Le Secours populaire n'a pas cessé son activité en Haute-Savoie depuis le début du confinement, le nombre de bénéficiaires a même été multiplié par cinq en un mois. A la crise sanitaire du coronavirus s'ajoute une crise alimentaire majeure pour beaucoup de foyers.
Pour les bénévoles, la journée commence par la collecte de denrées. Dans l'ombre, à l'arrière des supermarchés, les petites mains du Secours populaires récupèrent les marchandises qu'ils vont ensuite distribuer aux bénéficiaires. Mercredi, à Epagny, ils en ont récupéré près d'une tonne, une belle rammasse selon eux.
"C'est toujours la surprise. On ne sait ni la quantité, ni les produits qu'on va avoir, note Gérard Banchet, bénévole au sein de l'association en Haute-Savoie. On a toujours des produits de base quand même : tout ce qui est viennoiserie on en a à peu près à chaque fois, les fruits et légumes aussi..."
Une fois les denrées collectées, Marie, Margot, Fatima et les autres préparent 80 colis de première nécessité. Une aide alimentaire de qualité pour les bénéficiaires dont le nombre a été multiplié par 5,5 en un mois, depuis le début du confinement, dans le département de la Haute-Savoie. Il y a désormais, en moyenne, 2 845 personnes à nourrir contre 520 avant la crise du nouveau coronavirus.
Parmi eux, il y a Roger. En invalidité, l'habitant du bassin annécien n'a plus les moyens de se nourrir. Lui est un habitué, mais il découvre aussi les nouvelles personnes dans le besoin depuis un mois. "Il y a des travailleurs, on les appelle les nouveaux pauvres, raconte-t-il. Des gens qui travaillent, qui ont des contrats à mi-temps voire plus, mais qui viennent récupérer de l'alimentaire parce que la vie est tellement dure que quand ils ont payé leur assurance automobile, leur loyer et autre, il ne reste plus beaucoup pour l'alimentaire".
"C'est la catastrophe"
Le Secours populaire existe depuis 50 ans à Annecy. La misère a pris différents visages au fil du temps, mais une telle situation est inédite, selon le fidèle secrétaire général départemental de l'association, Yves Regent. Quatre salariés s'activent ici, sans compter les bénévoles, de plus en plus nombreux, contrairement aux partenaires, de plus en plus absents.
"Ce qui va nous manquer, c'est l'argent, résume Yves Regent. Nous n'avons plus de rentrée d'argent depuis le mois de mars, c'est la catastrophe pour nous. Fin mai, nos caisses sont vides, c'est bien simple. On compte à peu près 9000 à 10 000 euros par semaine sur l'ensemble du département."
Jeusi, le Secours populaire livrera au pays du Mont Blanc et dans le Chablais, à la rencontre des saisonniers largement impactés par une fin de saison précoce. Là aussi, de nouvelles familles ont besoin d'un soutien régulier pour traverser cette crise sanitaire à laquelle s'ajoute une crise alimentaire.