Moins de 15 heures à vélo puis à pied pour rallier le sommet du mont Blanc depuis la mer. C'est l'exploit que vient de réaliser l'Italien Marcello Ugazio, parti de Gênes. Un record salué en Italie mais qui crée la polémique en France, car le triathlète est redescendu du toit de l'Europe en hélicoptère. "Les hurluberlus sont de retour" a réagi le maire de Saint-Gervais qui va déposer plainte.
"Moins de 15 heures pour rallier le sommet du mont Blanc depuis Gênes" , "un dénivelé de 5500 mètres parcouru en moins de 15 heures, à fond !", "un record vieux de 10 ans vient de tomber"...
Si côté italien, les titres dithyrambiques sont légion dans la presse pour saluer l'exploit sportif de Marcello Ugazio, côté français, le nouveau "coup de gueule" poussé par le maire de Saint-Gervais a largement tempéré la célébration du nouveau record.
Deux heures de moins que le record de 2013
Marcello Ugazio a battu de près de deux heures le précédent record sur ce parcours, roulant dans un premier temps plus de 300 km jusqu'au lac Combal au-dessus de Courmayeur, puis abandonnant son vélo pour faire cordée avec un guide et atteindre à pied le toit de l'Europe occidentale à 4.810 mètres d'altitude.
"La cime a été conquise peu avant 9 heures dimanche, soit 14 heures, 42 minutes et 14 secondes après le départ de Gênes", a-t-il raconté au journal La Stampa, précisant qu'il "songeait déjà depuis plusieurs années à cette tentative de record" et s'était entraîné à cette fin sur le Mont Rose et l'Etna.
"Cet exploit j'en rêvais depuis l'âge de 14 ans", a confié Marcello Ugazio à nos confrères du TGR de la Rai, la télévision de service public italienne.
"J'ai commencé à faire du triathlon, de la bicyclette, et puis j'ai vu qu'un certain Nicola Valsesia qui détenait le record du FKT (Fastest Known Time Genova-Monte Bianco. NDLR) en 16 heures, 35 minutes et 52 secondes...alors j'ai décidé d'unir mon expérience sportive et ma passion pour la montagne pour suivre sa trace."
"Les hurluberlus sont de retour"
Jean Marc Peillex, maire de Saint-Gervais
L'accomplissement du rêve de gosse de Marcello n’a toutefois pas suffi à adoucir le courroux de Jean-Marc Peillex. Le maire de Saint-Gervais, rendu célèbre chaque été pour ses sorties sur "le Mont Blanc disneylandisé", n'a pas apprécié la redescente en hélicoptère du triathlète italien.
Marcello Ugazio fera l'objet d'une "plainte pour non-respect de la réglementation du site classé du Mont-Blanc et des dispositions de l'APHN (arrêté de protection des habitats naturels)", ajoute-t-il dans un communiqué.
"Le Mont-Blanc n'est ni un stade ni un aéroport", a renchéri l'ONG de défense de l'environnement Mountain Wilderness.
"Quand va-t-on enfin préserver ce sommet d'une marchandisation excessive et nuisible?", s'exaspère l'organisation, appelant à une "véritable politique de limitation des survols sur l'ensemble du massif du Mont-Blanc, en France sur l'intégralité du site classé et non pas seulement autour du sommet, mais également de manière coordonnée en Suisse et en Italie".