En mars dernier, le portrait d’Emmanuel Macron a été dérobé dans plusieurs mairies de la vallée de l’Arve en Haute-Savoie. Alors que le procès des "décrocheurs" approche (il est prévu le 17 octobre 2019), les plaignants se justifient : "Aucune cause ne peut justifier le vol".
Le 17 octobre prochain, 7 personnes seront jugées devant le tribunal de Bonneville en Haute-Savoie pour "vol en réunion".
Elles ont dérobé le portrait d’Emmanuel Macron dans les mairies de Sallanches, Domancy, Saint-Gervais et Passy pour alerter les pouvoirs publics et les élus sur les problèmes de pollution dans la vallée de l’Arve.
Récemment nous avons donné la parole à ces décrocheurs.
Aujourd'hui c'est celle des plaignants que nous avons recueillie. Les maires de Saint-Gervais et Passy nous expliquent pourquoi ils ont porté plainte. Ils ne prennent pas cette affaire à la légère, tant sur la forme que sur le fond.
Un symbole républicain
Les maires qui portent plainte sont avant tout choqués que l'on s'attaque à un symbole républicain. Pour eux, la présence du portrait dans une mairie est "indispensable".
Même si elle n'est pas obligatoire, il y a une tradition républicaine qui veut que la photo du président, quelle que soit son étiquette politique, trône dans la salle du conseil municipal.
Les employés de mairie manipulés
Jean-Marc Peillex, maire DVD de Saint-Gervais ne décolère pas : " ils ont trompé le personnel, ils ont fait croire qu’ils venaient voir la salle pour faire un mariage (…) ce n’est plus de la cause politique c’est vraiment une mauvaise intention. C’est du vol et c’est inadmissible". "Il n’y a aucune cause qui peut justifier le vol."
Le maire DVD de Passy, ancien gendarme, renchérit : "l’infraction de vol est constituée avec cette circonstance particulière qui est la ruse."
Les décrocheurs se trompent de cible
Pour Jean-Marc Peillex et Patrick Kollibay, les décrocheurs se trompent de cible.
"On fait depuis 2003 des campagnes environnementales importantes" se défend le maire de Saint-Gervais et "je ne les ai jamais vu, jamais un soutien. Peut-être que soutenir un maire ça leur tord les boyaux."
Le maire de Passy de son côté regrette : "C’est toujours les maires qui prennent (…) on est le seul interlocuteur. Dès l’instant qu’on monte dans les instances on se rend compte que l’on n’a pas toujours quelqu’un avec qui échanger."
Les "décrocheurs" et les maires de la vallée de l'Arve qui ont porté plainte se retrouveront au procès le 17 octobre prochain.
Au mois de septembre, des "décrocheurs" avaient été relaxés à Lyon.
Reste à savoir si ce jugement fera jurisprudence à Bonneville la semaine prochaine.
>> Ci-dessous le reportage réalisé par Ingrid Pernet-Duparc et Serge Worreth pour le journal des Alpes du 10 octobre 2019