Abdalmasih H., le suspect interpellé dans le cadre d'une attaque au couteau qui a fait six blessés, dont quatre enfants, ce jeudi 8 juin à Annecy, souffrait d'une "grave dépression", selon sa mère. Il avait notamment des "idées noires".
Abdalmasih H., un réfugié syrien de 31 ans armé d'un couteau, a blessé, jeudi 8 juin au matin, six personnes, dont quatre très jeunes enfants dans un parc à Annecy. Une attaque "sans mobile terroriste apparent", selon le parquet d'Annecy, qui a suscité une vague d'émotion nationale et internationale.
L'agresseur, "un réfugié politique qui serait sans domicile fixe, arrivé à Annecy à l'automne 2022" n'était "ni sous l'emprise de stupéfiant ni sous l'emprise d'alcool", a déclaré la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis au cours d'un point de presse jeudi.
Selon sa mère, contactée par l'AFP, Abdalmasih H. souffait d'une "grave dépression". "Lui ne m'a rien dit. C'est ma belle-fille qui m'a dit ça", a-t-elle précisé. "Elle disait qu'il n'était jamais bien, toujours déprimé, avec des idées noires, il ne voulait pas quitter la maison, il ne voulait pas travailler..."
Cette dame, qui habite aux États-Unis depuis une dizaine d'années, a confié être "en état de choc". "Il a demandé la nationalité (suédoise), il a eu un rejet", a priori parce qu'il a fait l'armée syrienne, a-t-elle poursuivi : "Ça l'a probablement rendu fou."
"Très fuyant"
La veille, son ex-femme avait aussi témoigné : "Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé. (...) C'est terrible. Mais je n'ai pas eu de contact avec lui, je ne sais pas où il vit, ni comment il va psychologiquement", a confié l'ex-épouse, sous couvert de l'anonymat.
"Mon Dieu, il était très gentil, je ne comprends pas", a ajouté la jeune femme à l'AFP en apprenant la nouvelle. Lors d'un rare échange avec son ex-femme après son départ de Trollhättan où vivait le suspect de l'attaque, ce dernier lui a expliqué qu'il vivait "dans une église" en France.
"Je n'ai plus beaucoup de nouvelles, il s'est montré très fuyant. Il m'a appelé il y a quatre mois, il habitait dans une église. Mais je n'en sais pas beaucoup plus, il est surtout en contact avec sa famille qui vit aux Etats-Unis", a expliqué la jeune femme, également originaire du Moyen-Orient.
Après deux ans, nous nous sommes mariés, mais il n'a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays.
L'ex-femme du suspect.
Selon elle, son départ de Suède est lié au fait qu'il n'a "pas réussi à obtenir la nationalité suédoise". "Nous nous sommes rencontrés en Turquie, nous sommes tombés amoureux et nous sommes venus ici (en Suède). Après deux ans, nous nous sommes mariés, mais il n'a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays. Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède", a-t-elle confié au téléphone.
Son départ a eu lieu "il y a huit mois", selon la jeune femme, qui a confirmé qu'il avait obtenu le statut de réfugié en Suède. Les autorités françaises ont indiqué avoir enregistré une demande d'asile de sa part fin novembre 2022, mais sans donner de suite car la Suède lui avait déjà accordé la résidence.
Un bain dans le lac et une "coïncidence troublante"
"Pour des raisons qu'on n'explique pas bien, il a également fait des demandes d'asile en Suisse, en Italie et en France", a rapporté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur TF1.
Il a introduit le 28 novembre 2022 une demande d'asile à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), dont le refus lui a été notifié dimanche dernier, 4 juin, car il avait obtenu le statut de réfugié en Suède. Ce même dimanche, le suspect a été contrôlé par la police car "il se serait lavé dans le lac d'Annecy", a ajouté M. Darmanin. "Une main courante a été faite et il n'y avait rien à lui reprocher particulièrement", a-t-il ajouté.
Interrogé sur le lien entre le refus de la demande d'asile et le passage à l'acte de l'agresseur quatre jours plus tard, le ministre a évoqué une "coïncidence troublante".
Assis sur un banc
À Annecy, il était sans domicile fixe. Selon le directeur général de l'Office française de l'immigration et de l'intégration (Ofii) : "Il bénéficiait de l'allocation pour demandeur d'asile depuis qu'il s'était enregistré comme tel" mais, faute de place, il "n'a jamais été pris en charge au titre de l'hébergement dans le dispositif national d'accueil".
Une patronne de location de pédalos, située proche des lieux du drame, nous avait confiés qu'elle l'avait aperçu assis sur un même banc depuis quelques semaines. Sa garde à vue, l'auteur de l'attaque au couteau qui a blessé six personnes dont quatre très jeunes enfants jeudi à Annecy, a été prolongée, a annoncé vendredi sur Twitter la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis.
Son état a été jugé "compatible avec la garde à vue" après son expertise psychiatrique, selon une source proche de l'enquête.
Avec AFP