JO 2030. "Rêve devenu réalité" ou "aberration écologique et économique" : réactions partagées après l'attribution des Jeux d'hiver aux Alpes françaises

Les Alpes françaises ont officiellement été choisies, ce mercredi 24 juillet, pour organiser les Jeux olympiques d'hiver 2030. Si dans les stations du Grand-Bornand et de La Plagne, la nouvelle a été accueillie avec "joie" et "fierté", les opposants regrettent cette décision et alertent sur les conséquences financières et environnementales de ces Jeux.

Le Comité international olympique (CIO) a officiellement désigné, ce mercredi 24 juillet, les Alpes françaises pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver 2030. Le gouvernement doit toutefois respecter des engagements financiers d'ici mars prochain.

La compétition sera organisée dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA). "Merci au CIO pour sa confiance en notre pays et sa montagne. Félicitations aux élus et acteurs qui ont œuvré pour cette réussite. Faisons des Jeux innovants, durables et inclusifs", a réagi sur le réseau social X, le président Emmanuel Macron, venu appuyer la candidature française, ces deux derniers jours, auprès du CIO.

Le président LR de la région AURA, Laurent Wauquiez, a, lui aussi, exprimé son "immense fierté" : "C'est officiel : le rêve devient réalité", a-t-il notamment écrit sur le même réseau social.

"Un coup de boost"

"Le premier mot, c'est le 'bonheur'. Nous sommes tellement heureux que cette candidature ait pu aller au bout", s'est réjouie Séverine Vibert, conseillère régionale membre de la commission des JOP 2030.

"Dans les Alpes du Nord, nous avons déjà 80 % des infrastructures qui sont présentes sur le territoire. C'est l'héritage des JO d'Albertville en 1992. Nous n'avons pas de grosses inquiétudes sur les infrastructures à mettre en place", a-t-elle poursuivi depuis la station de La Plagne.

Dotée de la seule piste de bobsleigh en France, la station savoyarde recevra, dans six ans, les épreuves de glisse. Une fierté pour la jeune pilote de bobsleigh locale, Margot Boch : "Des JO à la maison, pas tout le monde peut le vivre. Pour moi, ça a beaucoup de sens. Je viens de La Plagne, j'ai appris à piloter le 'bob' ici. Tout a commencé ici, entourée de ces personnes. C'est un coup de boost, une motivation supplémentaire. On va essayer de progresser physiquement, sur le matériel et le pilotage pour aller chercher une médaille."

Un peu plus au nord, dans la station du Grand Bornand, un autre rassemblement était prévu pour suivre en direct sur un écran géant l'annonce du CIO. Le champion Edgar Grospiron, médaillé d'or à Albertville en 1992, était lui aussi heureux de ce dénouement. Il espère que ces Jeux seront organisés dans un cadre raisonnable : "Paris est le premier exemple de ce que le CIO appelle l'agenda 2020, c'est-à-dire une manière d'organiser des JO dans une dynamique de développement durable. Les Jeux de Paris sont les premiers à s'aligner sur cet agenda, et vu que les Alpes sont en France, elles pourront profiter de cette expertise", a-t-il estimé.

Val d'Isère, toujours dans l'inconnu

Pour Hervé Gaymard, président du conseil départemental de la Savoie, il est important de réutiliser les infrastructures des JO d'Albertville : "Je suis heureux que les JOP 2030 aient été attribués aux Alpes françaises, et que la Savoie ait été déterminante dans ce succès, grâce à ses sites exceptionnels, et aux équipements de 1992 prêts à être réutilisés", a-t-il communiqué.

Il faut réussir ces Jeux, et inclure Val d’Isère, incontournable pour ce grand événement sportif.

Hervé Gaymard, président du conseil départemental de la Savoie.

Alors que la liste des sites n'est pas encore définitivement arrêtée, il souhaite encore inclure la station de Val d'Isère au programme de ces JO : "Maintenant il faut réussir ces Jeux, et inclure Val d’Isère, incontournable pour ce grand événement sportif." La station savoyarde avait été écartée des visites du CIO, en déplacement dans les Alpes en avril dernier.

"Un frein aux dynamiques de transition"

La candidature des Alpes françaises avait toutefois soulevé une vague d'indignations. Plusieurs rassemblements de manifestants écologiques avaient été organisés dans des grandes villes alpines, comme à Grenoble, Chambéry ou encore Briançon.

Les oppositions dénoncent une "aberration écologique, économique et politique", ainsi qu'une absence de consultation de l'opinion publique. Pour l'association environnementale Mountain Wilderness, ces JO 2030 constituent "un frein aux dynamiques de transition des territoires" : "Alors que la décennie 2020-2030 sera marquée par une très forte accélération des tensions climatiques, la tenue de Jeux d’hiver en 2030 dans les Alpes sonne comme un total contresens face aux indispensables transitions des territoires", a indiqué l'association.

"Cette candidature empêche cette résilience pour les Alpes. Elle fait croire que l'on va pouvoir continuer comme avant, mais le monde a changé. Nous sommes des lanceurs d'alerte et les chiffres du Giec annoncent un réchauffement de 4 degrés (d'ici la fin du siècle, NDLR). Les Alpes ont déjà pris deux degrés en cinquante ans. C'est une des régions du monde qui se réchauffe le plus", constate Stéphane Passeron, ancien skieur de fond professionnel pour le collectif No-JO.

Le collectif s'est retrouvé ce mercredi au sein du parc Paul Mistral, dans le centre-ville de Grenoble, en compagnie de plusieurs élus, dont Jean-François Coulomme, député savoyard (LFI), également opposé à ces JO : "Je vis dans une station de ski de moyenne montagne. Autour de moi, de très nombreux sportifs de haut niveau sont absolument contre ces Jeux olympiques. Ils ont complétement adhéré au fait qu'il s'agit d'une aberration écologique et économique."

Une opposition politique

Le groupe écologiste au conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, et plusieurs élus de la région, ont déploré mercredi la "précipitation dans laquelle s'est prise" la décision du CIO sur l'attribution des JO d'hiver de 2030 aux Alpes françaises.

Dans un communiqué, les signataires, notamment cinq députés Verts de la région, dont Cyrielle Chatelain ou le maire de Grenoble Eric Piolle, ont qualifié la candidature des Alpes françaises de "pas sérieuse" : "Son budget est en constante évolution, ses conséquences financières et environnementales pourraient être lourdes pour l'Etat, qui traverse déjà une situation difficile, et pour les collectivités territoriales qui devront en assumer les conséquences", avancent-ils.

Ils estiment également que "le CIO ne devrait pas prendre une décision aussi engageante pour notre pays à l'heure où ce dernier traverse un contexte politique inédit, où nul n'a la capacité de fournir des garanties d'Etat".

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