Condamnée à cinq ans de prison ferme pour vol, escroquerie et séquestration en 2013, à l'encontre de Robert, un ancien prof d'Annemasse, Patricia Dagorn comparait à Nice," pour assassinat et empoisonnement"
Présentée par l'accusation comme une empoisonneuse en série venue piéger de riches veufs de la Côte d'Azur, Patricia Dagorn comparaîtra ce lundi 15 janvier à Nice pour assassinat, empoisonnement et administration de substances nuisibles à quatre vieux messieurs, dont deux sont morts dans des conditions suspectes.
Des petites annonces ciblant des hommes jusqu'à 80 ans et plus, puis des médicaments, de l'alcool et des cajoleries, et une bonne dose d'aplomb pour obtenir des procurations, des chèques ou des legs en sa faveur: c'est ce cocktail délétère, fatal à deux hommes selon le parquet, qui est reproché à l'accusée de 57 ans.
Condamnée en 2013 en Haute-Savoie
Incarcérée depuis 2012 et déjà condamnée à 5 ans de prison en 2013 en Haute-Savoie pour vol, escroquerie et séquestration dans une affaire similaire, Patricia Dagorn risque cette fois la perpétuité devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes.
"Elle conteste l'intégralité des faits reprochés, même les vols", indique Me Georges Rimondi, son avocat qui plaidera l'acquittement de celle qui est parfois surnommée "L'Empoisonneuse" ou "La Veuve noire de la Côte d'Azur". "Elle a hâte de pouvoir s'expliquer", assure son second avocat Me Cédric Huissoud, décrivant une femme très éprouvée par la prison.
L'enquête de personnalité menée pendant l'instruction a décelé chez l'accusée une attitude vénale et sans scrupule, un psychiatre la comparant à Marie Besnard, accusée d'avoir empoisonné 12 personnes à Loudun (Vienne) et acquittée en 1961 dans une affaire restée une des plus grandes énigmes judiciaires françaises.
Les soupçons se sont portés une première fois sur Patricia Dagorn en juillet 2011, après la découverte dans un hôtel meublé de Nice du cadavre d'un sexagénaire, un marginal, Michel Kneffel, avec qui elle vivait. Aucune charge n'était cependant retenue contre elle et personne n'en aurait jamais plus entendu parler si Patricia Dagorn ne s'était pas fait remarquer en Haute-Savoie l'année suivante.
" Grand amour "
En mai 2012, Patricia Dagorn y fait la connaissance à Annemasse d'un veuf de 87 ans, Robert Mazereau, qui accepte de l'héberger en échange de relations sexuelles, avant d'être agressé.
L'affaire, qui lui vaut sa première condamnation à 5 ans de prison en 2013, relance le dossier Kneffel avec la découverte dans les affaires de Patricia Dagorn de flacons de valium et de documents au nom d'une dizaine d'hommes différents, du simple RIB jusqu'au chéquier en passant par des copies de papiers d'identité ou de carte vitale.
Les enquêteurs remontent aussi la piste jusqu'à un autre assassinat présumé, celui de Francesco Filippone, 85 ans, retrouvé en état de décomposition avancée chez lui dans sa baignoire en février 2011 à Mouans-Sartoux. Quelques jours avant, Patricia Dagorn encaisse un chèque de 21.000 euros de M. Filippone. L'octogénaire voulait l'aider à monter une bijouterie, assure-t-elle.
Au total, Patricia Dagorn, arrivée de Sarrant (Gers), aurait connu au moins une vingtaine d'hommes sur la Côte d'Azur de 2011 à 2012, principalement par le biais d'une agence matrimoniale. La plupart en ont été quitte pour des demandes d'argent, la rédaction d'un testament, le vol de documents divers ou dans certains cas, une plainte pour viol.
Deux d'entre eux, Ange Pisciotta, 82 ans, et Robert Vaux, 91 ans, parties civiles, devraient témoigner au procès qui s'ouvre lundi.
Jugée pour les assassinats de Michel Kneffel et de Francesco Filippone, Patricia Dagorn est aussi accusée d'avoir administré à MM. Pisciotta et Vaux des médicaments pour les affaiblir, lors d'un dîner chez lui à Nice le 26 décembre 2011 pour le premier.
Le second, croyant au grand amour avant de déchanter, l'hébergeait à Fréjus début 2012 et avait vu sa santé décliner de façon alarmante, au moment où Patricia Dagorn, elle, contactait son notaire.
Diplômée de droit et divorcée d'avec un mari condamné pour escroquerie, l'organisation de faux lotos et de remises de dette falsifiées, Patricia Dagorn avait aussi été condamnée avec lui à un an avec sursis.