Depuis le début de l'année, les épisodes pluvieux se sont multipliés. Conséquence : dans le milieu du bâtiment et des travaux publics, les entreprises doivent adapter leurs chantiers. Plusieurs semaines de retard s'accumulent depuis le début d'année.
La terre encore grasse, glissante révèle les fortes précipitations de ces dernières semaines. Les travaux de remblaiement de ce chantier au nord d'Annecy (Haute-Savoie) ont même dû s'arrêter quelques jours, en attendant l'accalmie.
"C'est très compliqué, quand on est dans des terrains terreux où le terrain absorbe l’eau, c’est très gras, décrit Jean-Charles Favre-Félix, chef de chantier en travaux public à Mithieux TP. Là, on est en train de faire des remblais. Ce sont des matériaux que l’eau compacte par couches. Si c’est trop mouillé, c'est incompactable. On est obligés d’attendre que ça sèche ou de repousser cette intervention."
Un calendrier raccourci
Un peu plus loin dans l'agglomération, un autre chantier, cette fois-ci sur la voie publique, a pris un mois de retard. Impossible d'appliquer l'enrobé sur la route par temps de pluie.
“La plus grosse période" pour réaliser des travaux s'étend de "début mai jusqu’à fin novembre", note Cyril Lafon, chef de chantier en application d'enrobé à Eurovia. "Et là, cette année, avec les conditions météorologiques, on a eu vraiment beaucoup de jours d’arrêt. Des jours de pluie qui tombent au mauvais moment, qui font que ça décale énormément les chantiers.”
Difficile de "satisfaire tous les clients" avec "cette météo capricieuse". "Il faut faire comprendre à tout le monde que c’est compliqué de déplacer du matériel alors que l’on sait qu’il ne va pas servir. On essaye de faire au plus pressant."
S'adapter tant bien que mal
Il est encore tôt pour estimer les conséquences de ces intempéries sur le chiffre d'affaires des entreprises concernées. Les premières estimations seraient d'environ 10 %. "Aujourd'hui, les entreprises encaissent plutôt bien ces décalages de chantier. En tout cas, c’est toute l’agilité qu’on demande aux chefs d’entreprise. C’est de pouvoir jongler un petit peu entre les équipes. Ceux qui peuvent tourner et ceux qui ne peuvent pas tourner", indique Olivier Aubert, président de la Fédération BTP 74.
"La vraie difficulté, je pense qu’elle pourra peut-être se mesurer sur du moyen terme. Avec des grosses pertes de rentabilité. Ce ne sont pas des choses que l’on peut mesurer à l’instant T. C'est un phénomène encore plutôt récent", poursuit le responsable.
Une réflexion globale est en cours au sein de la filière BTP pour mieux indemniser les entreprises tributaires de la météo et surtout s'adapter face à la crise climatique. "Hier, le risque météorologique c’étaient les hivers très rigoureux avec de grosses quantités de neige, note Olivier Aubert. Aujourd'hui, ce régime d'intempéries s'élargit sur toute l'année."
Parmi les pistes d'adaptation envisagées : le décalage des horaires de chantier et la possibilité pour les entreprises "de préfabriquer au maximum les bâtiments" en dehors des sites de construction.