Comme de nombreux secteurs économiques, les commerces d'habillement et de chaussures ont stoppé net leur activité mi-mars en raison du coronavirus. Une commerçante de Samoëns (Haute-Savoie) réclame des aides pour l'ensemble de la profession.
"Tous les médias parlent des restaurateurs et hôteliers mais personne ne parle de nous". Commerçante indépendante, Béatrice Pellissier a l'impression de faire partie des oubliés de la crise du coronavirus. Gérante de deux magasins dans la station de Samoëns (Haute-Savoie), elle décrit une situation critique pour l'ensemble du secteur de l'habillement et de la chaussure.
"Vendre des tongs en hiver sera compliqué"
Tout comme les restaurateurs, les commerçants ont dans leurs réserves "des produits qui sont périssables car ils sont saisonniers". "Quand on s'est arrêtés mi-mars on mettait des après-skis et des bottes fourrées dans les vitrines", explique Béatrice Pellissier. Autant de produits qui n'ont pas pu être écoulés durant la saison d'hiver avortée.De même pour les chaussures et les vêtements de mi-saison, dont les ventes risquent d'être limitées alors que le printemps est déjà bien avancé. "Nous commandons notre stock 6 mois à l'avance donc comment prévoir le virus et son évolution? Vendre des tongs l'hiver sera compliqué", ironise la commerçante.
"On a des stocks très importants, qui représentent de grosses sommes", ajoute-t-elle. "Le stock d'un magasin d'habillement c'est 200.000 euros", soit 400.000 euros pour ses deux magasins.
Situés au cœur d'une station de montagne, ses commerces risquent en plus de subir une double peine avec le départ des touristes. "On a déjà perdu deux mois et on sait qu'on ne pourra pas compter sur les touristes à la réouverture. On table sur une chute de 70% de notre chiffre d'affaire", estime Béatrice Pellissier.
"Les indépendants ne sont aidés par personne"
Selon la commerçante, la situation est "vraiment critique pour tous ces indépendants qui font la vie des villages et des villes et qui vont disparaître car ils ne sont aidés par personne". En cette période de confinement, les commerçants bénéficient du chômage partiel et du report de leurs crédits mais ils continuent d'assumer leurs charges. Béatrice Pellissier souhaiterait que les charges fixes soient annulées, comme c'est le cas pour les restaurateurs.
Autre motif d'inquiétude : les soldes d'été, prévues à partir du 24 juin. "Ca va être compliqué pour nous, les indépendants, car les soldes sont faites pour écouler le stock qu'on n'a pas réussi à vendre durant la saison. On ne gagne pas de sous avec les soldes", s'inquiète Béatrice Pellissier.
Suite à la demande des fédérations de commerçants, le ministre de l'Economie Bruno le Maire s'est dit ouvert à un décalage des soldes "soit au début du mois de juillet, soit si certains le souhaitent, reporter encore plus tard, après l’été".
Malgré tout, la commerçante se prépare à rouvrir dès la levée du confinement le 11 mai. "On est content de reprendre le travail, les employés aussi", sourit Béatrice Pellissier. Dans ses deux magasins, des mesures particulières vont être mises en œuvre pour respecter les consignes sanitaires : distribution de gel hydroalcoolique, port du masque obligatoire et limitation du nombre de clients.