Après le décès de Bernard Tapie survenu ce dimanche 3 octobre 2021 à l’âge de 78 ans, revenons sur son passage en Haute-Savoie. L’homme rachète en 1981, l’entreprise Terraillon à Annemasse pour un euro symbolique, "dans le but de sauver les salariés". C'est tout l'inverse qui se produit...
Bernard Tapie avait construit dans les années 1980, un petit empire industriel en rachetant à prix cassés des entreprises en difficulté, rares sont celles que l’homme d’affaires a réussi à faire prospérer. Parmi ces entreprises Terraillon, une société spécialisée dans le pèse-personne à Annemasse, qu’il avait rachetée pour un franc symbolique.
Guy Mairot et Robert Borrel s’en souviennent encore. L’un est alors directeur du bureau de recherche et développement au sein de l’entreprise et l’autre est le maire d’Annemasse. Aujourd'hui, après la mort de Bernard Tapie, ils nous racontent comment l'homme d'affaires a "entraîné Terraillon vers sa chute".
Une arrivée fracassante
Nous sommes en 1981, l’entreprise Terraillon va mal. Les 550 salariés qu’emploie l’entreprise sont menacés. Tapie arrive avec de l'ambition et beaucoup de promesses. « Tapie à 40 ans, il était flamboyant… Flamboyant ! Une grande gueule, beau, il présente bien, il est sûr de lui, sportif… Enfin, le playboy absolu quoi ! Et à cette époque, il était connu pour racheter des entreprises, »
Les salariés lui font confiance et les premiers pas de Tapie dans l’entreprise sont foudroyants, l’homme fait l’unanimité : "Les gens l'accueillent comme on peut accueillir l'envoyé du ciel, ils sont émerveillés à ce moment-là", raconte Robert Borrel, l’ancien maire d’Anemasse.
"Il avait toujours deux coups d’avance. Pendant les réunions on se disait toujours mais pourquoi on n’y a pas pensé", ajoute Guy Mairot, directeur du bureau de recherche et de développement au sein de Terraillon.
La chute
Mais cela ne va pas durer. Au bout de quelques mois, la situation se dégrade.
Il a fait du foot, de la politique… Il a fait tellement d'autres choses qu'il n'a plus rien fait pour ses entreprises.
Quelques années plus tard, l’entreprise accuse des millions de francs de perte et n’emploie plus que 160 salariés sur les 550. En 1986, une salariée déplore, devant nos caméras, le manque d’investissement de Bernard Tapie : "Il aurait fallu un petit peu d'investissement dans l'entreprise, alors que Monsieur Bernard Tapie, depuis qu'il est ici, n'a jamais mis un centime dans la production." A l'époque, l'homme d'affaires reconnaît ses erreurs. "On a souffert d'une chose et cette expérience nous montre qu'il ne suffit pas de faire son métier d'industriel, il faut aussi savoir communiquer et on l'a mal fait."
Communiquer, c'était justement le savoir-faire de Bernard Tapie. Pourtant, il a entraîné Terraillon vers la chute. En 1994, la société est reprise par le Crédit Lyonnais avant d'être revendue à un fonds d'investissement. Aujourd'hui l'entreprise existe toujours.
C'est la SCAIME, elle est installée à la place de Terraillon et est aujourd'hui l'un des leaders mondiaux du pesage avec 90 collaborateurs.