VIDÉO. Ils réalisent le premier vol biplace depuis le K2 : "Plus on monte, plus c'est dur", Liv Sansoz et Bertrand Roche racontent leur exploit

Liv Sansoz et Bertrand Roche ont été les premiers à décoller en biplace du sommet du K2 après avoir gravi le deuxième plus haut sommet du monde sans oxygène. Une aventure vécue à deux, couronnée par un vol de 30 minutes au-dessus de la chaîne de montagnes.

Le sourire aux lèvres et la tête dans les nuages, Liv Sansoz passe en revue les photos de son expédition. "Toutes les émotions, toutes les sensations et toutes les images sont extrêmement présentes dans ma tête à chaque étape de ce voyage", sourit l'alpiniste haut-savoyarde.

"Je suis encore vraiment dedans. Je pense qu'il faut des mois pour réussir à revenir sur terre. On a vécu des choses tellement fortes là-bas", ajoute Bertrand "Zebulon" Roche, parapentiste et guide de haute montagne, le partenaire de Liv dans la vie comme dans cette aventure.

Les images ont été prises au Pakistan, à la frontière avec la Chine. C'est là que le couple a vécu une aventure hors du commun. Un projet mûri pendant quatre ans : une virée en très haute altitude, une balade en amoureux, direction le sommet du K2.

"S'il y a une montagne de plus de 8 000 mètres à faire, c'est celle-là parce que c'est la plus belle. C'est aussi pour ça qu'on est partis sur le K2, c'est une montagne qui motivait beaucoup Zeb. J'ai lu énormément de littérature sur le K2 et j'étais aussi attirée par cette montagne. J'aime le challenge, alors on est partis", résume Liv, ex-championne du monde d'escalade.

"Le fait de faire ça avec ma chérie, c'était un moyen de sublimer davantage le plaisir d'être en montagne et la joie de faire ce genre d'ascension", complète Bertrand Roche. Malgré l'humilité du récit, cette aventure n'avait rien d'une simple virée en montagne. Le couple a gravi le K2, deuxième plus haut sommet du monde culminant à 8 611 mètres d'altitude, sans oxygène, le 28 juillet dernier.

"On est le couple sur la montagne"

"Plus on monte, plus c'est dur. Quand on dépasse les 8 300 mètres, ça devient vraiment difficile. Pour donner un ordre d'idée, on a mis 3 heures pour faire les 150 derniers mètres de dénivelé. Ça veut dire qu'on avançait à 50 mètres par heure de dénivelé vertical", raconte Liv.

150 mètres parcourus au mental. 150 mètres et ensuite, le bonheur total. Juste le temps de respirer et l'heure est à la deuxième partie du programme : la descente en parapente. "Le biplace, c'est l'idée du couple, d'être tout le temps ensemble", explique "Zeb", qui a également été le premier à s'envoler en parapente depuis le sommet de l'Everest.

"On vit ensemble et là, on est le couple sur la montagne. On s'est dit qu'on partait ensemble et soit on arrivait tous les deux au sommet, soit on s'arrêtait ensemble si ça n'allait pas. Si on pouvait décoller, on le faisait et s'il fallait redescendre à pied, on le faisait ensemble", assure sa partenaire.

Comme les planètes étaient alignées, tout s'est bien passé. Rien ne les a empêchés de vivre leur aventure jusqu'au bout avec un décollage au sommet sur un terrain vertigineux. "Il n'y avait pas beaucoup de vent, il fallait courir et au bout d'un moment, ça plongeait à pic", se rappelle Liv Sansoz.

Cerise sur le gâteau, Liv et Zeb ont passé 30 minutes dans les airs, deux fois plus que ce qu'ils avaient pu imaginer de mieux. Trente minutes à profiter de paysages incroyables pour un vol phénoménal. Trente minutes de solitude. Tous seuls, mais à deux.