Annoncés comme des JO durables, les Jeux olympiques d’hiver de 2030 dans les Alpes soulèvent la question de l’avenir de la montagne. La station de La Plagne (Savoie), où auront lieu des épreuves, s'est lancée dans un grand chantier de rénovation qui pourrait servir d'exemple.
La promesse est faite par tous les élus : les Jeux olympiques d’hiver de 2030 devront être bien plus respectueux de l'environnement que les éditions précédentes. À La Plagne (Savoie), ces paroles sont prises au sérieux. Ici auront lieu les épreuves de bobsleigh, de luge et de skeleton. Et c’est sur la piste réutilisée des JO d’Albertville de 1992 qu’elles se dérouleront.
Alors qu’elle s’apprête à la descendre, ce sont les dernières secondes de concentration pour Thiméa Ginet. À 15 ans, elle représente l’avenir de la luge tricolore. Et un véritable espoir pour les Jeux olympiques de 2030. Des JO qui auront lieu ici, à la maison, sur son terrain.
"Forcément, les Jeux olympiques, j’aimerais beaucoup. J’y pense un peu mais j’essaie vraiment de rester concentrer sur mes compétitions actuelles, car c’est quand même dans longtemps", confie la jeune athlète. Car forcément, elle aurait l’avantage de connaître la piste. "J’ai commencé là quand j’étais petite, et j’ai toujours évolué sur cette piste. Je la connais et j’y suis habituée", raconte-t-elle.
Comme elle, des jeunes de toute l’Europe sont venus découvrir la piste de bobsleigh. Un symbole des Jeux de 2030. Car ces installations sont rares. Dix-sept pistes existent dans le monde dont 12 seulement sont homologuées pour les JO. Pour cause, le coût de construction est de près de 150 000 millions d’euros, sans compter l’entretien.
"La reconversion des sites à Albertville a fonctionné"
Pourtant, réutiliser une piste olympique ne s’était encore jamais fait. "On va faire jurisprudence. C’est important de démontrer que l’on peut réutiliser les sites olympiques, que la reconversion des sites à Albertville a fonctionné puisqu’on a su maintenir une infrastructure pendant plus de 30 ans", explique Bruno Thomas, le directeur de la piste de bobsleigh de la Plagne.
Une Coupe du monde junior aura lieu dans la station savoyarde la semaine prochaine. "Les athlètes qui descendent ici sont ceux de la génération qui sera sélectionnée pour les JO de 2030, donc ça leur permet de découvrir, de se familiariser. C'est une piste très technique, avec de la vitesse, de la pression donc c'est important de découvrir les caractéristiques propres à La Plagne qu’on ne retrouve nulle part ailleurs", précise-t-il.
Presque 40 ans après, la piste va retrouver une nouvelle grandeur. En plus de cette réutilisation, La Plagne s'est lancée dans un grand chantier de rénovation qui pourrait servir d'exemple. Un enjeu essentiel dans toutes les stations, souvent sorties de terre dans les années 60 et dont l’immobilier est vieillissant.
À La Plagne-Centre, 2 000 logements sont ainsi concernés, soit près de 100 000 mètres carrés. Pour aider et inciter les propriétaires à faire des travaux, la commune a installé un guichet unique chargé d'informer sur ces rénovations.
"Cela ne concerne pas seulement les propriétaires et la valeur de leurs biens, mais tout l’écosystème de la station. D'autant plus que, plus les biens sont rénovés, plus ils ont une valeur locative importante", souligne Franck Capuçon, chargé de mission habitat au syndicat intercommunal de La Grande Plagne.
"On sera prêt en 2030"
Il y a quelques années, une centrale biomasse au bois avait déjà été installée pour le chauffage dans la station. Depuis, les chantiers se sont enchaînés. Dernière étape : une tour de 17 étages. Un vrai défi. Car les parements en bois, trop dangereux en cas d’incendie ont été interdits sur les grands immeubles.
"La solution est une structure entièrement métallique, qu’on vient poser sur la façade et qu’on vient fixer sur les dalles en béton. La réhabilitation est terminée sur le plan technique. On sera prêt en 2030 pour avoir une station vraiment au top du top. Ce qui est intéressant, c'est qu’elle est reproductible en Savoie et en Haute-Savoie. On s’est même demandé, si on n’allait pas demander des royalties aux autres", plaisante Patrice Reme, le président de l'Union des syndicats des propriétaires de Plagne-centre.
Après les grands chantiers et les constructions à tout-va, l’heure semble désormais à l’optimisation dans les stations de montagne. Un signal positif pour des Jeux, peut-être plus vertueux.