Ski alpin : conspuée par les scientifiques et contestée par les champions, l'ouverture de la Coupe du monde dans la tempête

Sale temps pour la manche de la Coupe du monde de ski qui devait entrer dans l'histoire comme la première course transfrontalière, avec un départ de Zermatt en Suisse, et une arrivée à Cervinia en Italie. Après son tracé, contesté par la justice, une pétition d'athlètes et les déclarations fracassantes de champions comme le Savoyard Alexis Pinturault, la course pourrait bien être annulée en raison de la météo.

"Sur les 20 entrainements prévus depuis que l'on est arrivés, seuls trois ont pu avoir lieu normalement. C'est le risque en automne !" Du haut du glacier de Zermatt-Cervinia où devraient se dérouler les courses masculines samedi 11 et dimanche 12 novembre, Laurent Chrétien, le responsable presse de l'équipe de France de ski voit chaque jour sous ses yeux se matérialiser les craintes émises par sa fédération quant au calendrier de la Coupe du monde de ski 2023/2024 : "Organiser des courses à cette époque en Europe est toujours très aléatoire. Tous les athlètes le savent. On n'a rien contre cette nouvelle épreuve, mais on est pas dans une cohérence stratégique. Ni en terme de calendrier, ni en terme d'image que l'on donne de notre sport".

8 français sur la ligne de départ... Moins 1

Sur les 8 athlètes français sélectionnés pour s'élancer ce week-end du la piste de la "Gran Becca", un manque à l'appel. Et pas des moindres ! Alexis Pinturault, en personne. 

Malgré ses nouvelles ambitions en descente, le champion de Courchevel, vainqueur du gros globe de cristal en 2021 a délibérément choisi de ne pas participer à l'ouverture de la Coupe du monde à Zermatt-Cervinia. Ce qui n'a pas surpris grand monde si l'on en juge par ses récentes déclarations à nos confrères de la presse suisse

 

Notre sport fait partie des plus touchés par le réchauffement climatique et, au lieu de changer notre système, de s’adapter, on fait tout le contraire... Cette compétition, surtout à ce moment-là de l’année, n’a pas de sens. L’épreuve n’est pas dans l’air du temps. Ça choque tout le monde.

Alexis Pinturault, vainqueur du classement général coupe du monde 2021

20minutes.ch

"Sa décision était prise depuis le mois de juin", explique encore Laurent Chrétien. D'après lui, ce sont également des raisons sportives qui ont motivé le choix d'Alexis Pinturault : "A la différence de coureurs n'étant pas assurés d'atteindre les fameux 500 points, son statut lui permet de manquer les deux premières courses de la saison de descente sans avoir à craindre de partir dans les courses suivantes, avec un numéro de dossard élevé."

Plutôt que le rendez-vous italo-suisse, le skieur de Courchevel a donc préféré partir s'entrainer aux Etats-Unis en prévision des prochains rendez-vous de Coupe du monde. Et sur une neige bonne à skier en automne. Une façon, pour le champion français, de joindre l'utile - ses performances sportives - au contestable - la dénonciation d'une compétition placée au mauvais moment et au mauvais endroit, selon lui.

Quoiqu'il en soit, les déclarations d'Alexis Pinturault remettent au centre du débat la question du décalage du calendrier des compétitions établi par la FIS (Fédération internationale de ski) par rapport à un changement climatique que plus personne ne peut nier ces derniers hivers. Un questionnement partagé par d'autres champions. Mikaëlla Shiffrin par exemple. L'Américaine, double championne olympique et septuple championne du monde, a récemment affirmé son opposition aux manches de Coupe du monde en octobre et novembre, sans toutefois jamais manquer de se présenter au portillon de départ.

Des pelleteuses sur un glacier

Un portillon de départ de la première course transfrontalière de l'histoire du ski, qui a d'ailleurs, bien failli resté fermé par décision de justice. A la suite d'un recours auprès des autorités cantonales du Valais déposé par des associations écologistes, les organisateurs devraient recevoir une amende à payer des plus conséquentes. La Radio Télévision Suisse RTS, l'a estimée aux alentours de 100.000 francs suisses.

Ce qu'on leur reproche : "L'emprise de la piste damée en vue de la Coupe du monde empiète sur plusieurs mètres hors du domaine skiable". Les organisateurs auront beau répliquer que le bon déroulement de la compétition n'est pas remis en cause, l'image qui restera dans l'histoire de cette première édition, c'est celle des pelleteuses qui grattent un glacier, déjà mis en souffrance par le réchauffement climatique.

Une image qui ne pouvait manquer de provoquer une levée de bouclier des milieux scientifiques suisses mais aussi italiens. Le comité de glaciologie italien s'unissant à son homologue helvète pour dénoncer la destruction d'un glacier et de son éco-système.

"Les glaciers doivent être protégés, et non pas sacrifiés aux exigences mercantiles d'un évènement éphémère", a même appuyé le président du comité, qui est également professeur de géographie à l'université Bicocca de Milan. 

Un évènement d'autant plus éphèmère si, comme les services météorologiques semblent l'annoncer, la petite fenêtre d'accalmie météorologique prévue ce samedi 11 novembre, pour le départ de la descente, se refermait plus rapidement que prévu... Et peut-être définitivement ? 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité