Un ou plusieurs loups ont attaqué, lors de deux nuits consécutives du 9 au 11 octobre, un troupeau de brebis qui se situait à proximité d'une exploitation à Manigod, en Haute-Savoie. En tout, 23 bêtes ont été tuées, selon le décompte de l'éleveuse et une dizaine d'autres ont été blessées.
En l'espace de 48 heures, un éleveur dit avoir perdu 23 brebis. Toutes ont été attaquées par un ou plusieurs loups lors de deux nuits consécutives du 9 au 11 octobre sur la commune de Manigod, en Haute-Savoie. La première attaque a eu lieu, au sein de l'exploitation d'Yves Veyrat-Durebex alors qu'elles étaient dans un parc protégé.
La seconde s'est déroulée à 500 mètres de l'exploitation. "À chaque fois, il y avait des filets de protection. Le parc était électrifié et il y avait aussi un patou. Hier soir, mon mari est même allé surveiller jusqu'à 22 heures les bêtes", explique Aurore Paccard, la fille de l'éleveur. Elle a comptabilisé quatorze blessées et six disparues. Avec son mari, elle a, sur la même commune, un élevage de vaches laitières. "Qu'est-ce qu'on peut faire de plus, quelles sont les solutions ?", déplore avec colère l'éleveuse.
Ce n'est pas première fois que des loups attaquent cette zone et cet élevage. Cet été, quelques bêtes ont disparu mais cela n'avait jamais atteint ces proportions. "D'habitude, à l'alpage, on a une dizaine de bêtes qui disparaissent", déclare l'éleveuse.
"Mon père a perdu 10 ans de travail en l'espace de deux nuits"
L'éleveur de 70 ans, Yves Veyrat-Durebex, devait transmettre dans peu de temps le troupeau de 200 brebis à sa fille et son beau-fils. Après la découverte de la deuxième attaque, il y a eu "des pleurs, de l'anéantissement. Mon père a perdu 10 ans de travail en l'espace de deux nuits, il n'a plus rien", déclare Aurore Paccard. Pour dénoncer cette situation, Aurore Paccard et sa famille ont décidé de transporter les cadavres des bêtes au milieu du village, "pour montrer aux gens".
Elle ajoute : "Aujourd'hui, on a envie d'arrêter de se donner du mal pour rien. C'est juste l'enfer de voir des brebis, qu'on a vu naître et grandir, avec des boyaux qui sortent...". Elle réclame le droit de "pouvoir se défendre" et "tirer en cas d'attaque"."Aujourd'hui, pour se défendre, c'est de l'administratif", proteste l'éleveuse.
Actuellement, il n'est pas possible de procéder à des tirs de défense sur des loups, en raison de son statut d'espèce strictement protégée. Des autorisations sont nécessaires, même si ces dernières ont été assouplies par le gouvernement en février dernier. Début octobre, Michel Barnier, le nouveau Premier ministre envisageait "d'augmenter la capacité de prélèvement" de l'espèce. Le quota en France est fixé à 19 % de la population recensée par an.
Ce vendredi 11 octobre, l'Office français de la biodiversité (OFB) et la Direction départementale des territoires (DDT) étaient présents sur l'exploitation pour dénombrer les bêtes tuées. Contactée, la gendarmerie confirme que plus d'une vingtaine de bêtes ont été tuées lors de ces deux dernières soirées et que les carcasses ont été exposées à Manigod. Elles doivent être enlevées dans la soirée.