Six personnes dont quatre enfants ont été blessées lors d'une attaque au couteau ce jeudi matin à Annecy. Cinq ont été prises en charge par les secours en urgence absolue. L'assaillant présumé a été placé en garde à vue. Il n'y aurait pas de "mobile terroriste apparent".
Une scène d'horreur sur l'esplanade du Pâquier. Il était 9h30, jeudi 8 juin, lorsqu'un homme a attaqué au couteau six personnes dont quatre enfants, âgés de 22 mois à 3 ans, dans une aire de jeu au bord du lac d'Annecy.
L'agression a suscité une immense émotion dans la ville et partout en France. La Première ministre Elisabeth Borne et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin se sont rendus sur place à la mi-journée, se disant "bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable". Le président de la République et les membres du gouvernement ont fait part de leur indignation, à l'image d'Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice : "L’horreur la plus absolue a frappé nos enfants à Annecy", a-t-il réagi sur Twitter.
L'assaillant interpellé en quatre minutes
La scène s'est déroulée sur une aire de jeux, non loin du pont des Amours. L'assaillant, vêtu d'un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, est vu sur des vidéos du drame se dirigeant vers des poussettes et s'attaquant à des enfants en bas âge avec une arme blanche.
L'homme tente par la suite de fuir l'aire de jeu, traversant l'esplanade du Pâquier alors qu'il est poursuivi par un témoin. Il s'est aussi attaqué à une personne âgée avant d'être maîtrisé par des fonctionnaires de police, quatre minutes après le début de l'attaque.
La dernière victime de l'assaillant, qu'il a blessée au couteau, a également été atteinte d'un tir policier alors que les forces de l'ordre tentaient d'appréhender l'auteur. L'assaillant présumé n'a pas été blessé "ou très légèrement", a indiqué la procureure de la République d'Annecy, Line Bonnet-Mathis, lors d'une conférence de presse.
Six blessés dont cinq en urgence absolue
Six personnes ont été blessées au cours de l'attaque, deux adultes et quatre enfants âgés de 22 mois à 3 ans, dont un Anglais et un Néerlandais. Parmi elles, cinq sont considérées en "urgence absolue", a indiqué la procureure de la République d'Annecy, Line Bonnet-Mathis, lors d'une conférence de presse en fin de journée.
Toutes les victimes ont été hospitalisées. L'un des enfants a été hospitalisé à Genève et les trois autres ont été transférés au CHU Grenoble Alpes après une première intervention chirurgicale au centre hospitalier d'Annecy.
Le suspect en garde à vue
Abdalmassih H., l'assaillant présumé âgé de 31 ans, se trouve en garde à vue dans les locaux des services de police d'Annecy. L'arme qu'il a utilisée, un "couteau pliable de type opinel", a été saisie par les enquêteurs, selon la procureure d'Annecy.
Il est entendu dans le cadre d'une enquête en flagrance ouverte pour "tentatives d'assassinat". La direction nationale de la police judiciaire est chargée des investigations.
Le périmètre a été bouclé une partie de la journée pour permettre les premières constatations de la police technique et scientifique, notamment une "levée de doutes" sur le sac à dos de l'assaillant. Les opérations ont pris fin en milieu d'après-midi et le secteur a été rouvert au public.
"En l’état, il n’y a pas de danger au sein de la ville d’Annecy", a insisté Mme Bonnet-Mathis, écartant l'éventualité d'un second protagoniste, complice de l'agresseur.
Un réfugié syrien sans "antécédents judiciaires"
L'auteur présumé, de nationalité syrienne, en séjour régulier en France, était arrivé à Annecy à l'automne 2022. Selon son ex-femme interrogée par l'AFP, il aurait quitté la Suède, où il a vécu pendant 10 ans et obtenu le statut de réfugié, car il n'a "pas réussi à obtenir la nationalité suédoise".
Lors d'un rare échange avec son ex-épouse après son départ de Trollhättan, où vivait le suspect de l'attaque, ce dernier lui a expliqué qu'il vivait "dans une église". "On est face à quelqu'un a priori sans domicile fixe", a précisé la Première ministre Elisabeth Borne, selon qui il s'agit d'un "individu a priori isolé." Il ne présente par ailleurs aucun "antécédent judiciaire".
"Aucun mobile terroriste apparent"
L'homme portait une croix chrétienne quand il a été interpellé. Dans son dossier de demande d'asile déposé en France, il s'est déclaré "chrétien de Syrie", a rapporté une source policière à l'AFP. Il a dit "au nom de Jésus Christ" au moment de l'attaque, peut-on entendre dans une vidéo de l'attaque.
"Il n'y a aucun mobile terroriste apparent. Une évaluation est en cours, comme c'est d'usage dans ce type de procédure, par le parquet national antiterroriste", a ajouté la procureure de la République, selon qui ses motivations restent "à déterminer".
Il ne se trouvait "ni sous l’emprise de stupéfiants ni de l’alcool". Mais, s'il venait à être mis en examen, sa responsabilité pénale resterait à déterminer par les experts psychiatres qui l'entendront.
Annecy sous le choc
"Beaucoup d’émoi, beaucoup d’émotion, beaucoup de peur." Le maire d'Annecy, François Astorg, a pris la parole pour évoquer l'émotion qui s'est emparée de la ville. "C'est une immense tristesse. Ce qu'il s'est passé ce matin est inacceptable. C'est effroyable (...) Mais c'est aussi de la colère, ce qui s'est passé est inacceptable", a déclaré l'édile (divers écologistes) au micro de France 3.
D'après des témoins, certains enfants étaient dans leur poussette quand ils ont reçu des coups de couteau, sous les yeux de leurs parents. Un autre homme présent sur les lieux raconte, par téléphone, à France Télévisions : "A ce moment-là, le papa avec l'enfant qui était touché, a posé l'enfant à nos pieds pour essayer de compresser une plaie qui était importante sur son enfant".
"La scène la plus choquante que j’ai vue, c’est quand il a essayé de poignarder l’homme qui s’est blessé. Il y avait du sang sur le couteau, et après je suis parti parce que j’avais peur. Il y a plein d’ambulances qui sont arrivées, un hélicoptère qui est arrivé", nous a raconté un adolescent qui a assisté à la scène.
Une cellule d'aide psychologique a été mise en place. La procureure de la République d'Annecy a fait état également "d'un certain nombre de victimes visuelles, qui n'ont pas été blessées à l'arme blanche mais qui ont été témoins et qui sont extrêmement choquées", notamment une classe d'élèves du lycée Berthollet d'Annecy, prise en charge par une cellule médico-psychologique.