Après plusieurs expéditions internationales et des descentes sur les montagnes les plus vertigineuses, le skieur freeride Aurélien Lardy est de retour chez lui, à Chamonix (Haute-Savoie). Entre quelques sorties sur les arêtes du Mont-Blanc, le jeune skieur nous raconte sa vision de la montagne.
Sur sa peau, Aurélien Lardy collectionne les tatouages. Comme des trophées des montagnes qu'il a skiées ou des expéditions qui l'ont fait devenir un skieur freeride en pleine ascension. "Sur moi, j'ai l'historique de mes 'belles conquêtes' : des belles descentes, des belles montagnes et des beaux voyages que j'ai eu la chance de faire. J'ai un aigle kirghize sur le bras, qui est l'emblème du pays. En dessous, j'ai un papillon en référence à la montagne qui portait le nom de 'papillon de nuit'. C'était une très belle première en terre kirghize. Pour le Pérou, c'est un alpaga avec un joli bonnet péruvien", sourit-il.
À 27 ans, le Haut-Savoyard est dans tous les bons coups et enchaîne les projets en Amérique du Sud pour le documentaire Upurkushun, au Kirghizistan (pour le film Chronoception), ou plus proche de chez lui, sur l'Aiguille du Moine, dans le massif du Mont-Blanc.
Avec, à chaque projet, cette envie de redécouvrir la montagne et de partir pour une aventure : "J'ai besoin d'avoir cette notion artistique, de beauté que je vais pouvoir dessiner du bout de mes spatules avec mes compagnons. Effectivement, une montagne se doit d'être la plus artistique possible, la plus belle. Elle doit me parler. La ligne qu'on va dessiner, je l'aime d'une certaine façon : exposée, avec du vide, des passages étroits, éventuellement avec des rappels, des 'manips'... J'aime passer du temps en montagne."
Pour ses expéditions, le Chamoniard part souvent pour de longues périodes, marquées par les préparatifs, les marches d'approche, l'attente d'une fenêtre idéale... "Il ne faut pas être qu'intéressé par le ski, mais aussi par la montagne, l'alpinisme, le voyage, mais aussi la culture du pays dans lequel on part. Ma philosophie, c'est plus c'est dur, plus c'est long, et plus c'est bon", assure-t-il.
Il est ainsi parti pendant 50 jours en Alaska en totale autonomie avec le Piolet d'Or Hélias Millerioux. Ou encore en Patagonie avec l'alpiniste Vivian Bruchez pour skier le couloir "Whillans-Cochrane", d'une largeur d'1m80 avec une pente à 60° et 1 000 mètres de vide sous les spatules.
Du basket à l'ESF
Tous ces exploits, "Aurel" Lardy aurait pu ne jamais les connaître. Plus jeune, il aurait pu emprunter une tout autre voie : celle du basket. "Ma sœur a été joueuse professionnelle jusqu'à il y a cinq ans, elle a plus de 80 sélections en équipe de France, confie-t-il. Moi, ça a été une grande partie de ma jeunesse et de mon adolescence. J'ai passé énormément de temps à jouer dans les gymnases. À un moment, j'ai dû faire un choix : soit je me lançais dans le pôle espoir basket, soit dans le pôle espoir ski alpin. Mon choix a été fait, et je ne le regrette pas du tout."
Pendant l'hiver, quand il n'est pas en expédition ou cramponné à des pentes raides, Aurel Lardy reste avec les skis chaussés aux pieds. Pour cause, le Haut-Savoyard enfile la tenue rouge de professeur de l'ESF : "Que ce soit avec mes amis, où on va dans des choses parfois extrêmes, ou sur une piste verte avec un enfant de 12 ans, je vais prendre le même plaisir. Il sera différent, certes. Mais ça reste important pour moi." Comme s'il ne pouvait plus partir des montagnes.