Coronavirus : "Sauvons nos commerces" pendant le confinement, une plateforme efficace pour aider les plus "petits"

Démarrée il y a quelques semaines, mise au point par un couple et totalement gratuite, la plateforme "Sauvons nos commerces" pendant le confinement compte de plus en plus de bénéficiaires dans la région Auvergne Rhône-Alpes.

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Depuis quelques semaines La plateforme "Sauvons nos commerces" est devenu un coup de pouce salvateur aux petits commerces des départements du Rhône et de la Loire.

Cette plateforme a été mise au point par un couple et elle est totalement gratuite. Depuis la plateforme "Sauvons nos commerces" compte de plus en plus de bénéficiaires dans la région Auvergne Rhône-Alpes.

Depuis six semaines, Carma Romeyer vaque à ses obligations parentales entre les leçons, les repas, et son chien qu'elle prend le temps de chouchouter, la brosse à la main. Six semaines qu'elle ne vend plus un seul vêtement, qu'elle ne voit plus un client.

Dans la petite rue de Montbrison (Loire) où est installée sa boutique d'une centaine de mètres carrés, toute en longueur, les trois cabines d'essayage chôment à 100 %. Pourtant, une petite lueur d'espoir brille depuis une quinzaine de jours dans l’œil de Carma.
Grâce à l'initiative de la plateforme "Sauvons nos commerces", elle peut être soutenue par des clientes habituées, d'autres qui veulent aider des commerçants qu'ils ne connaissent pas mais qui sont en "bas de chez eux".
Inscrite le 6 avril, parmi les premiers du réseau, elle a bénéficié d'un engouement.

"J'ai reçu, avec les bons d'achats, des mots de solidarité qui font un bien de malade!" raconte cette commerçante de la Loire.

Confrontée à des charges (loyer, eau, électricité, téléphonie) de l'ordre de 1 200 euros par mois, elle est parvenue à récolter un bon quart de son chiffre d'affaires mensuel. "De quoi sauver la mise". Surtout que son commerce datant de moins d'un an, la boutique est ouverte depuis le 12 avril, Carma voyait le prêt à taux zéro de la BPI accordé non pas sur le chiffre d'affaires de l'année précédente mais sur la masse salariale, autrement dit sur 0...
 

"Limiter la casse, mais c'est déjà ça"


A Lyon, en rive droite des quais de Saône, la boutique de fringues d'occasion vintage de Johana Rolle a embauché deux salariées pour la vente en magasin et le site de vente par internet.
En deux semaines, les bons d'achat ont permis de redonner de timides couleurs à la trésorerie.
Presque un millier d'euros ont été apportés sous forme d'achats à venir.
Pour montrer les articles susceptibles de retenir l'attention des acheteurs, des passionnés ou des amoureux de sapes des années 60, 70 et 80, Johana publie des photos. "Ce sont des vêtements qu'ils pourront retrouver après le déconfinement, et si c'est un coup de coeur, rien ne m'empêche de le mettre de côté. Pour nous comme pour eux, c'est juste une question de patience", dit dans un sourire la gérante.

 

Un sentiment partagé par Béatrice Giraud, libraire de la rue Duguesclin, en plein quartier des Brotteaux à Lyon. Elle a repris le commerce il y a un an-et-demi et tente de limiter la casse en vendant par avance des romans à ses clients réguliers, ceux qui consomment des bouquins. Des gens qui lui disent en substance, "nous vous soutenons tout en ne modifiant pas nos habitudes car de toutes les manières, nous achetons des livres."

Les soutiens apportent 20, 50 ou parfois 100 euros. Mais ils sont trop peu nombreux pour que cela permette de vivre. "Disons que ces bons constituent un peu de trésorerie qui rassure. Mais ça ne suffit pas pour amortir les charges, de l'ordre de 1 000 euros par mois", confie la libraire, ancienne assistante commerciale dans l'industrie.  Ajoutés aux aides de l'Etat de 1 500 euros, et à celles de la Métropole lyonnaise, 1 000  euros pour mars et autant pour avril, c'est peu mais mieux que rien.
 

"Payer les petits fournisseurs qui n'ont pas les reins solides"


De l'autre côté du Rhône, Frédéric Fass, gérant d'un restaurant de 90 couverts, n'y va pas par quatre chemins, pour lui "Sauvons nos commerces" est la plateforme qui fonctionne le mieux.
Et elle est gratuite, ce qui n'est pas le cas de toutes. En un mois, le restaurateur a "capté" 3 500 euros sous forme de bons achetés par des clients, la plupart connus, qui pourront les utiliser "en une seule fois."

"Ça rassure le banquier", reconnaît le chef, de quoi permettre de payer les petits fournisseurs, chez qui Frédéric se pourvoie en produits frais, pour rester dans le cadre de sa marque de fabrique, une maison estampillée "Maître restaurateur". Autant il est possible de demander un report au fournisseur de boissons à qui on doit quelques milliers d'euros, autant "il faut soutenir à notre tour ceux qui cultivent et ne peuvent se permettre d'avoir des ardoises à droite et à gauche."

En attendant, les charges courent. Pour ce restaurant, elles représentent 5 000 euros par trimestre. Des charges incompressibles malgré les annonces du gouvernement. C'est dire que le coup de massue du 17 mars dernier est toujours en travers de la gorge. Même si la décision est bien compréhensible. Compréhensible mais amère.

 
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