La meneuse de jeu haut-savoyarde, Marie-Eve Paget, capitaine de l'équipe de France de basket 3x3, prépare les JO de Paris à temps plein. Pilier des Bleues, l'Annécienne espère faire partie des quatre filles qui décrocheront leur billet olympique. Rencontre à Voiron, en Isère, lors d'un stage des basketteuses.
Sur son maillot, elle porte toujours le même numéro : le 74. Celui de la Haute-Savoie, celui d'Annecy où elle a grandi, et où elle a débuté le basket à l'âge de 5 ans.
À bientôt 30 ans, Marie-Eve Paget est un pilier de l'équipe de France. La meneuse de jeu, régulièrement sélectionnée en équipe de France de basket 5x5, est aussi la capitaine des Bleues en 3x3.
Elle fait partie des huit joueuses retenues par la fédération pour préparer les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Comme le volley qui a sa version "plage", le basket se décline en deux formules aux JO : la version classique en 5 contre 5 et une version héritée du basket de rue, le 3 contre 3 sur un demi-terrain. L’équipe en tête au bout de dix minutes de jeu, ou la première à atteindre 21 points, remporte le match.
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Quatrièmes à Tokyo
Pour la première apparition du 3x3 aux JO, à Tokyo en 2021, les Françaises avaient décroché la médaille en chocolat. Marie-Eve Paget et ses coéquipières avaient été battues par la Chine lors du match pour la médaille de bronze.
"Tokyo, c'est Tokyo, ça sert à rien à rien de ressasser ce qu'il s'est passé", confie la joueuse haut-savoyarde. "Ça a été cruel pour nous Tokyo, finir au pied du podium, repartir sans rien, avec ce sentiment d'échec. Mais cette notion d'échec, je pense qu'elle est nécessaire à toute construction de succès derrière", déclare la meneuse de jeu, à Voiron lors d'un stage national.
Huit filles à temps plein pour le 3x3
Et de fait, les leçons ont été tirées. Cette année, les instances du basket ont voulu mettre toutes leurs chances dans le même panier en créant une équipe dédiée au 3x3. Huit filles ont donc été retirées de leurs parquets professionnels pour se préparer à temps plein pour les JO.
Marie-Eve Paget, qui évolue avec le club de Basket Landes, n'aura donc pas joué de l'année à Mont-de-Marsan.
"Ça fait depuis le mois de mai qu'on n'a pas joué en 5x5. C'est un choix, un engagement, d'autres parleront peut-être de sacrifice, d'autres d'effort mais moi je crois que c'est un choix qu'on a fait toutes délibérément et moi je suis persuadée que pour préparer une telle échéance, plus on a de temps, mieux c'est", indique la basketteuse.
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Neuf mois de préparation spécifique
"Ça nous laisse le temps d'approfondir tous les apprentissages, de mieux nous connaître donc forcément tout ce qu'on va vivre ensemble cette année, tout ce que l'on va créer, ça nous servira forcément pour les Jeux", poursuit-elle.
Technique de tir individuel, endurance fondamentale, renforcement musculaire et bien sûr stratégie en équipe, les filles ont neuf mois pour gommer les automatismes du basket 5x5 et conforter les réflexes du 3x3. Avant les JO de Tokyo, elles n'avaient pu se retrouver que deux mois et demi.
Je suis persuadée, qu'à la fin, ça nous rendra toutes individuellement plus fortes, le collectif plus fort aussi et, quand on reviendra au 5x5, on sera de meilleures joueuses
Marie-Eve PagetMeneuse de jeu de l'équipe de France de basket 3x3
En attendant le grand rendez-vous de Paris, elles participent à des tournois, et à des stages dont nombre se déroulent dans notre région, de Vichy à Voiron en passant par La Plagne. Mais elles bénéficient aussi de temps de repos, de quoi garantir leur fraîcheur physique, elles qui, en 5x5, jouaient deux matches par semaine.
"On a vraiment le temps de faire du travail physique, de faire du travail autre que collectif et ça c'est vraiment inédit. Moi je suis persuadée, qu'à la fin, ça nous rendra toutes individuellement plus fortes, le collectif plus fort et quand on reviendra au 5x5 on sera de meilleures joueuses", déclare la jeune femme.
"Elle amène un gros côté professionnalisme"
Reste que quatre joueuses seulement décrocheront leur billet olympique. Marie-Eve Paget, capitaine tricolore, espère être de la fête.
"Des Jeux à la maison, il y a beaucoup plus d'attentes, beaucoup plus de pression, on le sait, elle est là. Mais moi, quand j'y pense, je me dis qu'on va être galvanisées par le public qui va être derrière nous, qui va nous soutenir et c'est peut-être ce petit supplément d'âme qui va nous permettre de faire l'effort de plus", assure la basketteuse.
"Ça va être une fête incroyable. Et pour les sportifs qui vont y participer, ce sera une chance et quelque chose qu'ils n'oublieront jamais. Les jeux à la maison c'est une fois par siècle", dit-elle.
Fidèle à elle-même, Marie-Eve Paget donne tout ce qu'elle a pour avoir cette chance.
"Je pense qu'elle amène un gros côté professionnalisme. Elle a une approche extrêmement déterminée dans son engagement dans les entraînements et sur tous les à-côtés et je crois que ça, ça irradie aussi sur l'ensemble du groupe", estime Yann Julien.
"On a besoin de ce type d'exemples là dans l'investissement et là-dessus Marie-Eve, elle est absolument parfaite, dans l'investissement à l'entraînement mais aussi sur tous les à-côtés qu'on appelle nous les gains marginaux. Les gains marginaux quand on les cumule, à la fin, c'est ce qui fait la différence et là-dessus, elle a un vrai leadership", conclut l'entraîneur de l'équipe de France de basket 3x3.
Les Bleues vont pouvoir se jauger face aux meilleures équipes du monde lors de quatre étapes du circuit international « FIBA 3x3 Women’s Series » se déroulant en France. Les joueuses de Yann Julien disputeront ainsi les étapes de Marseille (fin mai), de Clermont-Ferrand (mi-juin), d'Orléans (fin juin) et de Bordeaux début juillet avant de rejoindre l’INSEP pour achever leur préparation.