"Je paie une maison que je n’ai pas" : en Haute-Savoie, leurs logements pourraient être détruits avant même d'être achevés

A Cluses, en Haute-Savoie, plusieurs propriétaires vivent un véritable cauchemar. Leurs maisons, à peine achevées, devraient être détruites en raison de malfaçons.

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"Je paie une maison que je n’ai pas", soupire Nadia Barbe, l’une des propriétaires du projet immobilier nommé Evanescence, situé à Cluses, en Haute-Savoie.

En mars 2022, cette mère de deux enfants décide de signer, sur conseil de son notaire, l'achat d'une maison mitoyenne neuve composée de quatre chambres et d’un jardin, en Véfa (vente en l'état futur d'achèvement, ndlr).

C'était un projet de vie, une reconstruction après une séparation.

Nadia Barbe, propriétaire

à France 3 Alpes.

Mais ce projet tourne rapidement au cauchemar pour Nadia et ses voisins, qui auraient dû emménager au moins de juin 2022.

Un chantier à l'arrêt et des mois d'attente

Le chantier, qui a démarré en 2019, a été retardé à plusieurs reprises avant d’être totalement mis à l’arrêt en raison de malfaçons. "On m'a simplement dit que l'entreprise de maçonnerie avait déposé le bilan et que ça retardait la livraison" de quelques semaines, affirme Nadia. Puis le temps passe et cette dernière contacte sans relâche le promoteur, sans nouvelle. Ce n'est que fin août qu'elle entendra le terme de "malfaçons". Puis, en octobre 2022, elle recevra un rapport d'expertise relatant une non-conformité totale des bâtiments.

J’ai mon prêt, le loyer de ma location et le surmenage. C’est hallucinant de vivre des choses comme ça.

Nadia Barbe, propriétaire

à France 3 Alpes.

En attendant, la propriétaire, qui rembourse son prêt, a déjà investi 290 000 euros soit plus de 80 % du montant total. Sans nouvelle du constructeur Amétis, elle dénonce le silence des professionnels. "On ne m’a rien proposé, pas de dédommagement financier et je n’ai pas de perspective pour l’avenir".

On m’a dit que peut-être, au mieux, ma maison sera démolie et reconstruite à partir de 2024, si tout va bien.

Nadia Barbe, propriétaire

à France 3 Alpes.

La colère des propriétaires

Le projet immobilier du constructeur Amétis comprend cinq maisons en Véfa et 16 logements en location accession. Mais aujourd’hui, les maisons inachevées sont vides, laissées à l'abandon. Sur certaines maisons, "la ferraille ne va pas jusqu’au bout dans certains murs" et "certaines briques ne sont pas droites, assemblées comme un puzzle sans colle". "Mon balcon s’effrite, certains murs se cassent" détaille Sophie Beguin, une autre propriétaire, excédée, qui affirme être dans "une incompréhension totale".

Comment peut-on construire une maison sans voir ces malfaçons et faire débloquer des fonds aux familles ?

Sophie Beguin, propriétaire

à France 3 Alpes.

"Ils m’ont mise dans une situation financière plus que compliquée", ajoute Sophie Beguin qui aimerait trouver des solutions rapidement.

"Nous sommes les pigeons finaux", souffle Kaïs Zouaoui, muni du dossier d’expertise. "On nous a menti" ajoute le propriétaire d’une maison de 320 000 euros. Ces voisins restent unis dans ce cauchemar mais se sentent "lésés et abandonnés".

Le groupe Ametis répond

De son côté, la direction du groupe Ametis assure vouloir renouer le dialogue avec les acquéreurs.

"Le groupe Ametis existe depuis 20 ans" explique Christophe Perez, le directeur général.

C’est une situation tout à fait inédite.

Christophe Perez, le directeur général du groupe Ametis

à France 3 Alpes.

"La seule procédure que l’expert a validé est la déconstruction pour la reconstruction" affirme le président du groupe Amétis qui assure avoir pris la décision d’accompagner financièrement les acquéreurs. Deux des cinq propriétaires seraient concernés. "On a même proposé à nos clients de se retourner avec eux contre les entreprises çà l’origine des malfaçons", mais ces derniers auraient refusé selon le groupe Ametis.

"On comprend très bien la problématique que rencontrent les propriétaires" continue Régis Château, le directeur délégué qui affirme attendre désormais le feu vert de l’assurance. "La bonne nouvelle" poursuit Christophe Perez, "c’est que nous aurons bientôt toutes les expertises définitives qui permettront d’estimer la valeur du préjudice et de reprendre les travaux dans de bonnes conditions".

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