Depuis deux ans, une zone de quiétude hivernale pour les ongulés a été aménagée au cœur de la réserve naturelle des Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie. Il s’agit d’un espace entièrement réservé aux cerfs, chamois et autres cervidés où l’accès à l’homme est déconseillé. Reportage.
L’hiver, les chamois, les cerfs et autres cervidés, descendent de leurs montagnes pour se protéger du froid, mais aussi pour trouver à manger. Dans la réserve naturelle des Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, les ongulés viennent passer l’hiver dans la tourbière de la Rosière, à 1400 mètres d’altitude, un secteur très fréquenté par les promeneurs et amateurs de ski de randonnée. Alors, depuis deux ans, un espace a été aménagé pour eux, une zone de 90 hectares au cœur de cette réserve de 5 500 hectares : "La zone n’est pas très vaste, mais elle est très stratégique pour ces espèces, car c’est là qu’elles passent une très grande partie de la saison hivernale", explique Maïlys Cochard, conservatrice de la zone naturelle des Contamines-Montjoie.
Les spécialistes appellent ça, la zone de quiétude : "c’est une zone de tranquillité pour la faune. C’est un secteur où l’on va inviter le grand public, les skieurs, les randonneurs à ne pas pénétrer pour faire en sorte qu’il y ait des îlots de tranquillité et de ne pas déranger les espèces qui y trouvent refuge." Des zones comme celles-ci, il en existait déjà dans la réserve, mais elles étaient réservées aux tétras-lyres.
Survivre à l’hiver
Car pour ces animaux, l’hiver est rude : "La nourriture est rare, la neige peut être vraiment très importante. Le déplacement de ces espèces va être difficile et si par-dessus ces conditions très rudes, on vient rajouter de la pression humaine, on peut porter atteinte aux espèces. C’est très beau de voir un chamois courir dans la neige, mais quand on voit ça, on peut se dire que cet animal ne passera sûrement pas l’hiver", poursuit Maïlys Cochard.
Des fanions et des cordelettes délimitent la zone, et à certains endroits, des panneaux invitant le promeneur à faire demi-tour sont installés : "On a tous un rôle à jouer pour préserver les espèces incroyables qui peuplent nos montagnes."
Tout autour de la zone de quiétude, des pièges photos ont été installés - 7 au total - pour observer le comportement de ces espèces : "Dès qu’il y a un petit, peu plus de place pour la faune en fin de journée et en début de soirée, on remarque que les passages sont très nombreux. C’est quelque chose qui ressort, au cœur de la journée, il y a plus de présence humaine. Quand on se fait plus discret, la faune reprend ses droits", ajoute la conservatrice.
Une trentaine de mammifères dans la réserve
Ce jour-là, nous avons croisé un guide de haute-montagne, avec un groupe, redescendant d’une randonnée à ski : "En tant que professionnel, on habite à la montagne, on est sensibilisé à cela, on essaye de le transmettre aux gens et c’est sûr que parfois, on peut déranger les animaux, mais on essaye de les laisser tranquille un maximum," confie Guillaume Meynet, guide à Morzine.
Les laisser tranquilles pour qu’ils retrouvent petit à petit un espace vital. Dans cette réserve, les spécialistes estiment que plus d’une trentaine d’espèces de mammifères passent l’hiver.