Avalanche mortelle au Mont-Blanc : deux alpinistes toujours portés disparus, un piolet retrouvé au bord d'une crevasse

La chute d'un sérac dans le massif du Mont-Blanc en Haute-Savoie a fait un mort et quatre blessés ce lundi 5 août. Deux alpinistes allemands sont toujours portés disparus. Le Peloton de gendarmerie de haute montagne poursuit ses opérations de reconnaissance, alors qu'un piolet a été retrouvé au bord d'une crevasse.

Au lendemain du drame survenu dans le massif du Mont-Blanc en Haute-Savoie, le bilan fait état d'un mort et de quatre personnes blessées. La chute d'un sérac, un bloc de glace qui a provoqué une avalanche à proximité du sommet du mont Blanc du Tacul.

Au moins "quinze alpinistes" se trouvaient dans l'ascension de la face nord du mont Blanc du Tacul dans la nuit de dimanche à lundi, selon la préfecture la Haute-Savoie. Dix d'entre eux ont été retrouvés indemnes. Une personne a été tuée et quatre autre ont été blessées.

Deux alpinistes toujours portés disparus, un piolet retrouvé

Deux alpinistes de nationalité allemande ont "passé la nuit au refuge des Cosmiques, situé au pied du mont Blanc du Tacul" où est survenu l'accident, a déclaré le Peloton de gendarmerie de haute-montagne (PGHM) de Chamonix.

Âgés de 30 et 39 ans, les deux alpinistes "manquaient à l'appel" lors des premières investigations des gendarmes. Vers 3 heures du matin, au moment de l'effondrement du sérac à plus de 4 000 mètres d'altitude, ils avaient quitté le refuge. Mais quelques doutes persistent sur leur programme du jour.

"A priori, ils étaient partis faire la voie normale du Tacul. De plus, on a retrouvé un piolet au bord d'une crevasse. L’hypothèse serait que l’avalanche les a projetés dans la crevasse", explique Jean Ailhaud, vice-procureur de la République de Bonneville. "En raison des quantités de neige, c'est dangereux d'y descendre", ajoute-t-il. 

Des opérations de reconnaissance en cours

Dès l'alerte donnée dans la nuit de dimanche à lundi, un important dispositif de secours a été mobilisé avec notamment des hélicoptères, deux équipes cynophiles et des secouristes du PGHM et des sapeurs-pompiers du Service départemental d'incendie et de secours de la Haute-Savoie.

A leur arrivée, ils ont découvert une première victime en surface en "arrêt cardio-respiratoire", a précisé le parquet de Bonneville, qui a ouvert une enquête. Le médecin du SMUR n'a pu que constater son décès. Quatre autres personnes blessées ont été prises en charge et transportées dans différents établissements hospitaliers du département, en fonction de la gravité de leurs blessures.

Les hommes du PGHM et les sapeurs-pompiers avaient temporairement suspendu leurs recherches en fin de matinée de ce lundi 5 août. "On ne peut pas se permettre de rechercher n'importe où, la surface est trop grande et c'est trop exposé au risque de nouvelles chutes de blocs éventuelles", a expliqué le PGHM de Chamonix.

Pour localiser les alpinistes allemands, qui ne répondent pas à leur portable, "des recherches administratives" sont en cours, notamment par "géolocalisation", avait-t-il ajouté en fin d'après-midi. A ce stade, "on ne peut pas affirmer qu'ils soient en dessous, on ne peut pas affirmer qu'ils n'y soient pas", selon cette source.

En cette matinée du 6 août, les recherches n'ont pas repris dans la zone de la coulée. Des opérations aériennes de reconnaissance sont toujours en cours pour tenter de repérer la moindre trace des disparus. Plusieurs hélicoptères de la sécurité civile survolent la face nord du mont Blanc du Tacul.

Un père de famille de 57 ans originaire de Perpignan décédé

L'enquête ouverte par le parquet de Bonneville se poursuit. Et les investigations ont permis d'identifier les victimes. L'homme décédé dans l'avalanche est un Français de 57 ans.

Il s'agirait d'un père de famille, membre du club alpin français de Perpignan. Dans un message publié sur ces réseaux sociaux, l'association sportive salue sa mémoire : "C'est avec beaucoup d'émotion que nous apprenons le décès de David Blot Pinell. Membre du Club Alpin Français de Perpignan, il a disparu dans la nuit de dimanche à lundi sur le Mont Blanc. Toutes nos pensées vont à sa fille Emeline, sa famille, ses amis proches."

Ses deux compagnons de cordée, un couple originaire des Pyrénées-Orientales selon nos confrères de l'Indépendant, ont eux été grièvement blessés. L'homme de 42 ans souffrant d'une "hémorragie cérébrale" a été transféré à l'hôpital d'Annecy et placé en réanimation. La seconde, une femme de 40 ans, touchée "au niveau des poumons", a elle été hospitalisée à Sallanches.

Deux autres personnes ont été légèrement blessés au cours de cet accident. Selon le PGHM, il s'agit d'un père de famille espagnol de 58 ans et de son fils de 17 ans, de nationalité française, auxquels des "blocs de glace" ont occasionné "une fracture au niveau des cervicales" et "une fracture à une cheville". 
    

"Les conditions pour grimper étaient bonnes"

Au moins cinq cordées étaient engagées sur cette voie très prisée par les alpinistes. Les personnes impliquées dans l'avalanche, sorties indemnes, "ont été redescendu[es] par hélicoptère et entendu[es]" par les services de la brigade de gendarmerie de Chamonix, précise le parquet de Bonneville.

"Il n'y avait aucun professionnel au niveau des cordées, il s'agissait de cordées d'amateurs", a-t-il ajouté. "D'après les premières informations recueillies, l'origine du déclenchement de
la chute de sérac serait naturelle", a fait savoir la préfecture de Haute-Savoie.

Ce n'est pas la première fois qu'un sérac se décroche en cette saison. En août 2008, huit alpinistes, cinq Autrichiens et trois Suisses, étaient décédés à la suite d'une avalanche provoquée par une chute de bloc de glace sur cette face nord du Tacul. En juillet 2022, onze personnes avaient trouvé la mort en juillet 2022, après l'effondrement d'un énorme bloc du glacier de la Marmolada, le plus haut sommet des Alpes italiennes.

"Ce n'est pas une surprise. La chute de séracs, c'est tout à fait de saison mais c'est imprévisible", explique le PGHM de Chamonix selon lequel "les conditions pour grimper étaient bonnes".

Un sentiment partagé par le directeur du secours alpin valdôtain, Paolo Comune lui-même parti du refuge des Cosmiques avec des amis, dans la nuit de dimanche à lundi : "Cette année, on n’avait pas relevé que les séracs étaient particulièrement menaçants", décrit-il. "En les observant dans la soirée, on a pu juger que par rapport aux étés précédents, le risque de chute était mineur."

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