la tête de l'eau.
C'est la belle histoire d'une entreprise sauvée de la faillite. En juin 2015, les salariés de la Compagnie alpine d'aluminium à Cran-Gevrier (Haute-Savoie) s'associaient en Scop (Société coopérative et participative) dans l'espoir de sauver 80 des 115 emplois de l'usine. Un an plus tard, ses finances se portent mieux, elle compte 85 personnes et cherche même à en recruter d'autres.
L'entreprise fondée il y a 250 ans revient pourtant de loin. En décembre 2014, accablée par 2 millions d'euros de dettes, elle est placée en redressement judiciaire. Après des mois de négociations, en juin 2015, le tribunal de commerce autorise la création d'une Scop. Les salariés ont bénéficié du soutien des pouvoirs publics, d'élus locaux, des banques ainsi que de l'Union régionale des Scop, mais ils ont apporté eux-mêmes 400.000 euros sur les 10 millions d'euros nécessaires.
Cette participation a eu un impact sur leur travail: Luis de Jesus, fondeur dans l'entreprise, se souvient d'un "gros coût financier" sur les salaires ainsi que du passage de 35 heures à 40 heures par semaine. Mais la principale différence, depuis la renaissance de la Compagnie alpine d'aluminium, est l'indépendance des salariés. "Les gens sont beaucoup plus autonomes, constate Benjamin Bruchet, responsable qualité, ils sentent qu'ils travaillent pour eux, plutôt que de travailler pour quelqu'un. Ils ont plus d'envie."
Reportage de Damien Borrelly et Christian Mathieu
Comment fonctionne une Scop?
Une Scop est une société détenue principalement par ses salariés. Ils détiennent au moins 51% du capital social et 65% des droits de vote. Son dirigeant est élu par les salariés, qui sont tous membres de la coopérative.Le profit de l'entreprise sont répartis en trois parts:
- Une part pour les salariés, sous forme de participation au capital et d'intéressement (un mécanisme d'épargne salariale)
- Une part pour les salariés associés, sous forme de dividendes.
- Une part pour les réserves de l'entreprise qui servent à assurer sa pérennité.