"Gentrification, hausse de la dépense publique, bétonisation" : deux chercheuses publient un ouvrage sur les luttes contre les JO d'hiver de 2030

Deux chercheuses en sciences sociales ont enquêté sur les conséquences et les mobilisations contre les Jeux olympiques. Elles ont publié un manuel pour synthétiser la parole des militants. L'ouvrage est présenté dans plusieurs villes des Alpes, qui accueilleront les JO d'hiver de 2030.

Alors que les Alpes françaises peaufinent leur candidature pour l'organisation des Jeux olympiques 2030, le CIO a exigé, ce mercredi, des garanties publiques dans les prochaines semaines "en raison de la situation politique actuelle". Le dossier n'est donc pas encore clos pour la candidature française, alors que des oppositions citoyennes continuent de se faire entendre.

Un collectif de chercheuses en sciences sociales a présenté, ce jeudi à Grenoble, un ouvrage sur les luttes contre les JO : "À chaque fois que les Jeux olympiques sont organisés dans une ville, on observe les mêmes conséquences : gentrification, hausse de la dépense publique, bétonisation et déni démocratique", explique Liseron, le nom du collectif à l'origine de l'ouvrage Défaites vos Jeux !, aux éditions 369. 

Ce nom de collectif n’a pas été choisi au hasard : "Le liseron est une plante tenace et envahissante. Son terreau favori est semé de luttes locales aux prises avec l’industrie transnationale", peut-on lire sur la quatrième de couverture.

Quelles seraient les conséquences de ce que la chercheuse en sciences sociales nomme "la machine des JO" pour les Alpes, si un tel événement a lieu en 2030 ? Depuis de nombreux mois, des associations se mobilisent à l'échelle nationale, mais aussi locale pour alerter sur l’impact écologique de cet événement sportif. 

À un moment où l’on parle de transition économique en montagne, sortir du tout ski, l’enneigement artificiel… On va consacrer des budgets pour améliorer les équipements de ces stations ?

Liseron

Collectif auteur de Défaites vos Jeux !

"Déni démocratique" dans l'organisation des Jeux olympiques

C’est de ces luttes qu’est né le manuel de Liseron : "Nous les avons rassemblées et avons donné la parole aux associations. L’objectif est d'avoir une mémoire de ces combats. Cet ouvrage est fait pour passer le message en dehors des territoires où se dérouleront les JO." 

Le collectif soulève aussi "la question du déni démocratique" avec l’organisation de la compétition sportive. "Les conditions de contestations autour des JO sont défavorables pour les militants et habitants. Il est compliqué de se mobiliser dans un rapport de force face au Comité international olympique, du monde audiovisuel, des sponsors, du soutien de l'État, de l'industrie du BTP et de la sécurité."

Il ajoute : "Ce qui lie la ville hôte et le CIO, c’est un contrat transposé en droit (...) qui met en place tout un dispositif d’exception. Un exemple : le fait de raccourcir les délais des citoyens pour des aménagements urbains et donc faire passer en force des projets."

Les autrices soulèvent l’idée "d’organiser des référendums dans les villes candidates", pour avoir l’adhésion de la population en amont de la candidature.

Une fenêtre de tir pour se mobiliser 

Une mobilisation qui peut finalement se faire entendre suite aux dernières annonces du CIO : "En raison de la situation politique actuelle, la désignation est soumise à la remise des garanties publiques", a expliqué mercredi 12 juin Karl Stoss, président de la commission de futur hôte des Jeux d'hiver au sein du CIO.

Une opportunité pour les opposants au projet. "C’est un bon moment pour s’engager car nous sommes dans une période d’incertitude politique. Une fenêtre de tir s’ouvre." Les membres de Liseron participent à des réunions publiques avec des élus. Elles ont présenté en partenariat avec des associations leur ouvrage ce jeudi à la librairie les Modernes à Grenoble. Une nouvelle présentation est organisée à Thônes (Haute-Savoie), ce vendredi, à l'espace Coeur des Vallées.

"Des jeux à faible coût et bilan carbone"

Pourtant, les présidents de régions Laurent Wauquiez (LR) et Renaud Muselier (Renaissance), ont voulu rassurer leurs opposants. Lors de la visite du CIO dans la région en avril dernier, les élus ont évoqué un coût entre un à deux milliards d'euros d'investissement et des centaines de milliers d'euros économisés. De moindre frais donc, grâce à l'héritage des infrastructures des JO d'Albertville 1992 par exemple. Le président de la région Paca a ainsi souhaité que "les Jeux s'adaptent à la montagne" et non que "la montagne s'adapte aux Jeux" avec la réutilisation de nombreuses infrastructures.

Concernant l'aspect écologique, il propose des "ascenseurs valléens". C’est-à-dire que les voitures seront garées au bas des stations et l'on y montera avec un moyen de transport décarboné. Si la France obtient l'organisation des Jeux olympiques d'hiver en 2030, elle aura cinq ans et demi pour les organiser. "Ce n'est pas un grand laps de temps", a rappelé le membre du CIO en visite.

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