Martin Fourcade n'est plus au sommet de son art mais la France, aux résultats globaux impressionnants depuis le début de la saison, espère voir déferler une vague bleue sur le Grand-Bornand où la Coupe du monde de biathlon fait étape de jeudi à dimanche.
Au Grand-Bornand, on espère une vague bleue. Les très bons résultats des Français depuis le début de la saison laissent augurer le meilleur lors de la Coupe du monde de biathlon, qui fait escale dans la commune de Haute-Savoie du 19 au 22 décembre.
Avec cinq podiums pour les hommes, deux pour les dames et deux victoires (Martin Fourcade et Justine Braisaz), les Tricolores ont démarré l'hiver en fanfare et sont particulièrement attendus à domicile. Près de 60 000 spectateurs sont attendus sur les quatre jours de compétition, signe de l'incroyable engouement pour la discipline boosté par les performances des Français.
La relève de Fourcade
Le public viendra forcément encourager Martin Fourcade, l'homme aux sept globes de cristal. Mais le Catalan, qui a connu une baisse de régime l'an dernier et tente tant bien que mal de se relancer, est presque devenu un biathlète comme les autres.
Les fans seront peut-être amenés à reporter leurs encouragements sur ses coéquipiers, longtemps tapis dans l'ombre de leur leader. Car à mesure que le quintuple champion olympique décline, les autres Bleus semblent s'émanciper. Evoluer à la maison pourrait amplifier le phénomène.
"On n'a jamais vu une densité pareille. Il y a une super dynamique extra dans l'équipe, ça nous tire vers le haut. Cela nous tient à coeur d'être performant ici, il y un public que l'on n'a pas ailleurs avec une ambiance extra", a analysé Simon Desthieux, troisième au classement général et premier Français avec deux 2e places à Ostersund (individuel) et à Hochfilzen (sprint).
Les Français, adversaires et coéquipiers
Fourcade, qui sort d'un week-end compliqué à Hochfilzen (10e du sprint et de la poursuite) après une belle entame à Ostersund, a lui aussi envie de "profiter de l'évènement pour rectifier le tir". "La première fois, cette étape avait été dure à gérer, j'avais trouvé ça oppressant, a-t-il indiqué. J'avais réussi à crever cet abcès en 2017 (succès sur la mass start, ndlr) et aujourd'hui j'ai envie de ne pas avoir les effets négatifs d'une attention qui est bien plus forte qu'ailleurs."
"Cela fait du bien de sentir que la tension n'est pas uniquement focalisée sur moi aussi, a-t-il ajouté. Ce qui s'est passé l'an dernier a créé des vocations chez mes coéquipiers et libéré des consciences chez certains. Mes adversaires sont certes les Norvégiens, mais ce sont aussi les Français et ça aura son importance pour le classement général. A moi d'être encore meilleur mais j'ai démontré à Ostersund que j'avais encore l'envie d'être devant. La saison dernière m'a fait mal mais j'ai retrouvé des sensations."
Boe, comme à la maison
Reste à dompter l'épouvantail Johannes Boe. Tenant de la Coupe du monde et solide leader du classement général avec trois victoires en quatre courses, le Norvégien de 26 ans est lui aussi comme chez lui au Grand-Bornand, où il a remporté quatre épreuves sur cinq (deux en 2013, deux en 2017). Son plus mauvais résultat étant une 2e place en 2017 sur la mass start.
Boe sera d'autant plus motivé que le Grand-Bornand devrait être sa dernière halte avant une pause au mois de janvier en prévision de la naissance de son premier enfant. Le Norvégien, qui pourrait manquer trois étapes (Oberhof, Ruhpolding, Pokljuka), a d'ailleurs déjà tiré un trait sur le gain du gros globe de cristal. "Avec six courses en janvier, ce n'est pas possible de gagner la Coupe du monde, aucune chance", a-t-il affirmé. Aux Bleus de savoir s'engouffrer dans la brèche.
Des espoirs aussi chez les dames
Chez les dames, le Grand-Bornand évoquera des souvenirs particuliers pour Justine Braisaz, qui y avait glané en 2017 son premier succès sur le circuit. La biathlète de 23 ans, souvent habituée aux montagnes russes, a récidivé cette saison à Ostersund en individuel, et pointe à la sixième place du classement général. Sur la même course, sa compatriote Julia Simon (cinquième du classement), était montée sur la troisième marche du podium.
Les Françaises devront cependant faire avec la concurrence féroce de l'Italienne Dorothea Wierer, N.1 mondiale l'hiver dernier et déjà au sommet avec 2 victoires. Il faudra également se méfier de la colonie norvégienne (Tandrevold, Roeiseland, Eckhoff) et de la Suédoise Hanna Oeberg.