Depuis le 1er janvier, un nouveau règlement qui modifie la répartition des équipes de pompiers en Haute-Savoie suscite la colère des soldats du feu. Ils dénoncent des baisses d'effectifs la nuit, risquant d'allonger les délais d'intervention. Un mouvement de grève pourrait débuter ce jeudi 9 janvier.
Depuis le 1er janvier, un nouveau règlement en vigueur concernant la réorganisation des équipes de pompiers de la Haute-Savoie a mis le feu aux poudres. Celui-ci prévoit une nouvelle répartition des équipes, entraînant des baisses d'effectifs la nuit.
Le nouveau règlement départemental repose sur l'analyse de données statistiques relatives à l'activité des pompiers. L'année dernière, sur les 56 000 interventions effectuées en Haute-Savoie, un quart ont eu lieu durant la nuit.
Ce qu'on a voulu faire, c'est mettre de la ressource en journée, là où on avait vraiment le plus besoin.
Nicolas Marillet, directeur du Sdis 74
"Nos interventions ont lieu essentiellement en journée : 75 % des interventions ont lieu entre 7 heures et 22 heures. En nuit profonde, l'activité est bien moindre. Ce qu'on a voulu faire, c'est mettre de la ressource en journée, là où on avait vraiment le plus besoin et ce sont surtout les pompiers professionnels qui sont en capacité et disponibles en journée", explique Nicolas Marillet, directeur du Service départemental d’incendie et de secours de Haute-Savoie (Sdis 74).
En France, le modèle de sécurité civile repose sur une complémentarité entre les pompiers professionnels et les bénévoles. Cependant, en Haute-Savoie, selon Nicolas Marillet, les pompiers volontaires sont en grande majorité indisponibles en journée.
"Nos pompiers volontaires, en journée, sont tous au travail donc très peu disponibles. Alors qu'à l'inverse, ce sont des gens qui sont très disponibles la nuit et les week-ends pour répondre aux opérations de secours", précise-t-il.
Le secours à victimes, les incendies, les accidents de la route, ce ne sont pas des statistiques, c'est la réalité et malheureusement, on ne choisit pas quand cela arrive.
Antoine Nicolas, secrétaire du syndicat autonome SPP-PATS 74
Avec ce nouveau règlement, les équipes des sapeurs-pompiers, moins nombreuses pour les gardes de nuit, seront plus importantes en astreinte à leur domicile. À la caserne d’Annemasse, depuis le début d’année, 19 pompiers sont ainsi présents en journée contre 17 à 18 auparavant.
"On a revu les effectifs de la nuit à la baisse, mais c'est à la marge. On a réduit d'une ou deux unités. Les effectifs sont toujours conséquents", assure Nicolas Marillet avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la société a évolué : être de garde toutes les nuits, dormir à la caserne pour moins d'une intervention par semaine, est-ce encore acceptable ?"
Une réorganisation qui n'est pas du goût des soldats du feu. "La direction a utilisé un logiciel informatique basé sur de l'intelligence artificielle qui a analysé des données pour prendre cette décision. Sauf que les secours à victimes, les incendies, les accidents de la route, ce ne sont pas des statistiques, c'est la réalité et malheureusement, on ne choisit pas quand cela arrive", argumente Antoine Nicolas, secrétaire du syndicat autonome SPP-PATS 74.
Début de la grève jeudi
Le mouvement de protestation qui est parti de la caserne des sapeurs-pompiers d'Annemasse gagne actuellement du terrain. "C'est un mouvement qui est parti de la base, des agents et des personnels dans les casernes. Principalement du centre de secours d'Annemasse par rapport à toute cette refonte, tous ces changements de règlements. Ce qui pose majoritairement problème, c'est la baisse des effectifs la nuit dans différents centres. Dans certains centres, on peut avoir des baisses jusqu'à 50 % en garde postée entre la journée et la nuit", détaille-t-il.
On va se retrouver avec des départs qui vont être pris avec des délais beaucoup plus grands, et donc beaucoup plus de risques pour la population et beaucoup plus d'insécurité pour nous.
Antoine Nicolas, secrétaire du syndicat autonome SPP-PATS 74
Pour Antoine Nicolas et ses camarades, cette réorganisation pourrait rallonger les délais d'intervention. "Sur des différences de potentiel comme ceux-ci, on va se retrouver avec des départs qui vont être pris avec des délais beaucoup plus grands, et donc beaucoup plus de risques pour la population et beaucoup plus d'insécurité pour nous", craint-il.
Risque de suppression du 13e mois
Les revendications portent aussi sur le temps de travail et la possible suppression du treizième mois. Alors qu'un préavis a été déposé le 3 janvier, les pompiers de la Haute-Savoie pourraient entamer une grève dès ce jeudi.
De son côté, la direction assure que malgré le mouvement, les secours seront assurés grâce à des réquisitions de personnel.