COLD CASE. Dix-neuf ans après la disparition de sa fille Khadidja Bengrine en Bretagne, Djamila K., qui habite à Annemasse en Haute-Savoie, a repris espoir depuis la mise en examen de l'ancien compagnon de la jeune femme dans cette affaire la semaine dernière. Elle témoigne.
Il y a chez elle de la tristesse, une grande tristesse. Mais depuis la semaine dernière, il y a aussi de l'espoir et un peu de soulagement. "Depuis que j'ai des nouvelles, je suis contente", témoigne à France 3 Alpes Djamila K., qui habite à Annemasse, en Haute-Savoie.
Le 15 juin dernier, un homme a été mis en examen dans le cadre d'une ouverture d'information judiciaire "du chef de séquestration suivie de mort", par le pôle des crimes non élucidés du tribunal de Nanterre, pour la disparition mystérieuse de sa compagne en 2004 en Bretagne. Cette compagne, c'est Khadidja Bengrine, la fille de Djamila K.. "Je n'arrive pas à dormir, surtout maintenant avec ces recherches", relate la mère.
Ma cliente n'avait jamais cessé de se battre pour retrouver sa fille
Me Caty Richard, avocate de Djamila K.
A l'été 2004, Khadidja Bengrine, alors âgée de 19 ans, disparait du logement qu'elle partageait avec le suspect à Quimperlé, dans le Finistère. Sa mère se souvient parfaitement des derniers mots échangés par téléphone avec sa fille, au printemps 2004. "Elle m'avait dit : 'Je veux rentrer à la maison, Philippe m'arnaque. Je veux rentrer, j'arrive à Annemasse à 21 heures.' Je suis allée à la gare, elle n'est jamais arrivée", raconte la mère.
Djamila K. s'est battue dès 2004 pour connaître la vérité sur la disparition de sa fille. "Ma cliente n'avait jamais cessé de se battre pour retrouver sa fille. Une disparition, c'est ce qu'il y a de pire à vivre pour une famille", avance son avocate, Me Caty Richard.
"Des investigations ont été diligentées à la demande notamment de sa mère en 2004, 2005, 2006, 2008 et 2010, sans succès. Une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Quimper a été classée sans suite le 5 juillet 2013", précise le parquet de Nanterre.
J'ai 63 ans, je suis malade. Ma fille est toujours dans ma tête. Tout le monde souffre, personne n'est bien
Djamila K.
Dix ans vont s'écouler jusqu'à ce que le parquet du pôle des crimes sériels ou non élucidés ne se saisisse de l'affaire. L'association Assistance et recherche des personnes disparues (ARPD) et en particulier Philippe Folletet, n'a jamais cessé de soutenir Djamila K., en se rendant notamment en Bretagne. L'ARPD a joué un grand rôle dans la réouverture de l'enquête. Ce qui a conduit à relancer les investigations dans le cadre d'une nouvelle enquête préliminaire, le 26 juillet 2022, avant ces fouilles dans l'ancien logement du conjoint. Mais aucune trace de Khadidja Bengrine.
Pas de quoi décourager sa mère, ni l'avocate de cette dernière pour autant. "Si on avait retrouvé le corps de sa fille, ma cliente aurait été la première prévenue. On peut penser que ces fouilles ont été sans résultat, maintenant, on a toujours un espoir que mis en examen, il parle. Il restera toujours de l'espoir, des raisons de se battre pour essayer de connaitre la vérité. On va se constituer partie civile", explique Me Caty Richard.
Djamila K., en sanglots, veut savoir "où est le corps de (sa) fille, comment il l'a tuée. Je veux qu'il parle, qu'il dise la vérité, comme ça, je pars tranquille. J'ai 63 ans, je suis malade. Ma fille est toujours dans ma tête. Tout le monde souffre, personne n'est bien".
Cet homme purge actuellement une peine dans un autre dossier. Selon le parquet de Quimper, il a en effet été condamné en mai 2022 par la cour d'assises du Finistère à 12 ans de réclusion criminelle pour le viol de sa belle-fille et pour l'agression sexuelle d'une amie de cette dernière.
Interrogé sur la disparition de son ex-compagne durant ce procès, l'accusé avait assuré que la jeune femme avait disparu sans donner de nouvelles, d'après la même source. "D'autres investigations ont également été réalisées ces derniers jours, notamment des recherches pour retrouver la trace de la disparue, mais toutes se sont avérées négatives", précise le parquet de Nanterre.