La descente de Zermatt-Cervinia prévue ce dimanche a été annulée, comme cela avait déjà été le cas la veille, en raison du mauvais temps. Cette étape contestée de la Coupe du monde de ski alpin n'a encore jamais pu se tenir.
Week-end blanc à Zermatt-Cervinia. La seconde descente hommes prévue dimanche 12 novembre a été annulée, comme la première samedi, en raison des conditions météorologiques. Le début de la saison masculine de ski alpin est ainsi repoussé à début décembre.
"Malheureusement, les raisons de l'annulation du jour sont les mêmes qu'hier. Les chutes de neige constantes et abondantes ainsi que le vent empêchent la course de se tenir", a expliqué sur X (anciennement Twitter) la Fédération internationale de ski (FIS), après avoir annoncé la décision au petit matin.
⚠️ Unfortunately, the reasons for today's cancellation are the same as yesterday.
— FIS Alpine (@fisalpine) November 12, 2023
❄️ The constant heavy snowfall and wind prevented today's race from taking place.
The second World Cup Men's Downhill in Zermatt/Cervinia has been cancelled.#fisalpine pic.twitter.com/uZvmQjzgkU
Les interrogations, remarques et contestations ont fusé autour de cette épreuve sur le glacier de Zermatt-Cervinia, aussi bien de la part du milieu scientifiques que d'ONG et de champions de la discipline. Tous mettent en avant la nécessaire adaptation du circuit mondial au changement climatique.
Des champions sceptiques
"Organiser des courses à cette époque en Europe est toujours très aléatoire. Tous les athlètes le savent. On a rien contre cette nouvelle épreuve, mais on n'est pas dans une cohérence stratégique. Ni en termes de calendrier, ni en terme d'image que l'on donne de notre sport", estimait notamment Laurent Chrétien, le responsable presse de l'équipe de France de ski.
Malgré ses nouvelles ambitions en descente, Alexis Pinturault, vainqueur du gros globe de cristal en 2021, avait pour sa part décidé de ne pas participer à l'étape suisso-italienne. Le skieur de Courchevel a ainsi préféré s'entraîner aux Etats-Unis en prévision des prochains rendez-vous de Coupe du monde.
"Notre sport fait partie des plus touchés par le réchauffement climatique et, au lieu de changer notre système, de s'adapter, on fait tout le contraire... Cette compétition surtout à ce moment-là de l'année, n'a pas de sens. L'épreuve n'est pas dans l'air du temps. Ça choque tout le monde", déclarait-il à nos confrères suisses de 20 minutes.
Six annulations pour autant de tentatives
L'étape suisso-italienne de Zermatt-Cervinia, qui n'a encore jamais pu se tenir, voit sa viabilité remise en question après avoir été annoncée début 2022 pour créer une "ouverture de la saison de vitesse". Cette descente de la Gran Becca s'élance d'un glacier suisse à près de 3 800 mètres d'altitude pour s'achever dans le Val d'Aoste italien, à 2 865 mètres.
Elle a connu six renoncements pour autant de tentatives, les descentes hommes et femmes ayant déjà été annulées l'an dernier en raison du manque de neige. Si la première étape transfrontalière du circuit mondial a été repoussée de deux semaines cette année pour s'adapter aux automnes de plus en plus chauds, le retour des flocons et le grand vent ont une nouvelle fois contraint les organisateurs à l'annulation.
Interrogé samedi par le quotidien suisse Le Temps, le patron de la FIS John Eliasch a assuré croire au "bel avenir" de Zermatt-Cervinia, qui "donnera lieu à des courses mémorables" avec vue sur le mythique Cervin. Il a toutefois concédé qu'il faudrait "encore repousser davantage à l'avenir" le début de la Coupe du monde pour "commencer quand les conditions s'y prêtent, qu'il y a une probabilité suffisante d'avoir de la neige et qu'on peut poursuivre la saison sans trêve".
Décaler la compétition ?
Certains skieurs suggèrent depuis des années un décalage du calendrier des compétitions vers le printemps en raison du réchauffement climatique. La FIS estime de son côté que le public est plus intéressé par le ski à l'automne, audience qui stimule du même coup les ventes de matériel avant Noël.
L'étape de Zermatt-Cervinia pose également la question des courses sur glacier qui nécessitent des travaux pour boucher les crevasses, de plus en plus mal perçus en pleine crise climatique. Les images dévoilées par 20 minutes de pelleteuses grattant le glacier du Théodule pour préparer la Gran Becca ont provoqué une levée de boucliers.
Un recours a notamment été déposé par des associations écologistes auprès des autorités cantonales du Valais. La justice a depuis confirmé que ces opérations s'étaient en partie déroulées hors du domaine skiable autorisé, condamnant les organisateurs à une amende.