Michel Barnier a estimé ce vendredi que la prochaine évaluation de la population de loups représenterait un possible "moment clé" pour augmenter les abattages. Le quota de prélèvements en France est fixé à 19 % de la population recensée par an.
La nouvelle évaluation officielle du nombre de loups en France, mi-décembre, pourrait représenter un possible "moment clé" pour augmenter les abattages, a estimé le Premier ministre Michel Barnier vendredi 4 octobre.
Une réunion du Comité national du loup mi-décembre "va confirmer l'évaluation du nombre de loups dans le pays, voir les dégâts qui ont été faits. Et je pense que c'est un moment clé pour augmenter la capacité de prélèvement", a déclaré M. Barnier, évoquant "les dégâts que fait le loup sur beaucoup d'exploitations, en cassant le moral des éleveurs".
Après les propos de Michel Barnier, depuis le Sommet de l'élevage à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), les services de Matignon ont précisé que le nombre d'abattages dépendrait bien de l'évolution du nombre de loups.
L'Hexagone compte environ un millier de loups et le quota d'abattage est fixé à 19 % de la population recensée par an. "Augmenter le quota de prélèvement de loups serait absolument contre-productif : il faut continuer à expérimenter les moyens de protection des troupeaux qui existent en accompagnant réellement les éleveurs au cas par cas", a réagi l'association de défense des animaux Ferus.
"Cette politique de régulation menée par l'Etat ne fonctionnera pas, elle est sans issue à long terme et ne repose sur aucun fondement scientifique", a estimé l'association, prônant des "mesures de protection non létales, l'effarouchement et un véritable dialogue avec les acteurs du monde pastoral" comme "seules solutions pérennes pour une cohabitation loups/métiers de l'élevage".
L'UE ouvre la voie à un allègement du statut de protection
Le Premier ministre a aussi salué vendredi le fait qu'il y avait "un mouvement sur cette question vers moins d'idéologie et plus de pragmatisme au niveau européen". Les États membres de l'Union européenne ont en effet donné fin septembre leur feu vert pour abaisser le statut de protection du loup, allant ainsi dans le sens des éleveurs malgré la levée de boucliers des associations environnementales.
Cette proposition doit encore être approuvée début décembre lors d'une réunion de la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage, avant une éventuelle modification de la législation européenne. Mais l'idée est de passer d'une "protection stricte" à une "protection simple", qui permettrait d'éliminer plus facilement les loups quand ils sont jugés trop nombreux dans certaines régions.
Face aux dégâts causés par les loups dans les fermes, "pour moi, l'homme reste au milieu (...), et la priorité", a déclaré Michel Barnier. Le Premier ministre était interrogé à la suite des propos d'un élu agricole de Haute-Saône, qui a appelé les éleveurs de son département à s'armer et à "taper" illégalement des loups après de nouvelles attaques de troupeaux. Des propos dénoncés par le préfet et la ministre chargée de l'Environnement.