Après 14 ans de travaux et un chantier pharaonique, la centrale hydroélectrique de pompage-turbinage de Nant de Drance, en Suisse, a démarré ses activités depuis deux mois. Une construction gigantesque avec près de 2 milliards d'euros d'investissement pour construire la nouvelle batterie électrique de l'Europe. Reportage.
Dans les Alpes suisses, près du Mont-Blanc, à 600 mètres sous la roche mais à une altitude de 1700 mètres fonctionne désormais la toute puissante centrale hydroélectrique de pompage-turbinage de Finhaut-Emosson.
Elle est située entre deux barrages à des altitudes différentes : "Ici, le site était très favorable pour mettre en place une construction de centrale pompage-turbinage, car nous avions deux lacs existants. Nous avons simplement agrandi un peu le lac supérieur en surélevant le barrage," explique Alain Sauthier, le directeur de la centrale.
Dans cette centrale, baptisée Nant de Drance et mise en service il y a quelques mois après 14 années de travaux, sont produites mais surtout stockées d’énormes quantités d’électricité : "L’intérêt de Nant de Drance, c’est de transférer l’énergie d’un moment où on n'en a pas besoin. Par exemple, si on a trop de production d’énergie solaire ou éolienne, on va pouvoir stocker cette électricité et la restituer au moment où on en aura besoin. C'est comme une énorme batterie. On peut régénérer l'électricité au moment opportun, lors des pointes journalières le matin ou le soir," ajoute le directeur de la centrale.
"900 000 fours à raclette"
La centrale de Nant de Drance est l’une des plus puissantes d’Europe. À chaque seconde qui passe, 360 mètres cubes d'eau circulent à travers six turbines de pompage pouvant produire 900 MW d'énergie. La centrale peut également stocker jusqu'à 20 millions de kWh, ce qui équivaut à la capacité de stockage de 400 000 batteries de voitures électriques : "Maintenant, en termes de puissance on a une puissance de 50 MW, ce qui correspond à 900 000 fours à raclette." C’est-à-dire pratiquement la puissance d’une centrale nucléaire.
Mais malheureusement, ces pompes ne suffiront pas à changer la donne pour cet hiver : "Le problème, c’est si on a un hiver rigoureux, froid et sec, on aura probablement des difficultés et on devra adapter pour une fois la consommation à la production et non l’inverse," conclut le directeur.
Le reportage d'Ingrid Pernet-Duparc Serge Worreth et Gilles Neyret