Coronavirus : "il fallait à tout prix éviter la panique" raconte le maire des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie)

Il s'est retrouvé sous les feux de l'actualité, le 8 février dernier, face aux tous premiers cas de Coronavirus dans sa commune. Premiers malades, rumeurs et risque de panique, le maire des Contamines-Montjoie raconte comment il a géré le début d'une crise qui allait s'étendre à l'ensemble du pays.

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C'était il y a deux mois, les Contamines-Montjoie étaient sous le feu de l'actualité, après la révélation de 5 cas de personnes contaminées au Covid-19, localisés dans le village haut-savoyard, les tous premiers cas en France. Très vite, des journalistes du monde entier on débarqué dans ce petit village de 1200 habitants. Beaucoup d'entre eux n'étaient d'ailleurs qu'à quelques kilomètres, aux Houches, pour la Coupe du monde de ski alpin. Deux mois après ce coup de tonnerre dans son village, le maire, Etienne Jacquet revient sur la crise qu'il a dû gérer.
 


Comment avez-appris la nouvelle et quelle a été votre premier sentiment ?

"J'ai été contacté par la préfecture qui m'a indiqué qu'un ressortissant anglais, de retour de Singapour, venait de passer quelques jours dans la station, contaminant cinq autres personnes qui ont tout de suite été prises en charge dans des hôpitaux de Lyon, Grenoble et St-Etienne. J'ai tout de suite compris ce qui allait se passer. Et pour informer et rassurer les gens, nous avons organisé une réunion publique avec le directeur de l'Agence Régionale de Santé et le préfet, pour répondre aux questions et aux inquiétudes de la population. L'idée, c'était d'éviter à tout prix un mouvement de panique et nous y sommes assez bien arrivés, je dois dire ". 
 

 
Avez-vous réalisé l'ampleur que cela pouvait prendre ?

"Oui, et j'ai tout de suite pris les mesures de confinement qui s'imposaient à l'époque, à savoir la fermeture des écoles, pour que l'ARS puisse mener son enquête et retrouver la liste des personnes susceptibles d'avoir été en contact des personnes contaminées (des enfants de malades avaient été en classe dans l'école des Contamines-Montjoie et celle de St-Gervais). Au total, il a fallu diagnostiquer une centaine de personnes le plus vite possible et ça a pris plusieurs jours. J'ai vite réalisé que c'était compliqué et long de diagnostiquer un simple village, alors vous pensez bien qu'à l'échelle nationale, cela allait devenir un vrai casse-tête. Sans parler de l'hospitalisation, les 11 personnes diagnostiquées au village à l'époque ont été hospitalisées dans 3 villes différentes (Lyon, Grenoble et St Etienne), alors j'ai pris conscience de l'ampleur du problème. Mais j'ai fait le choix de ne rien cacher aux gens et de ne pas minimiser le risque sanitaire tout en rassurant la population et je dois avouer que mes administrés ont été formidables sur ce point, ils sont restés calmes et je les en remercie".


Comment avez vous géré l'arrivée massive des médias dans votre commune ?

"C'était d'autant plus compliqué que mes opposants politiques ne m'ont pas facilité la tâche en vue des élections municipales, mais là aussi, j'ai fait le pari de ne rien cacher. Ma hantise, c'était de voir apparaître l'image d'une personne masquée sur les chaînes de télévision, cela aurait pu mal tourner, mais heureusement, il n'y avait pas de masque en pharmacie et la panique a été évitée grâce à cela. Mais j'ai assisté à des scènes incroyables de la part des journalistes anglo-saxons qui sont bien plus agressifs que les Français et que j'ai surpris en train de fouiller discrètement dans les papiers de la mairie".


Avez-vous eu peur pour l'image de votre village vu comme le premier foyer épidémique du pays ?

"À partir du moment où vous dites la vérité et vous laissez les journalistes travailler, il n'y a pas de problème. Quant aux rumeurs, celle de la station qui se vidait et des départs précipités à cause la crise, elle était relativement infondée. Il suffisait de voir les gens skier et vivre normalement pour s'en rendre compte et je faisais d'ailleurs constater aux journalistes qu'ils ne trouvaient pas de quoi se loger tellement la station était remplie. Le plus incroyable, c'est que certains clients ont tenté de négocier les prix en s'imaginant que la station était déserte. Au final, nous avons eu un taux d'annulation de -1 %, autant dire rien".


Aujourd'hui quelle est la situation aux Contamines-Montjoie ?

"Tout allait bien jusqu'aux vacances de Pâques, et j'en veux au gouvernement d'avoir évoqué le déconfinement à la veille de ces vacances. Les gens n'ont entendu que deux mots, déconfinement et vacances, c'est catastrophique d'avoir lâché ces mots ! On a vu une arrivée massive de gens qui n'avaient jamais mis les pieds ici. La semaine dernière, c'était la Côte d'Azur ici. On a vu des familles débarquer en tongs et tee-shirts avec des gamins qui courraient dans les supermarchés alors que les parents faisaient tranquillement leurs courses. Alors il a fallu prendre un arrêté* et faire intervenir les forces de l'ordre mais la situation s'est améliorée aujourd'hui".


*Dans cet arrêté, l'édile interdit l'occupation des logements meublés non affectés à l'habitation principale et non occupés depuis le début du confinement, ainsi que les locations saisonnières afin d'inviter les vacanciers à rester chez eux pendant cette période de confinement.
 
 
 
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