"Une menace pour des surfaces boisées précieuses et un corridor de biodiversité essentiel" : un projet de carrière inquiète près d’Annecy

En Haute-Savoie, une carrière pourrait bientôt voir le jour à Chavanod, près d’Annecy. Alors que le projet n’a pas encore été approuvé par le conseil municipal, plusieurs riverains demandent son annulation, inquiets des nuisances qu’il pourrait engendrer. L'entreprise Ceccon, elle, affirme être à l'origine d'un "projet bon et favorable à la qualité de l’air".

Ce mardi 23 avril, quelques opposants se sont réunis au cœur du parc Altaïs situé sur la commune de Chavanod en Haute-Savoie. Munis de pancartes, ils réclament l’abandon d’un projet de carrière qui pourrait ouvrir tout près de ce parc d’activités économiques.

Eric Rey, qui vit à Chavanod depuis 15 ans avec sa famille, se dit "inquiet", redoutant l’impact d’un tel projet sur sa qualité de vie. "Quand je me suis installé ici, je me suis dit que tout était parfait dans la commune" se souvient-il, "que les élus, le maire font bien leur travail, que les routes sont belles et que tout est bien entretenu. Je ne comprends pas cette volonté d’installer une carrière ici, aux portes d’Annecy, une ville qui se veut écologique".

Le projet "Boucle du Fier" au cœur des inquiétudes

Le projet n’a pas encore été approuvé par le conseil municipal mais les opposants au projet de carrière dans le vallon du Fier ont lancé une pétition le 4 avril dernier, estimant que "cette proposition menace des surfaces boisées précieuses et un corridor de biodiversité essentiel". Au-delà des inquiétudes liées à l'environnement, les riverains ont d'autres revendications : Philippe Clerjon, ancien gérant d’une entreprise locale située au cœur du parc Altaïs, et toujours propriétaire des locaux, craint que ce projet "impacte la valeur du bâtiment et du foncier".

"D’après les calculs, un camion va passer toutes les cinq minutes devant l’entreprise, et cela engendre des nuisances" soutient l’opposant qui affirme que lors de son installation il y a vingt ans, il existait "beaucoup de contraintes à respecter : des contraintes paysagères, architecturales ou encore d’activité".

"Si nous voulions implanter une entreprise de logistique avec beaucoup de camions, si on avait des productions qui généraient beaucoup de transport, alors on ne pouvait pas s’implanter dans le parc Altaïs" explique Philippe Clerjon, "nous sommes donc très étonnés d’apprendre qu’ils vont mettre une carrière juste à côté, qu’elle va déboucher dans le parc et qu’il va y avoir une myriade de camions qui vont traverser la zone".

Installée à Chavanod, près d'une autre carrière, Sandrine Bouvier dit "subir la carrière Roudil depuis 50 ans". "Je subis le bruit des camions, la poussière continuellement présente dans l’air, surtout l’été" souffle-t-elle.

C’est infernal.

Sandrine Bouvier, habitante de Chavanod

Après avoir fait estimer son bien immobilier il y a une dizaine d’années, la riveraine regrette que sa "valeur baisse d’environ 20% à la vente à cause de cette carrière". "Si je suis contre ce nouveau projet de carrière, c’est pour que d’autres habitants ne vivent pas la même chose que moi" soutient Sandrine Bouvier.

"Un projet bon et favorable à la qualité de l’air"

"Il existe un besoin" défend Éric Liglet, le président de l’entreprise Ceccon, à l’origine du projet "Boucle du Fier" qui souhaite rappeler "l’utilité des granulats dans l’aménagement du territoire".

"Il s’agit de produire des sables et graviers qui seront utilisés pour le bâtiment et le génie civil" détaille-t-il, précisant que "le territoire annécien est plus dynamique que la moyenne nationale" avec une consommation directe ou indirecte de 8 tonnes de granulats par habitant et par an.

Cela reste un projet à ce stade.

Éric Liglet, président de l’entreprise Ceccon

"En cours de discussion avec l’agglomération" en ce qui concerne le PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal), Éric Liglet explique que l’entreprise vise un début d’exploitation fin 2026 "avec un arrêté préfectoral d’autorisation qui serait obtenu" un an auparavant.

"Nous comprenons le questionnement des riverains et cela est tout à fait légitime, c’est pour cela que nous sommes entrés dans une phase de concertation assez longue avec les élus puis en présentant le projet en réunion publique fin mars". Lors de cette présentation, Éric Liglet affirme avoir "présenté les résultats des études menées sur le bruit, la poussière, la faune et la flore". "Nous faisons en sorte que les seuils règlementaires ne soient jamais atteints" précise le président de l’entreprise Ceccon, dont le projet "qui pourrait être autorisé" se situe sur un périmètre de "26 hectares dont 22 seraient exploités".

"Les camions sont déjà en circulation entre une carrière actuelle et le site de Chavanod" poursuit-il, "ce projet viendrait en substitution de quelque chose qui existe déjà. A l’heure actuelle, les camions parcourent environ 25 kilomètres aller et 25 kilomètres retour. Si la carrière de Chavanod voit le jour, ils feront 5 kilomètres aller, 5 kilomètres retour".

Notre impact carbone est très positif dans le cadre de ce projet.

Éric Liglet, président de l’entreprise Ceccon

"Notre projet est non seulement bon mais aussi très favorable à la qualité de l’air du bassin annécien, il n’y a aucune raison de le retirer" conclut Éric Liglet.

De leur côté, les opposants comptent poursuivre leur mobilisation par le biais de la pétition mais aussi du porte-à-porte. "Nous ne sommes pas en guerre" relate l’un d’entre eux, "en tant que citoyen, nous avons le droit à la parole et si nous sommes nombreux à signer la pétition alors cela pourra nous aider dans notre démarche".

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