La fréquentation de la réserve des Aiguilles Rouges, qui a quasiment doublé en 10 ans, n'est pas sans conséquences sur les milieux naturels, particulièrement fragiles en altitude. Des milieux que les équipes du conservatoire d'espaces naturels s'attachent à préserver en condamnant les chemins s'écartant du balisage.
C'est l'un des joyaux du massif des Aiguilles Rouges. Le lac des Chéserys, à 2 300 mètres d'altitude, dont les eaux reflètent les cimes de la chaîne du Mont-Blanc, en Haute-Savoie. Dans ce coin de paradis où les randonneurs sont toujours plus nombreux, Laurent et son équipe sont à pied d'œuvre.
L'opération du jour consiste à installer des poteaux en bois reliés par quelque 250 mètres de cordelettes pour canaliser les promeneurs sur les sentiers. "Ce n'est pas réellement une barrière physique parce que n'importe qui peut enjamber la corde. Le but, c'est de créer une prise de conscience que le chemin est là et qu'à côté, on essaie de laisser en bon état", explique Laurent Delomez, garde de la réserve des Aiguilles Rouges.
La fréquentation importante peut apporter des microplastiques, des déchets ou des déjections qui peuvent être néfaste aux milieux.
Marion Guitteny, conservatrice de la réserve des Aiguilles Rougesà France 3 Alpes
La fréquentation a quasiment doublé en dix ans dans cette réserve naturelle de Haute-Savoie, particulièrement depuis la crise du Covid. "La balade vaut le coup, le panorama est magnifique", commente une randonneuse. Mais certains s'aventurent parfois en dehors des sentiers pour un pique-nique ou un bivouac.
"Ils avaient tendance à vouloir faire le tour du lac par la sente qu'on voit derrière moi", décrit Capucine Pernelet, éco-garde de la réserve, désignant un petit chemin désormais condamné par un cordage. Cette pratique, bien qu'autorisée, dégrade le milieu naturel. Mais surtout, beaucoup de randonneurs empruntent ces chemins sauvages sans se rendre compte qu'ils s'écartent du balisage.
De la pédagogie mais pas d'interdiction
"Avec le temps, cela crée de nouvelles sentes et on voit rapidement qu'il n'y a plus de végétation. Avec les orages et le reste, on a vite beaucoup d'érosion", ajoute Capucine Pernelet. Car à 2 300 mètres d'altitude, le milieu est particulièrement fragile. Il s'agit donc de préserver la végétation et la faune en réduisant le nombre de sentes.
Aucune interdiction n'est à l'ordre du jour mais les équipes d'Asters, le conservatoire d'espaces naturels, cherchent à limiter certains accès. "Les lacs sont des milieux très sensibles, très pauvres en espèces mais c'est leur particularité et c'est normal. Mais la fréquentation importante peut apporter des microplastiques, des déchets ou des déjections qui peuvent être néfaste aux milieux", avertit Marion Guitteny, conservatrice de la réserve des Aiguilles Rouges.
L'an prochain, les équipes du conservatoire naturel poursuivront le travail. Il faudra replanter des espèces locales pour tenter d'effacer les sentiers parallèles. Et préserver ce paysage exceptionnel.