Législatives 2022. "Ça devient plus cher qu'à Paris", au pays du Mont-Blanc, les prix de l'immobilier atteignent des sommets

REPORTAGE. Direction le pays du Mont-Blanc dans le cadre de notre série spéciale "Législatives 2022". A Chamonix, Sallanches ou Cluses, les prix de l'immobilier sont en nette augmentation depuis plusieurs années. En cause : une demande toujours plus forte, beaucoup de résidences secondaires et un foncier limité. Dans cette 6ème circonscription de la Haute-Savoie, les candidats aux élections législatives se sont emparés du sujet.

Un chalet à 1,4 million d'euros, des appartements hors du centre-ville à 424 000 ou encore 226 000 euros. Sur les façades des agences immobilières de Chamonix, les prix des biens à l'achat ne passent pas en dessous de la barre des 150 000 euros. Au pied du Mont-Blanc, dans la capitale de l'alpinisme, les prix sont devenus les mêmes qu'à Paris.

"Il n'y a plus de biens à la vente, tout est pris d'assaut", constate Frédérique, une agente immobilière, de son bureau situé à quelques mètres de la mairie : "Il y a trop de logements secondaires ici, à peu près 80 %. Chamonix est une ville mondialement connue, beaucoup de gens veulent s'y installer. Notamment des étrangers, des Anglais et des Suisses."

Dans sa vitrine, les biens à l'achat se font rares. Piégée par les montagnes et les versants escarpés de la plus haute montagne d'Europe occidentale, la commune ne peut pas s'étendre. Le foncier se fait rare. Et la demande toujours plus forte, même après le Covid-19, lorsque de nombreux actifs ont essayé de s'y installer pour une "mise au vert" loin des grandes villes.

Comme Paris ou Megève

"En vente, on est à peu près à 10 000 euros du mètre carré. Ça commence à devenir plus cher que Paris ou Megève. Alors vu les prix, les permanents se dirigent en bas de vallée, du côté de Sallanches ou de Passy. Le coût du marché est trop élevé", note Frédérique.

Plus bas dans la vallée de l'Arve, en bas du viaduc des Egratz emprunté quotidiennement par 1 600 poids lourds en route vers le tunnel du Mont-Blanc, la situation est quasi identique. Le paysage est moins idyllique et l'environnement davantage en proie à la pollution. Mais, là aussi, les prix de l'immobilier atteignent des sommets.

Made with Flourish

Près de 52 % des habitations dans cette circonscription sont des logements secondaires, quand la moyenne nationale s'établit à 9,7 %. Et seuls 4,3 % des logements sont vacants, d'après les chiffres de l'Insee.

Des pistes pour favoriser l'habitat permanent ?

A Chamonix, certains permanents, des historiques de cette petite communauté montagnarde, sont repoussés plus bas, sous la pression immobilière : "Le marché est impressionnant. Le prix au mètre carré défie toute concurrence et le place bien loin de la majorité de nos résidents permanents, explique Aurore Termoz, première adjointe au maire (UDI) de Chamonix, en charge de la gestion du patrimoine et du foncier. Il n'y a pas d'essoufflement du volet spéculatif."

Depuis quelques années, la municipalité tente de faire face. En février dernier, Chamonix et quatre autres communes de Haute-Savoie (La Clusaz, Megève, Les Gets et Morzine) ont obtenu un reclassement en zone A dans la "loi Pinel".

L'objectif de cette loi : classer les communes en plusieurs zones (A, A bis, B1, B2 ou C) afin de déterminer les plafonds de ressource pour accéder à un logement social ou à un prêt à taux zéro. Pour les bailleurs, cela détermine les droits aux réductions d’impôt et aux plafonds des loyers.

"Cette zone A est une reconnaissance. L'Etat a constaté la tension immobilière sur notre territoire et nous permet de favoriser l'émergence de logements sociaux", se réjouit Aurore Termoz.

D'autres initiatives sont mises en place par la commune, consciente du problème. La dernière en date ? Une modification du PLU (plan local d'urbanisme, ndlr) : "Dès lors qu'il y a un bâtiment de plus de 300 mètres carrés qui se construit, 25 % doit être dédié à du logement locatif aidé à destination de nos résidents permanents. Demain, et selon la proximité avec le centre-ville, nous avons l'intention de passer à 50 %."

Les propositions des candidats sur l'immobilier

Cinq candidats aux élections législatives dans la sixième circonscription de Haute-Savoie, celle du pays du Mont-Blanc, ont débattu, ce mercredi 18 mai, sur France 3 Alpes. Voici leur position sur l'immobilier sur le territoire dans l'ordre de leur intervention lors du débat télévisé :

Xavier Chantelot (LR) : "Nous pouvons faire quelque chose avec l'IFI (l'impôt sur la fortune immobilière, ndlr). Il faut inciter ceux qui ont un patrimoine immobilier à le mettre à disposition des permanents ou des saisonniers. Il suffirait que l'impôt sur la fortune immobilière ne comprenne pas dans sa taxation les biens immobiliers qui sont mis à disposition des saisonniers ou des habitats permanents."

Stéphane Lagarde (EELV) : "Il faut donner du pouvoir aux maires pour qu'ils aient la main et un levier d'action sur le parc immobilier. Faisons des logements dédiés aux permanents, arrêtons de développer l'habitat touristique. Je suis pour la taxe de non-habitation : il faut demander aux communes d'avoir une taxe sur les personnes qui n'occupent pas leur logement."

Ahmed Lounis (NUPES) : "Il faut rompre avec la spéculation financière. L'augmentation des prix de l'immobilier en station de ski est due à la spéculation financière sur les biens immobiliers. Un salarié de la vallée ne peut pas acquérir un chalet à un million d'euros. Ce n'est pas possible. Il faut mener une politique active contre les logements vacants. On peut aller jusqu'à la réquisition de ces habitations."

Xavier Roseren (Renaissance): "Il y a des solutions sur le court et le long terme. Sur le court terme, nous devons jouer sur la fiscalité, je porte depuis quelque temps la surtaxe d'habitation, qui n'est pas la panacée, mais qui peut fonctionner. Il faut aussi travailler sur les droits de succession. On pourrait très bien imaginer que lorsque que vous avez une succession, si vous vous engagez à vivre à l'année sur le territoire, vous ayez des droits qui sont plus faibles. Il y a aussi la possibilité de favoriser la location à l'année."

Dominique Martin (RN) : "Il faut redonner du pouvoir aux communes de façon à ce qu'elles fassent des réserves foncières, à ce qu'elles maîtrisent leur PLU et qu'elles construisent sur leur terrain des bâtiments à usage des locaux. Il faut également régler le problème des Airbnb et des squatteurs."

Le débat est à retrouver en replay sur notre site Internet.

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