Après les révélations de nos confrères de Médiapart, vendredi 20 décembre, concernant le logement social dont Stéphane Haussoulier bénéficie à Paris depuis 25 ans, le principal intéressé a accepté de répondre à nos questions.
Stéphane Haussoulier, qui était, jusqu’au 6 décembre, président du conseil départemental de la Somme et premier adjoint au maire chargé des finances de Saint-Valery-sur-Somme, est aussi président du syndicat mixte et vice-président de la communauté d’agglomération de la baie de Somme. Jusqu’en 2024, il était également salarié de la fédération régionale des travaux publics de Picardie.
Malgré ces mandats, ces postes et les indemnités associées, mais aussi une maison dont il est propriétaire dans la Somme, Stéphane Haussoulier, bénéficie d’un logement social à Paris, d’après une enquête publiée par Médiapart, vendredi 20 décembre. Depuis 1998, il occupe un deux pièces de 51 m² dans un immeuble de la Régie immobilière de la ville de Paris, du 10e arrondissement de la capitale. "Le loyer dont il s’acquitte se monte à 740 € charges comprises, quand il lui faudrait débourser au moins le double dans le secteur privé", expliquent nos confrères.
Stéphane Haussoulier plaide la bonne foi
À la suite de nos sollicitations, Stéphane Haussoulier a accepté de s’expliquer. "J’ai eu deux logements à Paris quand j’étais assistant parlementaire. J’avais trouvé le premier logement trop grand et j’ai préféré me rapprocher de la gare du Nord, un quartier avec une population attachante, mais qui ne fait pas partie des beaux quartiers", explique l’ancien président du conseil départemental, qui plaide la bonne foi. "C’était un immeuble non conventionné. La Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP) me l’a attribué en passant par les services de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, on me dit, que ce logement est conventionné depuis deux ans. Je viens de l’apprendre."
Et d’ajouter : "Quand j’étais salarié de l’Assemblée nationale, puis de la fédération professionnelle, j’étais entre Amiens et Paris. J’avais besoin d’habiter à Paris quelques soirs par semaine pour mon travail et pas pour mes loisirs."
La RIVP a découvert à l’occasion de ce travail d’investigation de Médiapart cette situation scandaleuse. […] une action en résiliation de bail va être diligentée dans les plus brefs délais.
Régie immobilière de la ville de Paris
Contactée, la RIVP confirme que "ce logement […] échappait aux règles d’attribution des logements sociaux jusqu’en 2022." Mais la régie ajoute que "le parc locatif des bailleurs sociaux, qu’il soit conventionné ou pas, ne peut servir de pied-à-terre à des personnes ou des ménages qui n’y passent qu’occasionnellement alors que la crise du logement n’a jamais été aussi grave."
La direction de la communication poursuit : "La RIVP a découvert à l’occasion de ce travail d’investigation de Médiapart cette situation scandaleuse. […] une action en résiliation de bail va être diligentée dans les plus brefs délais."
"S’il faut que je me mette en règle, je le ferai"
De son côté, Stéphane Haussoulier nous assure : "S’il faut que je me mette en règle, je le ferai". Selon lui, "cette affaire relève de procédés qui visent à salir et à abaisser dans une affaire où je suis toujours innocent à partir du moment où j’ai fait appel de la décision du tribunal correctionnel de Beauvais."
Stéphane Haussoulier fait, ici, référence au jugement dans lequel il a été reconnu coupable d’escroquerie, détournement de fonds, blanchiment et abus de confiance, le 3 décembre. Le Tribunal l’a alors condamné à une peine de trois ans de prison avec sursis, 30 000 € d’amende et une inéligibilité de trois ans sans effet immédiat.
Durant huit ans, il a perçu 367 991 € de la part des différents organismes dont il était élu ou salarié, grâce à des remboursements en double ou triple de ses frais de restaurant et de déplacement. Il a également retiré 281 486 € en liquide avec les cartes bleues des différentes fédérations du bâtiment où il officie.
Les affaires, liées à conseil départemental de la Somme ne s’arrêtent pas là, puisque des perquisitions ont été menées, le 12 décembre, à la collectivité locale dans le cadre d’une nouvelle enquête pour favoritisme.