L'auteur présumé de l'attaque au couteau d'Annecy, qui a fait six victimes ce jeudi matin, est actuellement entendu en garde à vue. L'homme de 31 ans, un réfugié de nationalité syrienne, avait obtenu l'asile en Suède. Il n'y a "aucun mobile terroriste apparent", selon la procureure.
"C'est tout notre pays qui est sous le choc." Six personnes, dont quatre enfants en bas âge, ont été blessées jeudi 8 juin à Annecy. L'attaque au couteau s'est déroulée sur une aire de jeu du Pâquier, sur les bords du lac d'Annecy, aux environs de 9h45.
La Première ministre Elisabeth Borne et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin se sont rendus sur place en début d'après-midi, se disant "bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable". La procureure de la République d'Annecy a également fait un premier point sur l'enquête ouverte du chef de "tentatives d'assassinat". L'auteur présumé des faits a été immédiatement interpellé et placé en garde à vue.
France 3 Alpes fait le point sur le profil de cet homme.
Un réfugié de nationalité syrienne
Abdalmassih H., l'agresseur présumé, âgé de 31 ans, est de nationalité syrienne. Il avait obtenu le statut de réfugié en Suède où il a vécu pendant 10 ans, par une décision du 26 avril 2023, avant d'entrer en situation régulière sur le territoire français où il avait cependant déposé une deuxième demande d'asile.
Sa demande en France était sans objet puisque l'homme était en séjour régulier du point de vue du droit européen. Selon son ex-femme interrogée par l'AFP, Abdalmassih H. aurait quitté la Suède car il n'a "pas réussi à obtenir la nationalité suédoise". Ce départ a eu lieu "il y a huit mois", selon elle.
Lors d'un rare échange après son départ de Trollhättan où vivait le suspect de l'attaque, ce dernier a expliqué à son ex-épouse qu'il vivait "dans une église" en France. Une commerçante du Pâquier dit l'avoir vu "s'asseoir sur un banc tous les jours depuis deux mois" dans ce parc situé sur les bords du lac d'Annecy.
L'homme portait une croix chrétienne quand il a été interpellé. Dans son dossier de demande d'asile déposé en France, il s'est déclaré "chrétien de Syrie", a rapporté une source policière à l'AFP. Il a dit "au nom de Jésus Christ" au moment de l'attaque, peut-on entendre dans une vidéo de l'attaque.
"Aucun mobile terroriste apparent"
L'agresseur présumé a été placé en garde à vue immédiatement après les faits. Il n'a pas été blessé "ou très légèrement", a indiqué la procureure de la République d'Annecy, Line Bonnet-Mathis, lors d'un point presse.
Une enquête, confiée à la direction centrale de la police judiciaire, a été ouverte du chef de "tentatives d'assassinat". Six personnes ont été blessées dont quatre grièvement, hospitalisées à Annecy et Genève.
"Il n'y a aucun mobile terroriste apparent. Une évaluation est en cours, comme c'est d'usage dans ce type de procédure, par le parquet national antiterroriste", a ajouté la procureure de la République, selon qui ses motivations restent "à déterminer".
Pas "d'antécédents judiciaires"
"On a pris contact avec tous les services judiciaires et les services de renseignement des autres pays, en Europe et au-delà. Ce monsieur n'a pas d'antécédents judiciaires ni d'antécédents psychiatriques", a déclaré la Première ministre lors d'un point presse.
"On est face à quelqu'un a priori sans domicile fixe et qui a un parcours migratoire en Europe", a précisé Elisabeth Borne selon qui il s'agit d'un "individu a priori isolé."
Le déroulé des faits
Vêtu d'un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, l'homme s'est dirigé vers les poussettes dans une aire de jeu et s'est attaqué à des enfants en bas âge, peut-on voir sur des images du drame. Les jeunes victimes ont entre de 22 et 36 mois.
Selon différents témoignages recueillis par France 3 Alpes, l'homme a tenté de s'enfuir de l'aire de jeu et attaqué une personne âgée avant d'être interpellé très rapidement par la police qui a ouvert le feu.
L'une des victimes de l'attaque aurait par ailleurs été atteinte par un tir policier, après avoir été blessée à l'arme blanche par l'assaillant. Une seconde enquête a été ouverte afin de faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles le fonctionnaire a ouvert le feu.
"L'enquête permettra de préciser à la fois le parcours, le profil de cet assaillant. Toute la lumière devra être faite", a assuré Elisabeth Borne.