Le "plan climat haute montagne" a été dévoilé à Chamonix mercredi 7 août. Il comprend sept orientations pour limiter le réchauffement climatique dans le massif du Mont-Blanc, tout en préservant le tourisme.
L'environnement de haute montagne est en première ligne face au réchauffement climatique. La température a augmenté de 2°C dans le massif du Mont-Blanc depuis les années 1930, soit beaucoup plus que la température de l'air. Dégradation des équipements touristiques, mutation du paysage, courses de moins en moins praticables... la montée des températures a déjà causé de nombreux dégâts dans les Alpes.
Pour endiguer les effets du réchauffement climatique en montagne, un "plan climat" a été présenté mercredi 7 août par la Vallée de Chamonix Mont-Blanc. Son premier volet, qui s'étale de 2019 à 2021, comporte une série de sept mesures pour concilier fréquentation touristique et préservation de l'environnement. Dans ce cadre, quatre sites feront l'objet d'un suivi particulier : l'Aiguille du Midi, l'Aiguille des Grands-Montets, l'arête des Cosmiques et Bochard.
"Ces sept orientations et leur première déclinaison mobiliseront plus de 32 millions d'euros au cours des quatre prochaines années", a annoncé le maire de Chamonix Eric Fournier. Pour y voir plus clair, voici les principales mesures de ce plan et ce qui va changer dans les années à venir.
Rénovation des refuges
Les refuges de haute montagne constatent déjà les contraintes liées au réchauffement climatique. Aux Cosmiques notamment, une pénurie d'eau s'est déclarée à la fin de l'hiver 2018 à cause de l'assèchement de la réserve qui se trouvait dans une cavité. Pour pallier ces problématiques, des investissements de plus en plus fréquents risquent d'être nécessaires.
Ainsi, 50 000 euros ont été investis par la Commune de Chamonix aux Cosmiques et 1,8 millions d'euros d'aides vont encore être nécessaires à la rénovation du refuge du Couvercle, avec l'aide du Département et de la Région. Des fonds vont donc être débloqués en vue de cet objectif.
L'ouverture des remontées mécaniques modifiée
La commune de Chamonix travaille à une "réorganisation des périodes d’ouverture" des remontées mécaniques dans le massif du Mont-Blanc. Des discussions ont été engagées avec la Compagnie du Mont-Blanc, principalement pour les domaines de La Flégère et des Grands-Montets.
Pour le premier, il serait question de "favoriser le ski de randonnée de printemps" ce qui nécessiterait l’ouverture des remontées mécaniques en continu jusqu'à fin mai. Et aux Grands-Montets, l'ouverture des remontées mécaniques pourrait être étendue entre décembre et juillet, en parallèle du projet de reconfiguration de la gare sommitale du téléphérique.
Des équipements étroitement surveillés
La télécabine du Brochard en est l'emblème : le réchauffement climatique fragilise les équipements de haute montagne. Si les nouvelles constructions intègrent souvent cette problématique, les plus anciennes demandent de gros investissements. Située à 2.800 mètres d'altitude, la télécabine du Brochard a nécessité 250.000 euros de travaux, rien que pour la première étape.
Un suivi global des équipements d'altitude va donc être mis en place dans le cadre de ce plan. Des capteurs vont notamment être déployés sur une dizaine de sites identifiés par des experts, le tout pour un coût de plus de 60.000 euros par an.
Sécurisation des itinéraires d'accès aux refuges
Avec les deux canicules qui se sont succédées, le nombre d'éboulements grimpe considérablement dans le massif du Mont-Blanc. Résultat : certains itinéraires d'accès aux refuges deviennent impraticables. "L'ambition est de sécuriser les accès" en modifiant les tracés, promet la Commune de Chamonix ou peut-être d'"abandonner certains d'entre eux", devenus dangereux à cause d'une instabilité des moraines.
Plusieurs itinéraires sont concernés : Couvercle, Requin, Leschaux, Envers des Aiguilles, ainsi que refuge d’Argentière. Le détail des itinéraires déviés ou abandonnés n'a pas encore été fourni par les autorités.
Du nouveau au Montenvers
Le site du Montenvers qui domine la Mer de Glace pourrait bien recevoir un coup de jeune dans les prochaines années. Dans le cadre d'un projet de réhabilitation, la télécabine descendant au glacier va être déplacée et un nouvel édifice est en préparation : le centre international d'interprétation des glaciers et du climat.
L'objectif serait "d’aider le grand public et les scolaires à comprendre les phénomènes liés au réchauffement climatique", indique la Ville de Chamonix. Une délégation de service public est en cours de préparation en vue de la réalisation de cet ambitieux projet à 27 millions d'euros.
Investissement dans la recherche
Réunissant Savoie, Haute-Savoie, Vallée d'Aoste et Valais, l'Espace Mont-Blanc va se mobiliser pour faire face au réchauffement climatique. L'espace transfrontalier a débloqué 1,3 millions d'euros en 2017 pour "développer des outils de planification et de gestion du territoire pour l’adaptation aux changements climatiques".
Déjà, une étude scientifique analysant les effets du climat dans l'Espace Mont-Blanc a été publiée, comportant notamment des prévisions des évolutions climatiques aux horizons 2035, 2060 et 2080. Par ailleurs, l'Observatoire du Mont-Blanc a vocation à se développer pour devenir "thermomètre des changements climatiques". L'ambition : ajouter six indicateurs concernant le changement climatique aux 32 existants.
Miser sur la sécurité
Avec le bouleversement de l'environnement de montagne sous l'effet du réchauffement climatique, l'accent va être mis sur la sécurité. Information préventive sur les conditions de la montagne, formation, développement de moyens destinés au secours en montagne... la Commune de Chamonix subventionne chaque année la société de prévention La Chamoniarde. Et nouveauté : un dispositif d'aide à la formation de jeunes alpinistes a été mis en place en 2019 pour les aider à préparer leur diplôme de guide de haute montagne.