Bâtiment remarquable de Chamonix avec sa façade colorée et ses colonnades, le "Rose du Pont" a été complètement rénové par son nouveau propriétaire. La brasserie attire les regards dans son style qui revisite les grands magasins parisiens.
C'est une maison rose adossée au Mont-Blanc. Emblématique de Chamonix avec ses boiseries, ses balustrades à l'ancienne et sa façade détonante, le bâtiment se dresse face à la célèbre statue de Horace Bénédict de Saussure et Jacques Balmat pointant le toit de l'Europe.
"La construction, les couleurs, le design de l'ensemble, tout cela est très joli", s'émerveille une touriste hispanique devant la bâtisse centenaire reconvertie en brasserie. Le "Rose du Pont" attise les curiosités depuis toujours dans son style belle époque, mais conserve une épaisse part de mystère.
Son propriétaire raconte qu'il s'agirait d'un pavillon d'une exposition universelle du siècle dernier, voire de celui d'avant. Mais aucun document officiel ne permet de certifier son origine. Lorsqu'il a découvert ce bâtiment rose vif, l'architecte Christophe Bro a eu le coup de cœur.
"Il y a des odeurs, ces sourires, des moments d'éclat, des moments sérieux, des moments de pleurs, des moments d'intimité, les jeunes couples d'adolescents, les petits vieux qui se tiennent la main... Le but, c'est créer des prétextes à la communication, à des souvenirs et des scènes de vie", raconte ce fils de bougnat parisien qui a repensé l'intérieur de la bâtisse alors délabrée.
"L'ambiance festive des années folles"
La façade a donné le ton de la décoration : de grandes colonnes sculptées, des banquettes entourées de tables de bistrot, des boiseries sculptées et assemblées à l'ancienne, des plâtres finement ciselés et un bar montant jusqu'au plafond. Tout pour voyager dans "le Paris du début du siècle".
"L'idée, c'était les grands magasins parisiens, les théâtres du début du siècle, d'essayer de recréer l'ambiance festive des années folles dans un côté brasserie et chaleureux", résume Christophe Bro qui a imaginé ce lieu où "tout le monde se sent chez soi".
L'ensemble a été mis en forme par des maîtres-artisans qui auraient suivi l'architecte au bout du monde. Un rêve de gosse pour son nouveau propriétaire, Laurent Moujenot, qui il y a 20 ans encore était chauffeur poids lourd et ne connaissait de Chamonix que le tunnel du Mont-Blanc.
"Mon épouse et moi, on est arrivés à Chamonix il y a 5 ans et ce bâtiment, on l'a toujours regardé avec envie parce qu'il était à l'abandon. On ne trouvait pas normal qu'un si joli bâtiment, un peu mystérieux, soit laissé comme cela. On est très content d'avoir pu le rénover et lui rendre hommage", assure le restaurateur.
Et quel hommage que celui d'un ex-routier reconverti en homme d'affaires refaisant le monde, accoudé au comptoir du "Rose du Pont", avec un fils de bistrotier devenu architecte de renom. D'aucuns y verraient une scène de Audiard tournée au pays du Mont-Blanc.