Au-dessus du lac d’Annecy, la forêt du Semnoz est victime du réchauffement climatique. Les épisodes de sécheresse affaiblissent les arbres et en font une cible privilégiée pour le scolyte, un insecte parasite. Résultat : la forêt s'assèche et plus de 7 000 arbres doivent être abattus.
On l’appelle le poumon vert d’Annecy. Le massif du Semnoz est le terrain de jeu des habitants, mais depuis quelque temps, la carte postale est en train de changer.
Vu du ciel, des taches grises apparaissent au milieu des larges étendues de branches vertes. Les arbres sont malades et meurent petit à petit à cause du scolyte.
Responsable à l’Office National des Forêts, Maxime de Banizette connaît bien ce petit parasite, qui ne mesure que quelques millimètres et se cache sous l’écorce des troncs. "On a une galerie principale où le mâle va s'accoupler avec deux femelles qui vont pondre. Ensuite les larves vont se développer dans des galeries latérales, explique-t-il en passant le doigt sur les rainures creusées dans l’écorce. Toutes ces galeries vont couper la circulation de la sève. Donc elle n’arrivera plus à circuler et l'arbre va sécher très rapidement ".
Les arbres malades, essentiellement des épicéas, sont en train d’être coupés à coups de tronçonneuse. Au total, soixante-dix hectares sont infestés par le parasite.
Sa présence n’est pas nouvelle, mais elle est accentuée par le dérèglement climatique. "Comme c'est un massif calcaire des pré-Alpes, les sols sont très pauvres et ils ont peu de réserve en eau, explique Julien Masse-Navette, technicien forestier à Office National des Forêts. Donc effectivement, les arbres du Semnoz sont très sensibles aux sécheresses à répétition qu'on connaît depuis 2017-2018. Elles ont fragilisé les arbres et ouvert la porte à cet insecte".
7000 arbres abattus
Les 7000 arbres abattus seront revalorisés sous forme de mobilier urbain, de combustible ou de copeaux de bois pour l’agriculture.
Pour toute la filière, cet épisode est aussi l’occasion de s’interroger sur la gestion des forêts à long terme. "Dans ces abattages, il y a un gros effort qui a été fait au niveau technique pour laisser des arbres sur pied, souligne Chloé Rivière, adjointe en charge de la nature en ville à la Mairie d'Annecy. Parce qu'un arbre mort et sec, ça a beaucoup de valeur au niveau de la biodiversité aussi. Il y a un travail pour cibler les coupes, et aussi se demander quelles espèces planter pour que la forêt soit résiliente dans 150 ans."
"On voit bien qu’aujourd’hui, cette forêt ne supporte plus le climat. Il faut qu'on imagine la forêt de demain pour qu'elle continue d'apporter tous ses services et être utile à l'homme", ajoute Maxime de Banizette.
Dès cet automne, 4 000 arbres vont être replantés. Les techniciens de l’ONF privilégieront des essences méditerranéennes mieux adaptées au changement climatique, pour redonner des couleurs à la forêt du Semnoz.