VIDEO. Attaque au couteau à Annecy : Henri, le héros au sac à dos, a agi "comme un animal", "par instinct"

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Henri, 24 ans, a tenté d'arrêter l'assaillant au couteau, à Annecy, ce jeudi 8 juin. Il raconte les circonstances de cet acte "instinctif"
Henri, "le héros au sac à dos", raconte comment il a tenté de maîtriser l'assaillant ©Document France 2 / Etienne Prigent

Ce jeune homme de 24 ans est devenu, ce jeudi 8 juin, le visage de l'héroïsme à Annecy. Pèlerin engagé dans un voyage le menant de cathédrales en cathédrales, il s'est trouvé de manière fortuite témoin de l'attaque au couteau et acteur de l'interpellation de l'assaillant. Il livre son témoignage.

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Il est devenu en 24 heures, "le héros au sac à dos". Henri, 24 ans, originaire de la région parisienne, était là, par hasard, à Annecy, ce jeudi 8 juin, vers 9h45, sur le Pâquier.

Un touriste, parmi d'autres, chargé de deux sacs à dos, comprenant toutes ses affaires pour son périple à travers la France. Il a décidé de partir pendant neuf mois sur les routes du pays, à la découverte des cathédrales de France. 

Il se promenait donc en direction du Pont des Amours, lorsqu'il est passé à proximité du square pour enfants où un homme, armé d'un couteau, s'en prenait à des enfants.

"J'ai agi par instinct, poussé par une grande force intérieure"

"J'ai tout vu", dit-il dans un sourire de défense qui cache sa difficulté, encore, à intellectualiser l'horreur. 

Mais le jeune homme ne reste pas spectateur, il ne fuit pas. Au contraire, il va au contact de l'assaillant.

"Sans réfléchir, j'ai agi comme tout Français l'aurait fait", raconte-t-il simplement. "J'ai débranché le cerveau et j'ai agi par instinct, poussé par une grande force intérieure que je ne maîtrisais pas et je voulais à tout prix arrêter l'attaquant pour qu'il arrête de faire mal aux enfants", dit-il, dans un long entretien à nos confrères de France 2.

"On débranche le cerveau et on agit comme on peut"

Dans un premier temps, Henri court après l'assaillant avec ses sacs à dos. "J'ai fait ce que j'ai pu avec ce que j'avais", dit-il.

"J'avais mon gros sac à dos de 20 kilos sur le dos, l'autre de six kilos en face de moi, sur le ventre. J'ai saisi le sac à dos que j'avais en face de moi pour essayer de faire des gestes d'attaque, de défense, enfin je ne me souviens plus très bien, c'est flou, mais pour faire des trucs pour essayer de le faire fuir. Il est re-rentré dans le parc, il a essayé d'attaquer les enfants dans les poussettes, je l'ai poursuivi dans le parc, il en est ressorti. Il a essayé de s'en prendre, après, à des personnes plus âgées", se souvient Henri.

A la question de savoir s'il avait eu peur, Henri en'a pas d'hésitation. Non, il n'y a pas pensé. Il n'a pas réfléchi. "J'ai agi comme un animal", explique-t-il. "Dans ce genre de moment, l'adrénaline est si forte, on débranche le cerveau et on agit comme on peut. C'est instinctif"

Pourtant l'homme le menace, comme on peut le voir sur une vidéo de la scène publiée sur les réseaux sociaux.

"Il me tient à distance avec son couteau, il a essayé plusieurs fois d'avoir des gestes agressifs avec son couteau envers moi que j'ai pu esquiver en tout cas. Je pense qu'il a compris qu'il n'allait pas pouvoir mener son action à sa fin et donc il s'est retourné vers des personnes sans défense qui ne comprenaient pas ce qui arrivait, notamment sur un banc et plus loin, un monsieur qui marchait". 

"Un fou" "qui agissait comme un animal errant"

Eloigné de l'aire de jeux pour enfants, l'assaillant poursuit sa course erratique. 

"Il parle de Jésus Christ en anglais, dans un charabia épouvantable, c'est ce que j'ai entendu. Sur le coup, c'était impossible de savoir si c'était une accusation ou une revendication", raconte le jeune homme.

"J'ai eu des échanges de regards avec lui, c'était un fou en proie à la folie qui agissait comme un animal errant, qui cherchait ses cibles au fur et à mesure, tout autour de lui et nous on essayait de l'empêcher de toucher les cibles"

Avec d'autres personnes, il tente de l'encercler. "On lui court après, on essaye de l'entourer. Je me souviens de dire à un monsieur d'arriver par la gauche, il y a un autre qui arrive par la droite. Je me souviens d'indiquer aux agents municipaux d'essayer de lui donner des coups de pelle, ce qu'ils ont essayé de faire", poursuit Henri.

Les policiers arrivent ensuite et interpellent l'assaillant. Henri retourne alors auprès des victimes. Ces instants sont encore gravés dans sa rétine. 

"Il ne faut pas faire de moi un héros national"

"Il y a des images très fortes dans la tête, maintenant il faut voir ce qu'on en fait. Je sais que je vais en faire quelque chose de très positif puisque cela va me nourrir intérieurement pour me donner une espèce de rage intérieure pour aller chercher ce qu'il y a de beau, de vrai, de grand, autour de moi, dans mon pays et de transmettre tout cela", dit ce jeune homme, diplômé en philosophie. 

Quant à savoir s'il est un "héros", le fervent catholique appelle à la mesure. "C'est un bien grand mot. Il ne faut pas faire de moi un héros national ou quoi que ce soit. J'ai agi parce que j'étais là, à ce moment-là. J'étais peut-être le premier à réagir, d'autres personnes ont beaucoup réagi, beaucoup mériteraient le terme de héros", ajoute-t-il.

Son récit, Henri l'a livré toute la journée, ce vendredi. "Je suis heureux de témoigner. C'est important pour moi de dire que l'on peut relever la tête face à ce genre d'événement et que tout le monde en est capable", assure le jeune homme.

Dans l'immédiat, il aspire à un peu de repos mais il est déterminé à boucler son tour des cathédrales de France. Il devrait se rendre dans le Jura, puis en Bourgogne, avant de remonter vers l'Alsace pour poursuivre sa quête architecturale et spirituelle. 

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